PIERRE GRÉBERT PHOTOGRAPHIE MARRAKECH DE 1911 À 1917
PIERRE GRÉBERT, PHOTOGRAPHE
Pierre Grébert est devenu photographe professionnel après avoir été Adjudant dans l'armée. Arrivé peu avant 1907 à Casablanca, il commence par réaliser plusieurs séries : "Campagne du Maroc (1907-1909)", de même que "La colonne de Fez (1911-1912)". Il a pour raison sociale P. Grébert phot, Casablanca. Deux séries de lui sur Marrakech sont peu connues. L'une est numérotée, il y met en valeur la victoire du Colonel Mangin sur les troupes du prétendant El Heiba (1912). L'autre série ne porte pas de numéros. Il a édité aussi une importante série de cartes postales de villes et monuments marocains, à partir de ses propres photographies sous le titre "Le Maroc pittoresque", plusieurs d'entre elles concernent Marrakech. Grâce à Bazooka Joe et Jean-Marc Berger nous pouvons les partager avec les Marrakch'amis. Roger Beau nous a trouvé d'autres cartes postales de ses collections qui complètent en partie ces séries.
© cet article sur Pierre Grébert réalisé par Michel de Mondenard est original; il présente Marrakech non pas à partir des sites de la ville, mais en étudiant le travail d'un photographe, sa technique, ses cadrages, les choix de ses thèmes au regard de son époque. Le texte ne peut être emprunté sans l'autorisation de l'auteur avec la mention Mangin@Marrakech 21 janvier 2011.
La colonne de Fez
Pierre Grebert affrontait la concurrence d'autres photographes, il commence par le métier de reporter-photographe des opérations militaires. Les photographes Bossuge, Limanton, Guambini, Franco et d'autres s'installent à Casablanca à la même époque. Pierre Grébert est présent lors de la progression de la Colonne de Fez qui va aboutir au Protectorat à la demande du Sultan Moulay Al Hafid. Ci dessous la photo historique des ministres du Sultan en résidence à Fez venus à la rencontre du Général Moinier.
Le Journaliste Christian Houel du quotidien Le Matin connaissait Pierre Grébert avant qu'il ne le retrouve au Maroc. Il relate dans quelles circonstances il l'avait rencontré sur un navire hôpital.
"Je contractai à Pékin la fièvre typhoïde, je me laissai rapatrier, déçu de ce grand voyage inutile. Ce fut (..) sur « La Nive », alors bateau hôpital, que je m'embarquai; j'eus à bord, comme voisin de lit, blessé d'une balle à la jambe, l'adjudant Grébert. Le monde n'est pas assez vaste pour que les errants de l'aventure ne se rencontrent pas aux bifurcations de leurs chemins. Nous nous sommes retrouvés, sept ans plus tard, Grébert et moi, dans la Chaouïa, lui, parmi les troupiers de d'Amade, moi, sous mon déguisement d'Arabe. Et « La Nive » qui nous avait ramenés tous deux de l'autre bout du monde, échouait à son tour sur les mêmes côtes marocaines. Grébert, installé peu après photographe à Casablanca, devait devenir l’un de ces magnifiques colons qui, les premiers ont défriché, labouré, ensemencé cette terre, planté des arbres, bâti sur elle, fait de son désert un paradis."
Les séries de cartes de Grébert qui intéresseront le plus les marrakchis sont celles de Marrakech prise en fin d'année 1912. Pierre Grébert les a réparties en deux groupes dont l'un est numéroté. Merci à Jean-Marc Berger et Bazooka Joé d'avoir conservé ces cartes dans leurs collections et de nous les faire partager.
SÉRIE NUMÉROTÉE DE MARRAKECH EN 1912
Nous disposons de quelques numéros de cette série et sommes intéressés par ceux que nous ne connaissons pas. Actuellement les images de cette série correspondent aux numéros, 15, 26, 27, 29, 30, 31, 36.
t;rgb(153, 51, 0)">cliquer sur les photos pour les agrandir.
N°15 Etendard d'El Hiba enlevé par les Spahis; N°36 Le Colonel Mangin sortant de Marrakech,
Pierre Grébert met en valeur les tentes et les campements sur plusieurs de ses cartes postales. Probablement parce que ses premiers clients appartiennent à l'armée. Il utilise un appareil à chambre monté sur trépied. Son objectif est à environ 1,80 m du sol. Les photographes ne peuvent pas mettre directement le titre de la photo sur le cliché. Parfois le photographe ne se souvient plus où il a pris sa photo s'il ne l'a pas noté. On remarquera par exemple une permutation des titres des photos N° 27 et 30 ci-dessous.
N° 26 Cuisines des Sénégalais
N°27 Le camp de l'Infanterie coloniale dans les oliviers de la Menara.
N°29 Le marché au Camp du Guilis (sic)
N°30 Une allée d'oliviers au camp de la Ménara (à rapprocher de la carte N°27)
N°31 Les arcades dans la cour de l'hôpital militaire
La série non numérotée s'intéresse moins à l'armée qu'aux sites de Marrakech
Nous ne disposons que de trois cartes postales non numérotées. Les sites photographiés par Grébert ont été peu traités par les autres photographes. Pierre Grébert se distingue en évitant de prendre les mêmes sites que ses concurrents.
Les Arcades dans la cour de l'Hôpital militaire
Le Pont et l'Oasis
LA SÉRIE "LE MAROC PITTORESQUE"
Grébert n'est pas le seul à donner ce titre à une série de cartes postales.
La série Le Maroc Pittoresque de Grébert est aussi une série numérotée ancienne, certaines cartes sont oblitérées avec des cachets de 1911. Les prises de vues de Grébert laissent souvent un espace vide avant le premier plan. Les personnages susceptibles de bouger restent à bonne distance. Les vues sont prises à hauteur des yeux et non en surplomb à plus de deux mètres du sol comme le pratiquait Maillet dès 1902. Nous disposons de la presque totalité des quinze premières cartes numérotées de cette série, seule la carte N°9 nous manque. Pierre Grébert nous présente des vues différentes de celles prises par les autres photographes et notamment Maillet. Une autre particularité de Pierre Grébert tient au titre de plusieurs de ses photos. Il cultive l'imprécision sur le lieu de la photo: Seguia, palmiers et remparts ou Un coin à l'intérieur de la ville ou encore Un retour aux temps bibliques.
N°1 L'oued Tensif et le pont
N°2 Les Remparts
N°3 Le marché au bois (place jemaa el Fna)
N°4 Un pavillon dans les jardins de la Ménara
N°5 Allée et pavillon dans les jardins de l'Aguedal; N°6 Seguia, palmiers et remparts
N°7 Un campement près de la Palmeraie
N°8 Un coin à l'intérieur de la ville
N°11 Porte des Doukalas
N°10 Une mosquée en ruines; N°15 La Koutoubia
N°11 Porte des Doukkalas
N°12 Un coin du souk
N°13 Un retour aux temps bibliques
N°14 La Koutoubia et le palais du caïd M'Tougui
N°17 Une allée d'oliviers dans les jardins de l'Aguedal: N°33 Un pont sur un ravin près de souk el Krémis (sic).
N°20 Un coin près de Bab Krémis (sic).
N°22 Bivouac du Sultan Moulay Youssef la veille de son entrée à Marrakech
Dans la Série du MAROC PITTORESQUE NOUS AVONS AUSSI UNE CARTE POSTALE NON NUMÉROTÉE
Grébert est encore ici dans l'imprécision puisqu'il titre "Mosquée arabe" alors qu'il s'agit de la Mosquée El Mansour.
LES CARTES POSTALES REPRÉSENTANT DES MAROCAINS
Pierre Grébert a voulu aussi photographier les marocains dans leurs habillements habituels. Cette série est particulièrement intéressante pour les ethnologues et historiens qui recherchent des documents sur les coutumes d' il y a un siècle.
Type marocain
Après la photographie et les cartes postales Grébert a plus développé son activité d'éditeur que celle de photographe. Il édita en particulier les caricatures de l'illustrateur Tugot. Puis d'après le journaliste Christian Houel il se fit exploitant agricole et mit en valeur un domaine agricole qu'il créa de toutes pièces.
Son travail photographique a traversé le temps. Après un siècle les marocains et les marrakch'amis disposent d'un patrimoine photographique exceptionnel et surtout des vues originales sur Marrakech et son histoire.
© Michel de Mondenard a présenté aussi sur Mangin@Marrakech le photographe Maillet et les photographes Paul Willemse et Dusserre.