SIDI BOU OTHMANE - 6 SEPTEMEBRE 1912 -
18-20 AVRIL 2013 - FESTIVAL À SIDI BOU OTHMANE
La municipalité de Sidi bou othmane et la société civile des associations organise son premier festival du printemps, le 18/19/20 AVRIL COURANT L Association pour les affaires sociales et culturelles VOUS invite honorablement pour assister à ce festival : « Rahamna entre les jours passés, le présent et le futur » .
Votre présence va nous honorer et nous soutenir.
Programme du festival
Premier jour: Jeudi 18 Avril, 2013
* la Matinée :- L'ouverture du festival
*la Soirée :- Une soirée d'art - Offres équestre
Deuxième journée: Vendredi 19 Avril, 2013
* la Matinée : Cérémonie de circoncision pour les enfants de familles nécessiteuses avec une distribution de vêtements aux bénéficiaires démunis .
* la Soirée :- Une cérémonie religieuse: Améliorer la concurrence de lecture du Coran sacré. _
Troisième jour: samedi, 20 Avril, 2013
* la Matinée :Séminaire de sensibilisation sur l'importance du don de sang -
- Une campagne médicale
*la Soirée :- Soirée de clôture
Distribution de trophés - récompenser et honorer certaines personnalités.
Distribution de chaises roulantes pour handicapés.
Important : Chaque année une commémortion aura lieu. Nous espérons qu’un maximum de personnes participeront. Un dépôt de gerbe viendra cloturer cet hommage .
Soyez les bienvenus en notre nouvelle ville Sidi bouothmane et a la réalisation d’un projet culturel qui après un siécle n’a jamais été célébré et qui a pour but de mettre en valeur l’histoire et la cultures de notre magnifique région RHAMNA .Joyeux anniversaire en ce début septembre au Dr Aziz Cherkaoui. Notre ami lisant le message du Président José GARCIA lors du Moussem de Salam Marrakech
Beaucoup de passages des textes ci-dessous ont été "pompés" sur Votre blog Mangin@Marrakech et recopiés sans autorisation ni mention de leur origine sur un site internet dont Antony MUNOZ (webanimalier) est le webmaster et "posté" par un certain Jean Lannes )
PORTE DE MARRAKECH - CENTENAIRE DE LA BATAILLE DE SIDI BOU OTHMANE - سيدي بو عثمان
COMMÉMORATION - HOMMAGE AUX COMBATTANTS: LES MORTS, LES BLESSÉS ET LES SURVIVANTS DES DEUX CAMPS - CE JEUDI 6 SEPTEMBRE À LA MUNICIPALITÉ DE SIDI BOU OTHMANE معركة سيدي بوعثمان: 5-7-سبتمبر-1912
L'armée du Cheikh Ahmed El-HIba commandée par son frère Merebbi Rebbo - Cliché aimablement communiqué par Morad Daron de Sidi Bou Othmane et publié aussi sur Dafina.
Le Blog Mangin@Marrakech a reçu une demande de la nouvelle municipalité de Sidi Bou Othmane qui commémore le centenaire de la bataille ce 6 Septembre 2012 et qui sollicite de l'aide pour en retracer l'histoire.
Il y a un siècle ce lieu était une terre aride à l'exception de quelques jujubiers proches de deux anciens marabouts et de puits recueillant l'eau d'une source souterraine; elle est devenue une belle contrée comme elle pouvait prospérer du temps des Almohades au XIIe siècle. Sidi Bou Othmane voudrait être connue pas seulement par une bataille: "La région est réputée pour les bienfaits de la qualité de son air, de l'eau et de ses grillades... Avec sa belle forêt ou gambadent sur nos morts des gazelles d'Adam... Soyez les bienvenus à Sidi bou othmane et à la réalisation d'un projet culturel qui après un siècle n'a jamais été célébré et qui a pour but de mettre en valeur l'histoire de notre magnifique pays. On vous demande donc de nous aider à réaliser une commémoration pour les victimes de la bataille, et faire diffuser aux différentes générations locales, national, et même international, l'histoire de notre pays, de notre chère belle ville.
Le projet est beau, noble, grand par l'importance que vous lui apporterez."
En mars 1910, puis à nouveau en 1911 Madame Reynolde Ladreit de La Charrière se rendant à Marrakech à cheval avec une petite escorte , avait écrit quelques lignes sur le site désertique réduit à un douar avec son gite d'étape (Nzala); ci-contre photos de Noualahs et tentes : "À 1h 1/4 on recharge les bêtes; la chaleur est accablante; depuis ce matin, pas d'eau, on n'en trouvera qu'à l'étape de ce soir; pourtant, partout des étangs nous narguent, mais à mesure que nous approchons, ils s'enfuient. En avant le vent soulève de hautes colonnes de sable, plus de mirage, le pays est dénudé: c'est le désert. La réverbération est fatigante, pas d'oiseaux ni de fleurs, ni même de passants; bêtes et gens somnolent de chaleur, de lassitude. La crête des Djebilat semble s'éloigner à mesure que nous avançons... Enfin un peu sur la droite, la Nzala de Sidi Bou Othman, composée de noualahs, arrêt il est 5 heures. On dresse les tentes, les ouvertures vers le douar; les habitants sont accroupis et nous regardent silencieux et immobiles. La nuit tombe rapidement, les troupeaux de moutons rentrent en bêlant; la lune se lève magnifique, faisant paraître les collines plus hautes et le douar plus petits."(23 mars 1910) "A droite près des Djebilat, une maison éclatante, c'est celle de el Menebi.(...) 11 heures 25, Sidi bou Othman: des jujubiers aux tons gris ombragent des puits, l'eau est proche; derrière un mur, un cimetière et deux marabouts, puis le col et la route suivie l'an dernier" (16 mars 1911).
Plus tard vers 1915-1916 la famille François UCCELLO est venue construire un Café pour permettre une halte aux voyageurs sur la route de Casablanca avant la grande plaine de Ben Guérir. Le café était situé proche du monument aux morts commémoratif de la bataille de 1912. François UCCELLO et sa femme ont acheté aussi quelques friches caillouteuses qu'ils ont cultivées. Leur fils Paul UCCELLO qui travaillait aux Travaux Publics à Marrakech a pu habiter avec sa famille dans la maison cantonnière de Sidi Bou Othman en face du Café. Ils ont transformé leur friche caillouteuse en belle oasis de verdure. Les enfants et les petits enfants de François UCCELLO sont nés à Sidi Bou Othmane. Puis il a fallu partir et vendre le Café. Sidi Bou Othmane était classé dans les communes rurales, mais l'expansion démographique de Marrakech a provoqué en 2008 son classement parmi les villes. Elle a donc une jeune municipalité depuis presque 4 ans.
Il est particulièrement important d'honorer les morts des deux camps à l'occasion du centenaire de la bataille. De nombreux combattants ont péri dans cet affrontement, surtout du côté des partisants du Cheikh El-Hiba. C'était le vendredi 24 Ramadan 1330. Il y a 103 ans lunaires selon l'Égire.
Sidi Bou Othmane accueille pour cette commémoration: " Contents de votre soutien à notre projet que je peux qualifier de projet de réconciliation franco- marocain, je vous confirme que la commémoration aura bien lieu le 6 septembre 2012 à la municipalité de SBO. Nous tenons toujours à vous accueillir sur notre périmetre municipal. Nous vous assurons que vous serez les bienvenus; nous partagerons ensemble la joie de la rencontre."
Carte au 125000 éditée en 1943. La colonne du Colonel Mangin venait du nord (en haut de la carte). Il n'y avait pas de piste et encore moins de route. Les troupes de Mangin se sont disposées en un carré de 1km de côté sur la partie presque plate au nord de Douibat. Le camp des partisants de El-Hiba et ses tentes se trouvaient avec deux canons Krupp un peu en avant des deux Marabouts (figurés sur la carte par deux petits carrés surmontés d'un guidon de selle de chameau). Les cavaliers de El-Hiba surveillaient l'approche des troupes de Mangin depuis les flancs du Djebel Zoukter le long de la piste entre Sidi Bou Othmane et Sidi Daoud.
DEUX SULTANS POUR MARRAKECH
Une tentative récente de présenter le Cheikh El Hiba comme un soutien du trône Alaouite doit être signalée. On ne peut pas considérer cette assertion comme une thèse historique, mais il semblerait que certains ont intérêt à la diffuser, pourtant tout prouve le contraire. Le père de El-Hiba, le Cheikh Ma El Aïnine fut un soutien du trône Alaouite et réciproquement les Sultans Abd El Aziz et Moulay Al Hafid l'ont aidé dans le rayonnement de sa zaouia dans plusieurs villes du Maroc et dans son installation à Tiznit, mais il est mort le 28 octobre 1910. Son fils Cheikh Ahmed El-Hiba conduisit une politique totalement différente d'opposition au trône Alaouite. Comment peut on dire qu'on soutient la dynastie Alaouite si on fait tout pour lui prendre sa place? Le Cheikh Ma El Aïnine a toujours refusé de devenir Sultan à la place des Alaouites, même si on lui tolérait ce surnom pour la seule ville de Tiznit. Son fils El-Hiba après une courte hésitation n'a pas eu les scrupules de son père et a voulu prendre la place de son Sultan, le sultan Alaouite. En mai 1912 il part de Tiznit pour Marrakech avec 12000 cavaliers Sahraouis et Soussis.
Tente du Cheikh Ma El Aïnine à Smara en 1887, gravure d'après Camille Douls.
Le Cheikh Ahmed El-Hiba avait pour prétention de devenir le Sultan du Sud du Maroc avec pour capitale Marrakech et de repousser les Sultans de la dynastie Alaouite dans le nord du Maroc ( Moulay Al Hafid d'abord, puis Moulay Youssef à partir du 13 aout 1912 - 29 Ch'ban 1330). Il s'était fait proclamer Sultan à Tiznit par sa nombreuse famille. C'est peu avant d'entrer dans Marrakech, alors qu'il se trouvait à Chichaoua qu'il s'est fait reconnaître Sultan par les tribus du Haouz. Sa stratégie, si elle avait réussi, aurait conduit à couper le Maroc en deux, affaiblissant un peu plus le pays déja morcelé en bled-el-makhzen et bled-es-siba. Certes, El Hiba était un résistant, mais un résistant de type madhiste, répandant un fanatisme religieux xénophobe. Il s'insurgeait principalement contre la dynastie Alaouite qu'il jugeait insuffisamment soumise à l'Islam et surtout trop conciliante avec les étrangers chrétiens. Il prêchait à ses troupes crédules impressionnées par de faux miracles que par ses pouvoirs divins, il avait chassé Abd-el Aziz, puis Moulay Hafid et que ce serait la même chose pour Moulay Youssef. Il ajoutait que "tout musulman qui se soumettra aux roumis sera frappé de paralysie."
Moulay Youssef fut proclamé Sultan à Fez le 13 aout dans la mosquée de Bou Jeloud, selon les rites traditionnels, avec le cérémonial d'usage et le concours des ulémas et des autorités chérifiennes, après lecture de la lettre de démission de Moulay Al Hafid déclarant que son état de santé l'obligeait à quitter le pouvoir, et que le choix de son successeur s'était porté sur son frère Moulay-Youssef. Il avait sa confiance plus qu'aucun autre de ses frères car il lui avait donné le commandement d'une de ses mehallahs et l'avait nommé Pacha de Fez. (ci-contre une gravure représentant l'Abdication en présence des deux frères et du Général Lyautey dans Le Petit Journal)
El-Hiba bénéficiait de la réputation de son père le Cheikh Ma El Aïnine, considéré comme invincible puisque envoyé de Dieu et bénéficiant de la Baraka. Le caïd M'Tougui qui avait 75 ans à l'époque n'empècha pas El-Hiba et ses troupes fanatisées de franchir son territoire et d'entrer dans le Haouz, la plaine de Marrakech. La majorité des marrakchis, les Ulemas et les caïds envoyèrent une délégation pour demander à El-Hiba de rester en dehors de Marrakech. Ils ne voulaient pas de lui comme Sultan, mais devant le nombre écrasant de ses cavaliers ils n'avaient pas le choix et ne purent s'opposer à son entrée dans la ville. Les défenseurs se joignirent aux Hibistes et évitèrent ainsi une guerre civile. Le vice consul de France et d'autres français qui se trouvaient à Marrakech et avaient demandé une entrevue à El Hiba furent détenus prisonniers sans pouvoir le rencontrer.
Pendant les quelques jours où les Hibistes occupérent la ville il y eut des pillages, des démolitions et des exactions. (ci contre Photo de la caserne des tabors du Sultan Alaouite, détruite par les Hibas). El-Hiba s'était rapidement rendu impopulaire notamment parce qu'il obligeait toutes les célibataires à être mariées (ses cavaliers et méharistes durent épouser les prostituées de la ville) et aussi parce qu'il a chassé les commerçants qui utilisaient une monnaie différente de la sienne. Les marrakchis furent soulagés quand Ahmed El-Hiba et ses hommes bleus prirent la fuite vers le Souss après leur défaite à Sidi Bou Othmane le 6 sepetembre 1912. Le lendemain de leur échec militaire à 5 heures du matin El-Hiba et ses proches s'enfuient de Marrakech par le sud. La cavalerie du Colonel Mangin commandée par le Cdt Simon n'est pas encore arrivée; elle se présente à l'entrée nord de la palmeraie et ce n'est qu'à 7 heures que franchissant l'oued Tensift à gué, le Cdt Simon fait tirer deux coups de canon pour annoncer aux prisonniers que la cavalerie va arriver sous les murs de Marrakech. C'est alors que les cavaliers du Cdt Simon et les prisonniers entendent une fusillade éclater dans la ville entre les marrakchis et les Hibistes fanatiques; les derniers partisants d'El-Hiba succombent ou s'enfuient. Mais la cavalerie n'entre pas dans la ville. Le Colonel Mangin avec le reste de la colonne arrive à 10 heures, il proclame l'état de siège, installe ses troupes à l'extérieur des portes (Ménara, Palmeraie), et laisse aux grands caïds Glaoui, Mennou, M'Tougui, Goundafi le soin de rétablir l'ordre à l'intérieur. Lui même n'entrera dans la ville que le 9 septembre. Marrakech est rendue à la souveraineté du Sultan Alaouite Moulay Youssef qui arrivera à Marrakech le 13 décembre, acclamé par les marrakchis et les tribus voisines venues l'honorer.
Le 6 septembre 1912 la baraka avait abandonné le prétendant El-Hiba.
El Hiba n'a pas participé à la bataille de Sidi Bou Othmane, il est resté dans le palais de Marrakech en attendant les nouvelles. Il a envoyé son frère combattre à sa place. Les partisans Hibistes avaient été mal préparés au combat puisqu'il leur avait été dit que les obus des canons allaient "rouler à leurs pieds transformés en oranges, melons ou pastèques et que les balles des fusils les atteindraient transformées en jets de roses ou de fleurs d'orangers." Le Khalifat d'El-Hiba les a lancés contre les troupes de Mangin comme à la Fantasia, sur un terrain presque plat et désertique. Ce qui a obligé le colonel Charles Mangin à mettre ses troupes en carré défensif et à riposter par la concentration de sa puissance de feu (1 200 fusils, 8 mitrailleuses, 12 canons de montagne). Le nombre des morts incombe pas seulement aux tirs précis des artilleurs expérimentés du Colonel Mangin mais aussi au frère de El-Hiba qui a jetté ses cavaliers et ses fantassins vers une mort certaine.
Fuyant Marrakech (certains témoignages disent avec l'aide de Madani el Glaoui), Ahmed El Hiba se replia sur Taroudant suivi par ce qui lui restait de ses troupes, il contrôlait aussi le port d'Agadir. Il refusait de se soumettre au trône Alaouite. Même Tiznit avait reconnu Moulay Youssef en janvier 1913. C'est en mai 1913 que les mehallahs du sultan Moulay Youssef sont allées le déloger de Taroudant. Il combatit mais se voyant vaincu; il prit à nouveau la fuite. La ville ainsi que celle d'Agadir furent libérées le 1er juin 1913. Curieusement ceux qui disent que El-Hiba soutenait le Sultan Alaouite ont oublié de mentionner cette autre bataille perdue, mais cette fois devant les mehallahs Alaouites seules. Marrakech fit une réception grandiose au Sultan Moulay Youssef et à ses mehallas victorieuses le 19 juin 1913. (Ci contre un capitaine de l'armée chérifienne du Sultan Alaouite)
L'Allemagne préparant la guerre avait repris contact avec El-Hiba, en particulier par l'intermédiaire des Mannesmann et de leurs agents. L'Allemagne avait besoin d'El-HIba pour déstabiliser le Maroc et El Hiba profitait des armes, munitions et instructeurs que lui offrait l'Allemagne.
(Ci-contre un des 4 canons neufs livrés à El-Hiba par la Sté Krupp et saisi par le Colonel Mangin le 7 septembre, photo Y Tennevin) El-Hiba reprenait les combats contre le Makhzen fin 1914. Le pacha de Taroudant Haïda-Ou-Mouïs fidèle du trône Alaouite fut attaqué par les Hibistes et les combattit de même que son fils El Hady Houmad, ce fut une nouvelle défaite pour El-Hiba en novembre 1914. Certains se souvenaient qu'il avait fait décapiter le Pacha précédent et fait rouler sa tête dans la ville. L'Allemagne chercha à nouveau à l'encourager à la révolte contre Moulay Youssef en lui promettant son soutien, ( Mission du Dr Probster en 1915). Il reçoit à nouveau argent, armes et munitions de l'Allemagne dans l'enclave espagnole d'Ifni et reconstitue une petite armée en janvier 1916. Fock et Hermann Marx, ressortissants allemands du Maroc réfugiés aux Canaries dès le début de la guerre de 14-18 montent un plan plus audacieux avec plus de moyens pour permettre à El-Hiba de reconquerir Marrakech. Mais en raison d'une avarie au sousmarin allemand, les armes et le matériel ne peuvent pas être déchargés à terre. Cependant les Allemands promettent de revenir. El-Hiba attendit vainement que l'aide promise lui parvienne: les gardes-côtes, contre-torpilleurs fran!ais rendaient ce genre de livraisons plus hasardeuses . Il s'en suit pour El-Hiba et son frère la défaite de Ouijjane (mars 1917). Finalement en 1918 il reçoit d'importants moyens de l'Allemagne, mais les tribus ne veulent plus le suivre pour reprendre le combat. Ils se réfugie alors dans les montagnes à 65 km à l'est de Tiznit où il est mort en 1919 après avoir "abdiqué" pour son frère le cheikh Merebbi Rebbo.
Présenter El-Hiba comme un soutien du trône alaouite est plutôt curieux. Comment peut-on soutenir quelqu'un en lui faisant la guerre? Pour Ahmed El Hiba la rupture avec le trône Alaouite était consommée à partir du moment où le sultan Moulay Al Hafid n'avait plus d'argent dans les caisses du royaume pour aider El-Hiba qui s'est tourné alors vers les allemands . Chacun pourra en juger.
La bataille de Sidi Bou Othmane fut précédée par celle de Ben Guérir.
Le 15 aout le colonel Mangin rejoint Souk el Arba des Rehamna avec 6 compagnies de tirailleurs sénégalais, 2 d'infanterie coloniale, 2 de tirailleurs algériens, 2 escadrons de cavalerie, une batterie d'artillerie de montagne et un goum. Il repoussera une attaque le 16 aout et aura quatre tués:3 tirailleurs du 7e Bataillon Sénégalais (Mamby Traore, Aleguy Cissé, Dire Konate) et Amari Mohammed ben Brahim du 3e Tirailleurs algériens.
De son côté le lieutenant colonel Joseph arrive le 19 de la Chaouia à Mechra Ben Abbou avec un bataillon de zouaves, deux compagnies de tirailleurs algériens, un escadron de spahis et une batterie montée.
(ci-contre: Tirailleur Sénégalais, gravure du Petit Journal)
Ces deux colonnes furent harcelées par des cavaliers du parti de El-Hiba pendant toute la semaine.
(Ci-contre le passage de l'artillerie sur un pont de bateaux à Mechra Ben Abbou). Mais chaque fois les plans du Khalifat d'El-Hiba Laghdaf ben Misbah son cousin, furent déjoués et même le 22, ce sont les Sénégalais qui attaquent son camp à la baïonnette à Ouham en faisant des morts, ce qui l'obligea à battre en retraite et à regrouper ses forces. Un seul Tirailleur Sénégalais fut tué ce jour là: Gamara Sissoko et le 24 deux autres tirailleurs près de l'oued Feran: Bakary Oulare et Mory Konde, mais les pertes des Hibistes furent plus importantes. Le 25, le camp de Mechra ben Abbou est attaqué à l'aube de trois côtés à la fois. Le colonel Mangin attend qu'ils soient très proches pour donner l'ordre de tirer. Déja ce jour là, de nombreux Hibistes tombent et le khalifat de El-Hiba se retire à Ben Guérir avec sa Mehallah.
(ci-contre: Nouba des tirailleurs algériens défilant en juillet 1913: tambours, clairons, tebel, derbouka double, bendir, raïta)
Le 29 aout, même scenario, le colonel Mangin quitte Souk-el-Arba avec 5 bataillons, 5 escadrons et trois batteries. Ils atteignent la harka du Khalifat d'El-Hiba Laghdaf ben Misbah retranchée sur les hauteurs de Sidi Bahilil. Regroupés dans un espace trop étroit pour leur nombre, les Hibistes subissent l'artillerie, ont de nombreux morts et décampent sans attendre que l'infanterie du colonel Mangin ait le temps de les attaquer à la baïonnette. Le colonel Mangin s'arrête à Ben Guérir avec seulement onze blessés. La cavalerie montée du 6e et 7e Bataillons Sénégalais poursuit les Hibistes qui se replient jusqu'à Sidi Bou Othmane. N'ayant pas d'ordre du Maréchal Lyautey pour aller plus loin le colonel Mangin fait demi-tour avec ses hommes et rentre au camp de Souk-el-Arba.
4 septembre au camp de Souk el Arba: "Marrakech est notre but. Nous avons un ordre de route. Nous le suivrons. Nous recevrons des balles, nous les mépriserons, et dans deux jours nous serons à Marrakech." (Charles Mangin à ses officiers) Photo E. Michel
El-Hiba retire le commandement à Laghdaf ben Misbah son cousin et le confie à son jeune frère le Cheikh Merebbi Rebbo. Les différents combats avant le choc de Sidi bou Othmane ont permis à Charles Mangin de mieux connaitre son adversaire et les possibilités de ses propres bataillons et escadrons. A côté, Merebbi Rebbo était un débutant.
Le Général Lyautey avait réagi
Lyautey mis au courant de la lassitude des marrakchis à supporter les pillages et exactions des hommes bleus depuis le 15 aout, voulant aussi libérer les neuf ressortissants français et apprenant que les marrakchis étaient prêts à chasser Ahmed El-Hiba si les troupes du Colonel Mangin s'approchaient de Marrakech, avait donné l'ordre à Mangin d'intervenir: "Allez y carrément !".
Le 5 septembre à 3 heures du matin le colonel Mangin partait de Souk-el-Arba à la tête de 6 bataillons (1 colonial, 2 sénégalais, 2 tirailleurs algériens, 1 de zouaves), de 3 escadrons (2 de spahis, 1 de chasseurs d'Afrique), 3 batteries d'artillerie, 5 sections de mitrailleuses, 2 goums marocains et 200 combattants marocains de la Chaouia et des Rehamnas. ( Cliché du photographe Bossuge montrant l'artillerie avec les petits canons sur roues.) Soit un total d'un peu moins de 5000 combattants. Il emmenait un convoi de 2000 dromadaires, portant 15 jours de vivres, 500 000 cartouches et 4500 coups de canon de réserve. Mangin fait camper ses troupes pour la nuit et apprend le soir même que le camp de M'Rebbi Rebbo est situé devant les deux marabouts de Sidi Bou Othmane et qu'il dispose de quatre canons Krupp livrés à El-Hiba par l'Allemagne.
(ci-contre un canon de 65 porté par un homme fort, un peu moins de 200kg). Le 6 septembre à 3 heures du matin la Colonne du Colonel Mangin reprend sa marche. À la pointe du jour, l'avant garde signale l'ennemi venant à sa rencontre.
Le colonel Mangin répartit ses troupes en trois groupes:
1 - Colonel Savy: avec le 7e Bataillon de tirailleurs sénégalais : Cdt Monoven; avec le peloton monté ( 800 fusils) du Cne Landais; le 3e Bataillon du 1er colonial (500 fusils) : Cdt Bouteloup; Section de 75 du Cne Jansoul et section de 65 du Lt Jacquier; un escadron du 1er Spahis : Cne Picard et un goum mixte : Cne Brissot.
2 - Cdt Rueff- 6e bataillon de tirailleurs sénégalais : Cne Bellanger; 3e bataillon du 3e tirailleur algérien : Cdt Perrier; batterie de 65 du Cne Pol; un demi-escadron de spahis : lieutenant Fortoul. (ci-contre une mitrailleuse servie par quatre hommes)
3 - Colonel Joseph - deux compagnies du 2e bataillon du 1er zouaves : Cdt Cosman; 2 compagnies du 4e bataillon du 3e zouaves : Cdt Périer; une batterie de 75 : Cne Goujon; 4e escadron du 1er Chasseurs d'Afrique : Cne Vallée.
Avec en plus une Section du Génie : Cne Gasquel; 2 sections Munitions : Lt Anglési; l'ambulance : Drs Julien et Quétin; le convoi de 2000 dromadaires et autant de mulets et chevaux : Sous-intendant Gaillac et 3 Lts du train: Valade, Peyris et Casabalte.
Chef d'état-Major Cdt Labruyère, sous-chef Cne de Kervanoël; officier d'ordonnance : Cne Cornet. Chef du service de renseignements : Cdt Simon secondé par les Lts Britche et Sumyan.
La bataille des braves:
Le courage est dans les deux camps, mais l'intelligence de la guerre échappe au Khalifat d'El-Hiba qui choisit mal son champ de bataille en attaquant sur un terrain à découvert. Il aurait été plus facile pour lui, ses cavaliers et ses fantassins d'attaquer dans les Djebillets où les troupes du colonnel Mangin n'auraient pas pu se disposer si facilement en carré. Par ailleurs il n'a pas su utiliser sa propre artillerie : 4 canons Krupp sont restés muets.
Le Colonel Mangin dispose son infanterie en un carré d'un kilomètre de côté, l'artillerie, la cavalerie et le convoi à l'intérieur du carré, et se porte à la rencontre de l'ennemi estimé à plus de 10 000 fusils, qui s'avance sur un front de 4 kilomètres. Il est 7 heures quand les partisants d'El-Hiba ne sont plus qu'à 1500 mètres du carré. Mangin fait tirer son artillerie. Les Hibistes se ruent à l'attaque, mais les tirs rapides et précis de l'artillerie produisent un effet destructeur et déblaient le terrain en avant du front. L'attaque de face est bloquée.
6 septembre à Sidi Bou Othmane, le Colonel Mangin surveille le combat, des Spahis tiennent son fanion. Ce fanion rouge, frappé de l'ancre de marine est surchargé d'un croissant d'or. Photo E. Michel, aimablement communiquée par l'ami Halfaoui.
Cependant les cavaliers d'El-Hiba prenant des fantassins en croupe, se portent sur les flancs du dispositif du Colonel Mangin et tentent de nouvelles charges secondés par la fusillade de leurs fantassins qu'ils ont déposé dans des trous ou derrière des buissons. Repoussés de chaque côté par les feux d'infanterie et d'artillerie, les assaillants tentent une attaque par l'arrière sans plus de succès.
Toujours tenaces, mais moins mordants, les Hibistes reviennent encore une fois, entourant le carré sur toutes ses faces. Mais le colonel Mangin donne l'ordre à tous ses hommes de progresser sans modifier le carré en marchant vers les marabouts de Sidi Bou Othmane. Il est 9 heures, la progression s'effectue impécablement. Les Hibistes qui croyaient avoir fixé les troupes du Colonel Mangin sur place sont surpris par cette manoeuvre inattendue et refluent en masses sur leur camp afin de sauver leurs bagages. L'artillerie les poursuit en allongeant la portée des tirs. Le Colonel Mangin réunit toute la cavelerie sous les ordres du capitaine Picard et donne l'ordre de poursuivre les fuyards. En tête les goumiers et les cavaliers marocains de la Chaouia et des Rhamnas commandés par le caïd Tounsi, puis dans l'ordre les Spahis, les Chasseurs d'Afrique et pour la réserve les Sénégalais montés.
( cliché d'un escadron de Senegalais montés)
Les goumiers et le caïd Tounsi se jettent sur le camp où des tentes sont encore dressées et d'autres en train d'être démontées. Les spahis et les Chasseurs d'Afrique les dépassent et se portent sur les deux marabouts d'où part une vive fusillade, qu'ils feront taire rapidement. Un cavalier Hibiste qui porte un étendard cherche à s'échapper et jette son emblème que rapporte le Maréchal des Logis chef Cretenet du 4e spahis.
Les troupes du Colonel Mangin se rassemblent au niveau des deux marabouts à midi, au delà du camp Hibiste où se trouvent des amas de fourrages et de sacs de farine, des approvisionnements en vivres et munitions, deux canons Krupp qui n'avaient pas été utilisés et leurs 800 projectiles. Un autre canon Krupp fut récupéré le lendemain. (ci-contre photo Y.Tennevin: Inscription gravée sur un canon pris à El-Hiba: "Canon Krupp pris par le Colonel Mangin à la Harka d'El Hiba, le 7 septembre 1912 au combat de Sidi Bou Othman - Région de Marrakech".)
Le Khalifat d'El-Hiba laisse environ 2000 morts sur le champ de bataille et dans les environs, ainsi que des blessés et des prisonniers. N'oublions pas ces victimes.
La colonne du Colonel Charles Mangin comprenait approximativement 50% d'européens et 50% d'africains principalement des algériens, des sénégalais et des goums marocains à laquelle s'était joint 600 cavaliers marocains des Doukkalas sous les ordres du Chérif El Omrani, un fidèle des Sultans alaouïtes.
Les Spahis et Chasseurs d'Afrique remontent sur leurs chevaux à la fraicheur de la nuit sous les ordres du Commandant Simon. De même les Sénégalais montés du Capitaine Landais et une section de 75.
Un Sénégalais monté de retour au camp
Le conseiller de Charles Mangin
Charles Mangin avait reçu le commandement de la colonne du Sud, et la presse lui attribua tout le mérite de la victoire de ses troupes. Il est certain que sa stratégie comme sa tactique ont aboutit à des résultats militaires et surtout politiques que Lyautey n'osait imaginer tant les risques d'un échec étaient grands. Cependant Charles Mangin n'était pas seul à penser stratégie et tactique et il avait un conseiller en la personne de son chef d'Etat major, Chef d'escadrons de cavalerie, Etienne Chopin de La Bruyère , né en 1868, sorti de Saint-Cyr en 1891. Ce brillant officier après avoir combattu dans la 1ere Division Marocaine en 1914 revint au Maroc en mars 1915 et fut même promu général et chef de la région de Marrakech entre 1919 et 1922. Par sa culture il connaissait les batailles du temps des Gaulois et des Romains et c'est lui qui eut l'idée d'utiliser le dispositif de la tortue en carré que pratiquaient les Romains au début d'une bataille pour ensuite s'adapter à l'adversaire. Il fut cité à l'ordre de l'armée par le Général Lyautey (ordre général N°14). Chopin de La Bruyère, Chef d'escadrons de cavalerie, hors cadres, Chef d'Etat major d'une colonne improvisée de toutes pièces, a grandement contribué au succès de l'opération par l'activité intelligente, méthodique et clairvoyante qu'il a déployée, et par le coup d'oeil et le sang froid dont il a fait preuve aux combats d'Ouham (22 aout), d'Oued Feran ( 23 aout) et de Sidi Bou Othman (6 septembre 1912).
APRÈS LA BATAILLE:
À l'issue de la bataille il fut fait des prisonniers parmi les Hibistes. Certains d'entre eux se firent enrôler plus tard dans l'armée du Sultan Alaouite.
Les blessés furent regroupés et soignés par les docteurs Julien et Quétin ainsi que par le docteur May
Photo aimablement communiquée par Morad Daron de Sidi Bou Othmane.
Les blessés et les morts de la colonne Mangin: Officiellement 5 tués et 23 blessés. Sont morts glorieusemnt à la bataille de Sidi Bou Othman: Trois tirailleurs de 2e classe au 3e Tirailleur algérien : Louar Bel Kacem, Toubal Mohammed et Bou Chekara; Brahim Kourouma tirailleur de 2e classe au 6e Bataillon sénégalais; Bengali Kamara tirailleur de 1ere classe au 7e Bataillon sénégalais et aussi Bengrina Ben Rahal conducteur auxiliaire 17eescadron du TDEM.
Souvenons-nous de leurs noms et aussi de ceux des blessés, nous avons les noms de 8 d'entre eux sur 23 : Trois zouaves du 3e Zouaves: Célestin Gravel, Kegel et Gabriel; Deux soldats au 3e Bataillon colonial: 2e classe Walti et 1ere classe Flachelli; Guebli tirailleur de 2e classe au 3e Tirailleurs algériens; Ahmed el Khechini, Spahi de 2e classe au 4e Spahis ; Emile Gillet conducteur de 2e classe au TDEM.
Les morts des partisans du Prétendant El-Hiba: Rien ne permet de les identifier par leurs noms qu'ils soient Sahariens, du Souss ou d'ailleurs. Les prisonniers creusent les tombes et les tirailleurs du colonel Mangin dont beaucoup sont musulmans enterrent les morts comme il se doit. Certains Hibistes ont été tués par les obus et les balles, mais d'autres sont morts de soif et d'épuisement. C'était ne l'oublions pas en plein Ramadan, le 24 du mois.
Une liste de plus de trente morts et d'une vingtaine de blessés a été cependant établie: 1 et 2 : Hasna Ben Samlali et son frère Ahmed, 3 : Abdelaylmiyan Ben Baamariyane, 4 : Chabih (le Ressemblant), 5:Maa El Ainaine, 6:Mohamed Fadel ben Bodali, 7:Mohammed ben Sad ben El Khattate, 8: Mohamed El Mamy Ben El Khattate; ceux-là sont de Achfag Ahmed ,9:Mohammed ben Okhteerha El Hassani, 10:Abdelkader Ben Mohammed al-Hassane El Majlissi, 11: El Zine ben El Hachimi El Semlali, 12:Essalem ben El Fadel Essebaaai, 13: Mouloud Ben A'Ali El TerKozi, 14:Ibrahim ben Moubarak, 15: Ahmed ben Bellaou, 16:Mohamed Mouloud Ben Sidi Ahmed ben Ahmed Mahmoud, et ceux-là sont de la tribu des Aazwaquits; 17 et 18: Mohammed et Ahmed El Almine, 19: Abdel Wadoud ben Mohamed Fell Benhammadi Es Sebai Ed Demissi, 20: El Mokhtar ben Abou Bakr Al Alami, ce dernier avait émigré de ses terres vers le Cheikh Maa El Ainine à Smara; et de Aït Oussa Ayate Boujemaa se trouvait 21: Bouzid ben Hamma Ben Ali el AïtOussi, 22: El Habib Ben Abdel Jalil, 23: Ahmed ben Mohammed ben EsSamlali Jarrari, 24: Mohamed ben Sidi Ahmed, 25: Abdel Hafed ben Laabid, et de la région des AïtOussa 26 et 27: Ayat et Abbane, le Commandant El Hassane ben Achbahou El AïtOussi qui fut gravement blessé à Sidi Bou Othmane et qui est décédé à Amentanoute, 28: El Abbassi Ben M'Hamed Ben Bani, 29: Al-Rowayhel ben Abdel Jalil, 30: Abdoul Rahmane ben Abdessalam Errami, 31: Oumailid ben Asswidi, 32: Maghafri ben Jid, 33: Awissi ben Khattari, 34: El Abkam Ben El Hussein, 35:El Keddali Sidi Ahmed Ben Ezzaoui,..
La stèle du souvenir de la bataille et de tous ceux qui sont morts. Elle fut construite non loin des deux marabouts, inaugurée le 13 janvier 1935 en présence du Résident général Ponsot, de la Générale Mangin, des Généraux Huré et Catroux. Puis elle a été démolie en partie probablement après l'Indépendance, seul le socle reste, mais en très mauvais état.
Photo Guy Uccello vers 1947 et photo Morad Daron en 2012
Les prises de guerre qui illustrent la défaite de Merebbi Rebbo.
Le parasol du commandement pris par le 4e Spahis, ainsi que l'étendard en tissu de couleur verte, les deux parties d'un canon Krupp de fabrication allemande avec des munitions. À gauche le fut du canon, à droite son affut. Les artilleurs de la colonne Mangin utilisaient des canons de montagne de taille comparable. (12 pour Mangin, 4 pour Merebbi Rebbo).
Deux Spahis furent décorés pour avoir enlevé des étendards aux troupes d'élites d'El Hiba. Ils appartenaient au 4e Spahis: le Maréchal des Logis Jules-Paul Cretenet et le Spahi Léon Martin.
Ci-contre: Les étendards d'El-Hiba pris par les Spahis.(photo P.Grebert)
Mouley Aomar Ben Hossein, "Jeune marocain de 14 ans. Il fut pris dans les rangs des dissidents à Sidi Bou Othman, son frère venait d'être tué à ses côtés. Depuis combattant avec les Spahis dans toutes les colonnes du Tadla. Il prit part à la terrible charge de Ksiba. Il fut trouvé pleurant à côté du Commandant Picard tombé en héros. Recuelli par un officier de Tirailleurs, il est encore à son poste et attend impatiemment son tour de partir à l'avant." Il y a lieu d'être prudent avec cette gravure qui a pu être éditée en carte postale dans un but de propagande.
À Marrakech les blessés sont soignés dans un palais non occupé et transformé en hôpital. (photo P. Grébert)
L'infanterie victorieuse campe à l'ombre des oliviers de la Ménara. (cliché P.Grebert)
Camp des Sénégalais au bord de la palmeraie. (Photo P. Grébert)
La préparation du camp du Sultan Alaouite Moulay Youssef la veille de son arrivée triomphale à Marrakech (Photo P. Grébert du 12 décembre 1912)
L'arrivée grandiose du Sultan Alaouite Moulay Youssef accueilli par les Marrakchis le 13 décembre. (photo Maillet)
Le cortege du Sultan Moulay Youssef lors de son arrivée à Marrakech (photo Maillet)
L'artillerie des Tabors marocains accompagne le sultan Alaouite.
La famille d'El-Hiba était très riche, elle recevait des dons, en particulier du sultan Moulay Abd El Aziz jusqu'en 1908. Le Sultan recevait El Hiba à Marrakech presque chaque année pour soutenir Smara. Moulay Al Hafid n'a pas pu continuer cette aide car les caisses du Maroc étaient vides, les impôts ne rentraient plus. Ce qui n'empêchait pas El Hiba et son père de se rendre populaires en dénonçant les impôts trop lourds. Mais le Cheikh Ma El Aynine et sa famille avaient aussi leurs propres ressources qui leur venaient du commerce des esclaves entre l'Afrique subsaharienne et Marrakech. La présence française aux côtés du Sultan Alaouite contrariait les intérêts de la famille Ma El Aynine qui étaient florissants avant que Moulay Al Hafid quitte Marrakech pour Fez. Curieusement le consul de France à Mogador-Essaouira avait reçu une demande d'El-Hiba au début de l'année 1912 pour devenir "protégé français". Le Cheikh Ma El Aynine, puis El Hiba avaient plusieurs maisons à Mogador-Essaouira. La maison surmonté d'une tour à toit conique dont on remarque la pointe depuis le port, appartenait à El Hiba. Les Ma el-Aynine possédaient également un magnifique Riad au quartier des Bouakher. Leurs descendants y séjournent toujours en particulier au mois d'aout (d'après A. Mana de Mogador). Avoir une carte de protégé d'une légation européenne permettait alors d'être considéré comme marocain quand cela apportait un avantage sur les droits plus limités des étrangers et d'échapper aux juridictions marocaines quand pour certaines dispositions il était plus intéressant d'être étranger: comme pour ne pas être inquiété par la justice marocaine, ne pas payer d'impôts et éviter le service militaire dû au Sultan. La qualité de "protégé" d'un pays d'Europe était très recherchée par les marocains. Parmi les pays européens, la France était celui, qui pour ne pas mettre le maghzen en difficulté, accordait le moins sa protection et M. de La Martinière (en 1900-1901 à Tanger) fit supprimer purement et simplement la qualité de "protégé français" à de nombreuses personnes susceptibles d'en abuser. Peutêtre que l'histoire du Maroc aurait été très différente si le fils préféré de Ma el Aynine avait obtenu ce qu'il avait demandé au Consul français de Mogador-Essaouira.
Essaouira se souvient de Ma El Aynine: "C’est du port de Mogador que Ma el-Aynine s’est embarqué, le 17 novembre 1906 pour Cap Juby, avec une partie de sa suite, un chargement de madriers de thuya destiné à la toiture de sa mosquée de Smara, ainsi que ses bagages, ses meilleurs mulets, chevaux, chameaux etc. Une véritable arche de Noé ! Un paquebot espagnol a transporté les hommes bleus, au Cap Juby, où il les a débarqué. Ils ont regagné par mer Terfaya, puis delà à dos de chameau, la ville de Smara."
Les notes des officiers de renseignements nous donnent des informations complémentaires: "Le fils de Ma el-Aynine est resté à Mogador avec 50 hommes. Il attend le complément d’une somme de 85 000 francs que son père devait recevoir à Marrakech. (...) Les 'nègres' de la suite de Ma el-Aynin, ont molesté un certain nombre de boutiquiers marocains avant de quitter Mogador. Le passage du grand marabout saharien a ruiné Mogador, qui s’était astreinte, suivant les instructions formelles du Sultan Moulay Abd-el-Aziz, à dépenser chaque jour 1500 pesetas pour subvenir à l’entretien des « hommes bleus ». Il est de plus en plus admis que les voyages annuels de Ma-el-Aynine aux provinces du Nord ont un caractère purement commercial, auquel les tendances religieuses ne s’adjoignent que comme accessoires..."
Les Mehallas du Sultan Alaouites Moulay Youssef prennent Taroudant en mai 1913 et en chassent El Hiba. Elles étaient composées de 600 cavaliers et 800 fantassins.
À l'occasion (19 juin1913) du retour et du défilé à Marrakech des Mehallas Chérifiennes victorieuses d'El-Hiba, dans le Sous, le Résident Général a adressé à S.M. le Sultan Moulay Youssef le télégramme suivant:
"J'apprends le retour heureux à Marrakech de la Mehallah victorieuse envoyée par Votre Majesté pour chasser l'imposteur qui troublait vos provinces du Sous. Je vous adresse mes respectueuses félicitations et profite de cette occasion pour vous renouveler l'assurance de mon concours loyal et dévoué afin de maintenir l'ordre dans votre Empire et d'accroître la puissance de votre maison fortunée."
Sa Majesté Moulay Youssef a répondu au Maréchal Lyautey en télégraphiant ce qui suit: "Notre Majesté est très sensible aux félicitations que vous Nous adressez à l'occasion de l'heureux retour de la Mehallah chérifienne. Les résultats obtenus par nos troupes dans le Sous ont permis de rétablir l'ordre dans cette contrée. Nous sommes persuadés que, grâce à votre concours loyal, dévoué et éclairé, aucun obstacle n'arrêtera l'action des deux gouvernements Français et Chérifien, dans l'oeuvre de pacification du Maroc."
Au sud de Mogador-Essaouira, le caïd el Haj Lahcen, successeur de Guellouli avait levé une Harka et s’était dirigé sur Agadir. Le 31 mai 1913 el Hadj Lahcen enlevait la citadelle d’Agadir. Ben Dahan, pacha de Tiznit, et Haïda Ou Mouiz, pacha de Taroudant, étaient maitres de ces villes et en avaient éloigné les derniers dissidents d'El Hiba.
Les Sultans Alaouites ont su construite l'unité du Maroc et aller vers la prospérité du pays et son indépendance, parce qu'ils ont compris que le Maroc ne se développerait pas sans concilier attachement aux valeurs de l'Islam et ouverture aux étrangers qui pouvaient être utiles au royaume.
Notes:
Voir aussi la collection Martin Vergé: le récit de la bataille par le Colonel Mangin lui-même
Un article de Pierre Genève sur Ma El Aynine et Smarna
Rachid Agrour, historien, fait une enquête en 2005 auprès des descendants d'El Hiba: "Tout de suite, à mes questions sur El Hiba, il tient avant tout à rétablir une certaine vérité. Il affirme la constante fidélité de ses ancêtres à la légitimité des Alaouites (...) En tenant ce propos, il ne fait que reprendre le discours de l’historiographie officielle. (...) Avouer que ses ancêtres avaient soutenu ce que les souverains de Rabat nommaient avec mépris un rogui, serait aujourd’hui maladroit ; il y a quelques années cela aurait même été dangereux." Voir l'enquête pour avoir la totalité du texte.
Abraham Lahnite (2011) est le responsable d'une erreur reprise par d'autres auteurs quand il écrit que le Colonel Mangin disposait d'une artillerie lourde. Un canon de 65 et un canon de 75 n'ont jamais appartenu à l'artillerie lourde, mais à l'artillerie légère de montagne et de campagne. Merebbi Rebbo disposait de canons de fabrication allemande semblables, mais n'a pas su s'en servir.
Des fouilles archéologiques, menées par Charles Allain, ont mis au jour en 1947 à Sidi Bou Othmane un complexe hydraulique datant du XIIe siècle et construit par les Almohades, comprenant: - deux barrages de retenue, - des conduites, - une série de 9 citernes disposées de façon parallèle. Ces citernes totalisent une capacité totale de 2 130 m3. Elles sont décorées de céramiques très anciennes dont certaines se trouvent conservées au Palais Badi de Marrakech (Charles Allain, 1951). Plus tard après restauration, la capacité des citernes fut réévaluée à 5 254 m3. Merebbi Rebbo avait installé son camp à côté des puits afin de s'assurer la possession stratégique de l'eau.