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MANGIN@MARRAKECH
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27 mars 2010

FRERE CHRISTOPHE : L'ANNÉE DERNIÈRE...

LE FRÈRE CHRISTOPHE, IL Y A JUSTE UN AN, QUITTAIT CE MONDE

C'ÉTAIT LE 28 MARS 2009 AU SEIN DE LA FRATERNITÉ FRANCISCAINE DE NANTES

BEAUCOUP SE SOUVIENDRONT DE LUI EN CE DIMANCHE DES RAMEAUX 2010

JEAN-PAUL BERNIÉ QUI L'A CONNU ET APPRÉCIÉ COMME AUMÔNIER DE LYCÉE À MARRAKECH TÉMOIGNE DE SA PRÉSENCE AUX AUTRES ET A RETRACÉ POUR NOUS UNE BIOGRAPHIE BRÊVE MAIS COMPLÈTE EN SE DOCUMENTANT AUPRÈS DES FRANCISCAINS DE TOULOUSE. MERCI JEAN-PAUL DE NOUS FAIRE PARTAGER TON TÉMOIGNAGE ET TES RECHERCHES.

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Frère Christophe lors de son dernier Moussem avec les marrakchis en juin 2008. On remarquera sur sa poitrine le Tau ( dernière lettre de l'alphabet hébraïque) adopté par les franciscains, ainsi que le badge "Salam Marrakech" voir :  TAU

TÉMOIGNAGE

Les lecteurs de « Mangin@Marrakech » ont déjà vu « passer » la figure du Frère Christophe, décédé le 28 Mars 2009, qui exerça son ministère à la paroisse des Saint-Martyrs de 1958 à 1962, tout en étant pendant cette durée aumônier du Lycée Mangin.
Ancien élève du Lycée, c’est à travers ce rôle d’aumônier que je voudrais, un an après sa mort, rappeler la manière dont sa présence nous a marqués –durablement en ce qui me concerne. Pour tous, la trajectoire de cet aumônier-éveilleur se révèlera en cohérence entière avec l’engagement spirituel et humain qui forme la trame de toute sa vie.
A Mangin, les séances d’aumônerie avec lui étaient marquées par une atmosphère de silence calme, qui s’établissait spontanément du fait de sa seule présence, dès qu’il posait son regard sur nous et dès ses premières paroles : chacun se sentait impliqué dans un chemin qui le grandissait. Ces séances se partageaient entre des moments d’instruction religieuse sans rien de platement moralisateur, et des moments d’éducation humaine : nous passions de la lecture de passages de la Bible, de l’écoute de Psaumes chantés, à celle de passages de romans d’adolescence « profanes » où se trouvaient posés tous les problèmes qui nous travaillaient entre 14 et 17 ans.
                                L’atmosphère de confiance qu’il faisait régner entraînait des discussions …auto-limitées par la mixité des groupes : nous étions encore loin de la « libération » des années 60 ! Mais un jour, après une séance, alors qu’il regagnait sa « Coccinelle » Volkswagen, il vit un groupe de garçons se précipiter vers lui et le retenir presqu’une heure sur le trottoir avec les questions qu’ils n’osaient poser nulle part ailleurs. Il faisait face avec le sourire et la tranquillité de celui qui peut à la fois écouter et éclairer les choix et les chemins. Confiance ET distance : jamais Frère Christophe ne joua au copain. C’est justement parce que, tout en se montrant pleinement notre prochain, il parlait depuis un autre lieu que notre quotidien, qu’il pouvait no us aider à lever la tête au dessus de nos marasmes adolescents. Lorsque nous choisissions de nous confesser avec lui, la pénitence n’était jamais la récitation rituelle de « trois Pater et trois Ave », mais : « Vous ferez l’aumône à un pauvre »… La première fois, ce « Vous » et cette pénitence inouïe étaient reçus comme un choc, les fois suivantes comme un appel d’air… 48 ans après, l’appel n’a pas fini de retentir.

Il était probablement l’écho de celui qui le travaillait intimement et qui devait l’amener et le ramener, obstinément, lui, Franciscain, auprès des pauvres, dans ce Maroc qu’il avait adopté. Donc, retour sur le « fil rouge » de sa trajectoire.

UNE VIE DE FRÈRE
Frère Christophe, Louis-Marie Leclerc, est né à Landerneau (Finistère) le 15 août 1922, dans une famille nombreuse comptant plusieurs religieux et religieuses, dont un autre franciscain connu, Frère Eloi Leclerc. Cette famille est celle de la chaîne Leclerc, et l’on sait que la motivation initiale des inventeurs de la grande distribution n’était pas totalement étrangère au souci des défavorisés.

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Frère CHRISTOPHE, 24 MARS 1940.
Dès l'enfance il désirait être religieux et entra au petit séminaire franciscain de Fontenay-Sous-Bois, où il fit ses études secondaires, de 1932 à 1939, puis très tôt au Noviciat franciscain d'Amiens en octobre 1939. Comme toute cette promotion, il dût achever son noviciat à Quimper, en raison de l'avancée des troupes allemandes, après un exode assez mouvementé. Il fit sa « profession » à Quimper le 17 décembre 1940. Puis commença ses études cléricales au scolasticat de Carrières-sous-Poissy, à « Champfleury ».
La guerre le vit fidèle à ses choix d’existence fondamentaux. En 1943 il fut requis pour le Service obligatoire du Travail avec d'autres étudiants en théologie et travailla comme caleur de wagons à la Gare de triage d'Achères. Envoyé en Allemagne avec une douzaine de frères franciscains, il continua ce travail à Cologne, y participant à l'Action catholique clandestine auprès des travailleurs français. Avec eux, il fut, pour ce motif, arrêté par la Gestapo et condamné aux travaux forcés dans le camp de Buchenwald, puis en d'autres lieux, (pour lui, à Flossembourg). Quatre de ses compagnons franciscains y moururent tragiquement, en témoins du Christ. Frère Christophe y resta du 13 Juillet 1944 au 20 Mai 1945, date de son retour à Champfleury, où il termina ses études de théologie, et où il fut ordonné diacre le 2 juillet 1947.
L’appel des pauvres n’avait rien perdu de son urgence. Dès son ordination il partit pour le Maroc où il avait demandé d'être missionnaire : « pour une présence active, priante et aimante en milieu marocain déshérité… » 

Ordonné prêtre à Rabat le 28 juin 1948, il  fut affecté dans plusieurs paroisses de 1949 à 1962,  à Oran, Casablanca, puis …Marrakech.

 

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Frère CHRISTOPHE, initiateur de CHANTALOUETTE (Photo Nicole Caillens)

La vie paroissiale ne correspondait cependant pas pleinement à toutes ses exigences. En 1962, il prit la responsabilité de l'ermitage de Tazert. Là il fut très heureux de pouvoir vivre, au milieu des pauvres, dans la solitude, la prière et le service des malades, dans le sillage du P. Charles-André Poissonnier, autre marrakchi d’adoption, qui peu avant sa mort en 1938, écrivait : « C’est au nom de tous ceux qui m’entourent que je prie, que j’adore. Devenu en quelque sorte marocain par mon incorporation à ce peuple auquel je vis très mêlé, et par ailleurs devenu membre du Christ par ma foi, j’ai l’impression qu’en moi le Christ s’est fait marocain, aime à prier lui-même pour ses frères marocains » (Lettre à des scouts de Metz). C’est pour vivre plus pleinement encore ce mouvement qu’il se présenta en 1969 comme instituteur dans un douar où il mena une vie pauvre, au sein de la population marocaine, puis, après avoir passé un certificat d’arabe classique, comme professeur de mathématiques au collège Ibn El Hadj de Sidi  Rahah où il enseigna jusqu’en 1976, dans un milieu défavorisé où on lui fit, presque contre son gré, une réputation de marabout chrétien et de toubib.

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En 1976, il fut chargé d'organiser, en France, la maison de retraite pour les anciens Franciscains du Maroc, à Célony, dans la banlieue d'Aix-en-Provence. II y fut responsable de la communauté, de 1976 à 1982, après quoi il retourna au Maroc pour y reprendre son ministère, durant 10 ans.
En 1992, il rentra définitivement en France, comme gardien de Célony, où il demeura après ce dernier mandat, jusqu'en 2008, déjà miné par le cancer. Il passa quelques mois chez les Franciscains de Toulouse. Selon le Frère Hugues Ferrier, archiviste de cette communauté, il ne quittait guère sa chambre.

Sa santé exigeant désormais des soins constants, il fut transféré au couvent de Nantes où il fut soigné avec un grand dévouement par les frères, les sœurs et le personnel de la maison. Il y est décédé quelques semaines après son arrivée, le 28 mars 2009.

Que « notre » Mangin reste le plus longtemps possible habité par cette présence !

© - Jean-Paul Bernié

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VOUS Y TROUVEREZ D'AUTRES PHOTOS ET DES POÈMES.

MERCI DE PARTAGER VOS SOUVENIRS DU FRÈRE CHRISTOPHE DANS LES COMMENTAIRES

Ce 28 mars 2010, dimanche des Rameaux commencent les fêtes juives de PESSAH. Elles commémorent une libération: la sortie d'Egypte avec Moïse - Moshe. Les fêtes chrétiennes de PÂQUES célèbrent la libération de l'emprise de la mort sur les humains avec JÉSUS; elles se tiendront cette année aux mêmes dates. Pessah 5770 sera fêté du soir du 28 mars au soir du 6 avril, tandis que la Semaine Sainte commencée pour les Rameaux se prolongera par le repas du Jeudi Saint, la Crucifixion du vendredi et la Bonne nouvelle de la Résurrection du CHRIST le dimanche 4 avril. Les musulmans ont un Haddith qui parle aussi de la sortie d'Egypte à l'occasion de l'ACHOURA fêtée il y a trois mois. La rencontre des musulmans de France aura lieu du 2 au 5 avril au Bourget. Souhaitons de bonnes fêtes à tous.


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Commentaires
M
tu te souviens bien ...la soeur de Nicole Caillens a rendu bien souvent visite au frère Christophe et lui a apporté un grand réconfort moral au cours de ses derniers jours.<br /> Ainsi il aura quitté ce monde avec une représentante de nous tous et le souvenir de Marrakech.<br /> Puisse-t-il maintenant reposer en paix .<br /> Merci à JPaul Bernié pour cet hommage et les photos
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F
et non père pardon! je voulais dire que la soeur de Nicole Caillens avait également bien veillé sur lui si je me souviens bien et allait le voir souvent.<br /> amitiés<br /> Francine
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F
merci à Jean Paul Bernié d'avoir fait cet hommage à ce père que je n'ai pas connu, mais sur la photo du Moussem d'Avignon, "sa présence" avait attiré mon attention et je ne peux qu'aujourd'hui<br /> souhaiter qu'il repose en paix après une vie si remplie.<br /> Amitiés à tous<br /> Francine
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