L'OEIL DES ÉDITEURS ARMÉNIENS DE PHOTOGRAPHIES SUR MARRAKECH 1915-1930
Après des éditeurs de photographies et des photographes de Marrakech, comme Sancan, Dubois, Maillet, Grébert, Hebréard, Willemse, Desserre, Roudnev, Lennox nous découvrons la richesse de l'édition arménienne.
L'ART PHOTOGRAPHIQUE FUT TRÈS TÔT ADOPTÉ PAR LES ARMÉNIENS. YESSAYI GARABEDJIAN LANÇA LE PREMIER STUDIO À JERUSALEM À L'ÉPOQUE OÙ L'EMPIRE OTTOMAN S'ÉTENDAIT EN PALESTINE. IL EUT POUR ÉLÈVE GARABED KRICORIAN, QUI S'ÉTABLIT EN 1885 ET DEVINT LE PHOTOGRAPHE OFFICIEL. KRICORIAN RÉALISA UN ALBUM CÉLÉBRE SUR LA PALESTINE COMMANDÉ PAR LE SULTAN ABDUL HAMID. L'EMPEREUR D'ALLEMAGNE GUILLAUME II LE PRIT POUR PHOTOGRAPHE OFFICIEL LORS DE SON VOYAGE EN PALESTINE EN 1899. APRÈS LA TRADUCTION DU LIVRE DE DAGUERRE EN TURC EN 1841, LE MÉTIER DE PHOTOGRAPHE FUT LANCÉ ET DÉVELOPPÉ PRINCIPALEMENT PAR LES ARMÉNIENS, DANS L'EMPIRE OTTOMAN.
Membres de la famille Kricorian à Jérusalem en 1910.
Une récente exposition à l'INA (Institut du Monde Arabe de Paris ) L'ORIENT DES PHOTOGRAPHES ARMÉNIENS présentait une dizaine de photographes arméniens opérant à Istanbul, Beyrouth, Damas, la Palestine et Le Caire, de la deuxième moitié du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle.
La cour ottomane n'est nullement indifférente aux avantages de l'illustration et de la propagande que véhicule la photographie. Très tôt et depuis l'invention de la photographie, les sultans s'entourent de photographes choisis parmi les plus compétents; il s'agit en général de chrétiens, mais parmi eux surtout des membres de la communauté arménienne. Ces derniers ont en effet largement contribué au développement des arts, métiers et nouvelles techniques dans l'Empire Ottoman. N'ayant rien contre la représentation figurative problématique pour les musulmans, les membres de la communauté arménienne seront choisis pour être les portraitistes de l'Empire et auront le quasi-monopole de la photographie en studio. Les photographes arméniens possèdent des studios de photographie dans les principales villes de l'Empire Ottoman; les plus réputés sont ceux de Garabedian et Krikorian à Jérusalem, de Guiragossian et Sarrafian à Beyrouth, de Berberian à Amman, de Halladjian à Haifa, ainsi que ceux des trois frères Horsep, Viken et Kevork Abdullah à Istanbul.
cliquer sur la couverture du livre pour connaître les prénoms des frères Sarrafian
Les frères Sarrafian seront les premiers à profiter pleinement de cette grande avancée technologique. Ils s'intéressent particulièrement aux sujets de la vie quotidienne qu'ils immortalisent: petits métiers, cafés, musiciens… ainsi qu'aux paysages urbains et champêtres qui constituent de nos jours un fond documentaire unique.
Les Arméniens ont donc été les pionniers et principaux acteurs de l'histoire de la photographie en Orient. Depuis la traduction du livre de Daguerre en turc en 1841, les photographes arméniens ont joué un rôle édifiant dans tout le Moyen-Orient, et transmis une chronique de la société ottomane au XIXe siècle. Si les premiers photographes voyageurs occidentaux photographient surtout les vestiges archéologiques et les sites bibliques, les photographes résidents réalisent des prises de vue en studio ou dans les quartiers populaires des grandes villes. L'intense dynamisme des photographes arméniens s'est poursuivi au-delà de l'éclatement de l'Empire en 1918. Mais la dégradation de leur situation politique et les massacres dont ils ont été victimes ont incité nombre d'entre eux à s'exiler, et à transférer leur savoir-faire technique et photographique dans les pays du Proche-Orient, le Liban, la Syrie, la Palestine, jusqu'en Iran, où ils ont trouvé refuge.
On peut qualifier les frères Sarrafian de « géants de la carte postale » tant leur travail est prolifique et varié et tant leurs témoignages sont avant-gardistes, précis et uniques. Reporters photographiques d'une autre époque, les frères Sarrafian ont eu le génie d'être là au bon moment:
Inimitable, leur série sur la vie quotidienne au Liban reprend un à un tous les métiers et les scènes urbaines et rurales dans toute leur authenticité, souvent sans se défaire de certain humour. A la fin du mois de Ramadan, sur la Place as-Sour baptisée plus tard Place Ryad el-Solh, il était d'usage de célébrer une procession traditionnelle au cours de laquelle les parents portaient sur leurs épaules les enfants circoncis. Enfin, ils immortalisent les vieilles demeures destinées à la démolition, lors des chantiers d'élargissement des rues Foch et Allenby à Beyrouth.
Extrait du livre "Sarrafian - Liban 1900-1930"
LES ARMENIENS, VIVANT DANS L'EMPIRE OTTOMAN CONNAISSAIENT L'ARABE ET DES LANGUES EUROPÉENNES. UNE COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE S'EST CONSTITUÉE AU MAROC DÈS L'INSTAURATION DU PROTECTORAT ET NOTAMMENT APRÈS LES ÉVÉNEMENTS SANGLANTS DE 1915 EN ARMÉNIE. CETTE COMMUNAUTÉ ÉTAIT ASSEZ DISCRÈTE À MARRAKECH MAIS AVAIT DES REPRÉSENTANTS REMARQUÉS À CASABLANCA, LA CAPITALE ÉCONOMIQUE.
DEUX NOMS DOMINENT LA PHOTOGRAPHIE ARMÉNIENNE AU MAROC DU DÉBUT DU XXe SIÈCLE. LES FRÈRES KRICORIAN ET AVEDIS TCHAKERIAN, ÉDITEURS DE CARTES POSTALES. TOUS LES DEUX ONT DE NOMBREUX CLICHÉS DE MARRAKECH DANS LEURS COLLECTIONS.
1511 - 2011, UN DEMI MILLÉNAIRE D'IMPRIMERIE ARMENIENNE. LE PREMIER OUVRAGE IMPRIMÉ EN ARMENIEN AVEC DES CARACTÈRES DE L'ALPHABET ARMÉNIEN VIT LE JOUR EN 1511 À VENISE.
Nous nous intéressons dans cette retrospective aux deux frères M. & B. Kricorian qui éditent leurs collections de photos ensemble, puis à la maison d'édition Kricorian qui leur succède semble t il avec un seul des frères, et prend le sigle CMK. Dans un deuxieme chapitre nous rencontrerons l'éditeur de cartes postales A. Tchakerian ainsi qu'un éditeur moins connu: Avedis.
LES FRÈRES M. & B. KRICORIAN ÉTABLIS À CASABLANCA ÉDITÈRENT AUSSI DES CARTES POSTALES DE MARRAKECH
Nous avons d'eux de nombreux clichés de Casablanca dès 1915 - 1916. Ils photographient l'Armée et les activités traditionnelles des marocains. En ce sens ils poursuivent une tradition de la photographie arménienne, qui par certains côtés possède un oeil d'ethnographe soucieux de rendre compte de traditions qui pourraient être menacées et dont il faut pouvoir se souvenir par l'image. Ainsi les frères Kricorian auront une collection de clichés qu'ils appelleront "Le Maroc Pittoresque" et plus tard M. Kricorian présentera une collection "Scènes et Types".
La collection LE MAROC - MARRAKECH des deux frères Kricorian commence en 1915 ET SEMBLE ETRE ÉPUISÉE EN 1917.
Vue de la Koutoubia: La marque arménienne de ce cliché est qu'il est "animé" par la présence de personnages en costume traditionnel. Les autres éditeurs préfèrent en général présenter la Koutoubia seule.
Bureau de renseignements - C'était l'ancienne maison du Caid Mac Lean où les services municipaux accueillaient les nouveaux arrivants. Cet angle de vue sera repris sous un autre titre dans la collection Le Maroc Pittoresque: Une rue principale de la Ville, seuls les personnages auront changé
Marché arabe - 07/09/1915
Une fontaine - la fontaine Mouassine. Ce cliché sera repris dans la collection "Scènes et types" sans préciser qu'il s'agit d'une fontaine de Marrakech.
De Marrakech, les deux frères éditent plusieurs photographies sous le titre de collection "Le Maroc pittoresque" déjà utilisé par Pierre Grébert. Ils ne précisent pas toujours dans quelle ville ou région du Maroc le cliché a été pris.
La collection LE MAROC PITTORESQUE. - MARRAKECH est aussi éditée par les deux frères Kricorian ensemble
La Foire - Cette légende laconique et très générale est pour le moins étrange quand il s'agit de la place Jemaa el Fna et de la Koutoubia. Mais c'est ainsi que procèdent les frères Kricorian. Leur sujet d'intérêt est à l'échelle du pays. Le personnage principal de leur collection est le Maroc.
Le Marché - Les frères Kricorian donnent à nouveau une légende très générale.
Marchands de grains - expédiée le 25/04/16
Une rue principale de la ville - Les frères Kricorian, semblent n'avoir gardé de la tradition arménienne que l'édition de cartes postales. Ils font appel à un photographe qui leur propose ses clichés et ils établissent leurs collections en effectuant un choix. Ceci explique qu'ils donnent des légendes aussi générales, comme s'ils ne connaissaient pas Marrakech.
Marché arabe. Les Kricorian utilisent le mot arabe meme si la plupart des personnages portent des vetements berbères.
Groupe de bourriquiers allant au marché.
Mosquée arabe: Imprécision du titre pour la Mosquée El Mansour
Charmeurs de serpents. Sur tous ces clichés, meme si les légendes restent peu précises, nous trouvons en général beaucoup de personnages illustrant la vie des marocains à l'époque. Ce sont des documents du "patrimoine immatériel de Marrakech."
Vue de Marrakech, au verso la date du 19/04/1916
LES DEUX COLLECTIONS DES DEUX FRÈRES KRICORIAN ONT UNE CARACTÉRISTIQUE COMMUNE, TOUTES LEURS LÉGENDES COMMENÇENT PAR "LE MAROC ...". LES DATES D'EXPÉDITION MONTRENT QU'IL S'AGIT DE CLICHÉS DE 1915.
ÉDITIONS KRICORIAN CASABLANCA
Il faut distinguer les collections qui mentionnent Frères Kricorian, de celles qui indiquent seulement Edit. Kricorian Casablanca ou CMK. Nous ne savons pas la raison de ce changement de raison sociale, les frères auraient-ils été séparés ? Certains clichés des frères Kricorian ont été repris par la maison d'édition Kricorian qui leur a succédé. Il semble d'après le sigle CMK que seul le frère ainé a continué l'activité de l'entreprise. Est ce que le frère B. Kricorian était le photographe des deux? Plusieurs nouveaux noms de collections apparaissent: MARRAKECH (Maroc) qui est en partie numérotée, MAROC (SCÈNES et TYPES) dont certaines sont numérotées et qui semble succéder à une courte collection LE MAROC PITTORESQUE reliquat de l'ancienne collection des deux frères, MAROC-MARRAKECH presque toutes numérotées. Ces collections semblent commencer en 1919. La dernière collection semble etre composée d'anciens clichés "Scènes et types" colorisés. Elle apparait en 1922 et se poursuit jusqu'en 1929 dans sa version numérotée. Rares sont les clichés qui ont été expédiés postérieurement à 1930.
La collection "MARRAKECH (MAROC)"
La marque de l'éditeur se trouve sur le cliché de cette collection, mais elle n'est pas toujours visible; il est possible de la deviner en bas à gauche de la Place des vanniers et dans l'eau à droite du Bassin de la Ménara ci-dessous.
Place des Vanniers - Cette carte fait aussi partie de la collection des deux frères "Le Maroc Pittoresque-Marrakech" 07/08/1916, elle est rééditée donc en 1919.
La meme carte a plusieurs dos suivant les éditions
La Ménara - 1919
Le Fort du Guéliz et les Camps
La nouvelle porte de la Koutoubia. Cette carte de Bab Djdid a une particularité, elle n'est pas destinée à être envoyée par la poste avec un timbre directelment sur la carte; au verso apparait "Imprimé illustré" et un petit tampon minuscule qui porte la marque de la librairie Abel Thiriat.
L'ami Halfaoui nous fait remarquer la particularité de cette pièce de sa collection et ajoute: "Cette carte date des années 25 environ ... Beaucoup d'autres cartes de M. Kricorian ont aussi ce petit logo rond sur le coté réservé à la correspondance. mais dans celui ci , il est toujours écrit : IMPRIMERIE ARMORICAINE NANTES . ( vu aussi à la loupe ) . Abel Thiriat, libraire à Marrakech a aussi édité des cartes postales de Marrakech dont les clichés sont identiques à ceux édités par CAP. Il est fort possible que les photographes revendaient les clichés à plusieurs libraires."
Dans cette collection, certaines cartes n'ont pas la marque de l'éditeur "Edit Kricorian Casablanca" sur le cliché, mais portent le logo CMK au verso.
Vue des environs de Marrakech. Ce cliché sera repris dans la collection MAROC numérotée: 163: Vue des Palmiers dans l'oasis. Il sera aussi choisi par Abel Thiriat en "Imprimé Illustré"
D'autres vues portent le même logo au verso, comme...
Un lavoir au camp du Guéliz. La marque de l'éditeur n'est pas sur le cliché mais son logo se trouve coté correspondance.
La collection comprend des cartes postales numérotées, elle commence par les remparts.
1 - Agdal - Cette carte a été aussi rééditée pour Abel Thiriat en "Imprimé illustré".
Celle de la Menara a été rééditée avec la légende fantaisiste 5 - Minhara
7 - Les Remparts et vue de l'Atlas. Cette vue a déja paru dans la collection Le Maroc pittoresque des deux frères. La correspondance indique 1928, mais l'édition est probablement bien antérieure.
cliquer sur la carte pourl'agrandir
11 - Vue générale du Camp du Guéliz
110 - Une fontaine - Ce cliché de la fontaine Mouassine a déjà été présenté dans la collection LE MAROC-MARRAKECH au temps des frères M&B Kricorian.
Il semble que M. Kricorian resté le seul frère dans l'entreprise après 1918, ait repris certains clichés qu'il avait choisi avec son frère et qu'il en ait rajouté d'autres. Le tout étant imprimé avec de nouveaux noms de collections.
La collection "MAROC - SCÈNES ET TYPES" est dans la droite ligne de la tradition arménienne, elle fait suite à la collection "LE MAROC PITTORESQUE" commencée par les deux frères.
Deux collections MAROC (Scènes et Types) doivent etre distinguées; seule l'une des deux est numérotée. Ces séries concernent tout le Maroc et y figurent quelques clichés sur Marrakech. La tradition des séries Scènes et Types vient des débuts de la photographie arménienne. Alors qu'au Proche Orient et au Moyen Orient les photographes européens réalisaient les premiers clichés des monuments d'Egypte, de Palestine ou d'Irak, les arméniens se spécialisaient dans la photographie des coutumes des peuples qui y habitaient.
M. Kricorian va continuer l'ancienne collection "Le Maroc Pittoresque", commencée avec sion frère, mais va vite l'abandonner. Ces collections portent le logo CMK au verso.
Vue générale d'une Palmeraie aux environs de Marrakech. 1919.
Cette vue réimprimée sous la nouvelle raison sociale CMK en 1919 sera colorisée plus tard et publiée dans la série Maroc Scènes et types n° 205 sans référence à Marrakech. D'une manière générale la maison Kricorian enlève des légendes de ses collections Scènes et types les indications de localisation utilisée antérieurement. Cela a pour but de focaliser l'intéret sur le sujet de la photo, par exemple "une palmeraie", mais il y aussi une arrière pensée commerciale: permettre à l'acheteur de cartes postales, de choisir la meme carte quelque soit le coin du Maroc où il trouve.
12/10/19
M. Kricorian va délaisser le titre de la collection "Le Maroc Pittoresque" pour créer la collection MAROC (Scènes et types) dans le courant de l'année 1919.
Dans ces collections, l'imprécision des légendes est presque constante. La série non numérotée Maroc Scènes et Types contient par exemple une magnifique vue du Palais du Sultan qui est devenu l'hôpital Maisonnave de Marrakech et elle a pour légende "intérieur d'une maison arabe" sans autre indication.
La série numérotée n'est pas plus précise, par exemple la légende pour l"avenue qui va du Guéliz à la Koutoubia à l'époque où elle était encore une piste est appelée "88 - Une allée de palmiers"
LA collection "SCÈNES ET TYPES" non numérotée
Une fontaine - Aucune précision sur la localisation de la fontaine Mouassine, même Marrakech ne figure pas sur la carte.
On remarquera un imprimeur parisien au verso.
Gourbi Arabe - À nouveau aucune précision sur la localisation ou sur la tribu. Pour la maison Kricorian de Casablanca, il n'est pas nécessaire de distinguer la plaine de la montagne, les arabes des berbères, le nord du sud... le seul intérêt est l'image saisie au Maroc. Bien entendu, il s'agit d'une tente berbère et non d'un gourbi arabe.
L"Oasis -
Intérieur d'une maison Arabe - Cette légende est déconcertante, il s'agit du palais du sultan de Marrakech qui devint l'hôpital militaire Maisonnave.
Paysage dans l'oasis - Il s'agit de l'abreuvoir de Bab Doukkala, certaines clichés édités par Avedis Tchakerian sont très proches et pourraient provenir du même photographe. Cette carte porte le logo CMK au verso, elle existe aussi avec Edition Kricorian Casablanca sur le cliché et au verso le cachet d'Abel Thiriat.
A gauche: Intérieur d'une maison arabe, légende ahurissante pour le magnifique palais de la Bahia. À droite: Café Maure...
La collection numérotée MAROC (Scènes et types)
Cette collection reste tout aussi imprécise dans ses légendes et tout aussi intéressante sur les us et coutumes marocains de cette époque.
29 - L'oued Tensif, Cette carte existe aussi non numérotée et avec un petit logo au recto ressemblant à un coq.
47 - Types de marocains sur une terrasse. Il s'agit de la terrasse du pavillon de la Ménara.
A gauche le verso de la n°47 avec le logo CMK, et à droite: 59 - Intérieur d'une maison arabe. Il s'agit du palais du ministre de la guerre Menhebi.
88 - Une allée de Palmiers - M. Krikorian semble ne pas savoir qu'il s'agit de l'avenue du Guéliz à la Koutoubia à l'origine, celle qui deviendra l'avenue Mangin et l'Avenue Mohamed V. Mais avec cette légende, il pourra vendre cette carte dans tout le Maroc et faire baisser ainsi ses couts de revient. C'est ce qu'il est possible d'observer dans la partie correspondance. Les cartes de Marrakech par Kricorian dont nous avons la provenance, indiquent: Sidi Slimane, Ain Leuh, Oued Djedida, Bouskoura, Timchadit, Casa, Ifrane, Marrakech, Azemmour,..
La collection MAROC-MARRAKECH est différente de la collection des deux frères LE MAROC-MARRAKECH
Plusieurs clichés numérotés la composent. En fait la numérotation concerne tout le Maroc et seules certaines vues concernent Marrakech.
50 - Une vue générale de la ville
58 - Vue générale du Camp du Guéliz
66 - Paysage au delà des remparts
Cette carte existe aussi dans une série non numérotée avec la meme légende. Ci-dessous le verso, malheureusement non daté.
Cette carte postale sera colorisée avec le N°206 dans la collection "Scènes et types" Le verso de cette version colorisée indique juillet 1929.
La Koutoubia (non-numérotée)
A la collection "Scènes et types" et aux séries "Marrakech (Maroc)" et MAROC-MARRAKECH, M. Kricorian ajoute une série numérotée dans laquelle se trouvent des clichés pris à Marrakech. C'est le cas du numéro 5 de cette collection pour lequel le nom de l'éditeur sur le cliché est "Edit Kricorian Casablanca". Les numéros ultérieurs auront à la place le logo "CMK, édit Casablanca"
5. Minhara - Cette légende est à nouveau imprécise, il s'agit du Minaret de la mosquée El Mansour.
Sur certaines de ces cartes comme celle-ci dessus, est imprimé au verso "Manufacture de selles vélocipédiques, STARLIGHT D. BOLLARD à Lyon 85 Cours Gambetta. Cette carte a été expédiée de Lyon le 14/11/35. Il s'agit d'une réédition très tardive.
La meme carte figure avec une autre légende N°9 Une mosquée
Elle sera reprise par une autre maison d'édition "CIM" beaucoup plus tard. 16/08/1954
Ceci prouve que M. Kricorian a vendu son fond d'édition, comme beaucoup d'autres à Combier de Macon.
270 La Poste - Il s'agit de la poste de la Médina.
cliquer pour agrandir, logiquement le logo CMK ne se trouve pas au verso puisqu'il figure sur le cliché.
L'ami Halfaoui considère que plusieurs photographes ont contribué à ces collections, il commente: "Il n'y a malheureusement pas de correspondance au verso . je pense qu'elles ont été éditées vers 1925 . Je dois aussi signaler que ces memes clichés ( exactement identiques ) ont été utilisés par d'autres éditeurs : Barrault à Mazagan ; Combier de Macon ; Boyer edit ...."
271 - Les Remparts
273 - Le jardin public de la Koutoubia
La Collection "MAROC Scènes et types" colorisée
Il s'agit d'une reprise d'anciens clichés. M. Kricorian se contente de faire imprimer des clichés qu'il a déja publié en version sépia. Les clichés colorisés sans numérotation semblent avoir été imprimé courant 1922, alors que les clichés colorisés numérotés sont plus tardifs, probablement 1929.
Cette carte a voyagé en avril 1922, peu après la visite du Président de la République Alexandre Millerand à Marrakech, elle fait allusion à cet événement exceptionnel. cliquer ci-dessous pour agrandir le texte.
Marrakech n'est plus mentionné, c'est un cliché qui a plus de dix ans.
Les éditions des frères M&B Kricorian et CMKricorian ont beaucoup produit et créé de nombreuses et riches collections. Le changement de raison sociale en 1919 à la sortie de la guerre et l'utilisation partielle d'un logo soit sur la partie correspondance, soit sur le cliché ne facilitent pas l'identification des collections. Il est fort peu probable que les frères Kricorian aient été leur propre photographe. Peut etre le frère disparu était photographe et celui qui est resté éditeur. M. Kricorian a probablement utilisé les services d'autres photographes et son mérite est d'avoir constitué des collections de photographies animées témoignant de la vie des marocains au début du XXe siècle. Les Kricorian respectaient en cela la grande tradition de la photographie arménienne. On notera aussi que M. Kricorian a proposé ses clichés à des libraires comme Abel Thiriat ou à des entreprises comme "La selle vélocipédique". Cela permettait aux libraires d'acquérir des séries de cartes postales plus courtes et de ne pas payer la totalité des droits des photographes, auteurs des clichés.
UNE DEUXIEME PARTIE SUR DEUX AUTRES ÉDITEURS ARMÉNIENS DE CASA COMPLÈTE CET ARTICLE. LES ÉDITEURS A. TCHAKERIAN ET AVEDIS ONT AUSSI COLLECTIONNÉ DES VUES DE MARRAKECH.
(voir plus loin à la date du 25 aout)
Ci-contre Avedis TCHAKERIAN en compagnie de Norbert son filleul et de sa mère.
Un jour, peut etre, les historiens de la photographie découvriront les noms des photographes qui ont proposé leurs clichés aux éditeurs arméniens. Ils ont leur mérite, celui d'avoir réalisé en général de beaux clichés et saisi des aspects importants des traditions marocaines. Les éditeurs qui constituent les collections doivent aussi être félicités pour leurs choix. Aux éditeurs arméniens nous devons d'avoir mis en valeur les types et les scènes les plus caractéristiques de la Ville rouge.
Michel de Mondenard
Les remerciements doivent aller également à nos amis Halfaoui et Bazooka Joe qui nous ouvrent si volontiers leurs riches collections. Plus de 60 clichés illustrent les deux parties de cet article.
© Cet article ne peut être reproduit sans l'accord écrit de l'auteur et sans la mention de l'édition et de sa date: Mangin@Marrakech, 20-25 aout 2011.
Qu'est ce que vous voulez commenter devant d'aussi sublimes collections.
Le bonheur,inimaginable à présent que durent connaître ces photographes,là-bas, les artistes en général,découvrant eux-même des images pareilles, inédites.
Evidemment on pense à Delacroix,crayonnant sans arrêt sur ses petits carnets,faute d'appareils
Un copain qui vous en serre cinq!!! Comme écrit Alexandre,je ne la connaissais pas! Merci toujours.
Bien à vous.JJ