IL Y A CENT ANS UN MARÉCHAL DES LOGIS DEVIENT SOUS-LIEUTENANT EN QUELQUES JOURS

Le Maréchal des logis FIORI, sous officier dans l'artillerie, arrivé au Maroc en 1908, parlant l'arabe, accompagnait à la mi-aout 1912 le commandant Verlet Hanus. Le Maréchal Lyautey avait chargé cet officier de transmettre  de nouvelles consignes au Vice Consul Maigret en résidence à Marrakech. Leurs guides étaient de la tribu des Rehamnas. Après avoir pris contact avec le Consul Maigret et son chancelier M. Monge et devant l'annonce de l'arrivée des cavaliers du prétendant El-Hiba, ils cherchèrent à quitter Marrakech accompagnés du médecin du dispensaire le docteur Guichard, du lieutenant de police Haring avec les trois sous-officiers de son goum. Mais pris dans une fusillade où l'un de leurs chevaux fut tué, ils furent obligés de rebrousser chemin et de se réfugier dans la ville. Le 7 septembre 1912 ils sont libérés.

02+ 7 Seprembre 1912 

Cette carte postale de l'éditeur E. Michel porte le tampon du 7 septembre 1912. C'est un des officiers du 2e bataillon de Zouaves qui l'a écrite le jour de son arrivée sous les remparts de Marrakech. Merci à Bazooka Joé pour ce tampon historique.

El Hiba et ses hommes bleus avient pris le contrôle de la ville. Apprenant que des français se trouvaient à Marrakech, il demanda au Glaoui de lui livrer deux d'entre eux; mais en diplomates avertis ils refusèrent ce qu'ils considéraient comme un piège et choisirent de demander une audience à huit. Huit et non neuf, car ils décidèrent de laisser le Maréchal des logis Fiori dont El Hiba ne soupçonnait pas l'existence. Il devait rester incognito vêtu à la marocaine pour servir d'agent de liaison et de renseignement en cas de besoin. 

El Hiba fit attendre les huit français qui demandaient une audience, ils étaient dans une Kouba dont ils ne pouvaient sortir, mais El-Hiba ne les reçut pas et ils y restèrent trois semaines sans savoir le sort qui leur serait réservé. Le Maréchal des logis Fiori, habillé en arabe leur apportait à manger et leur faisait passer des messages avec la nourriture.

Mais Fiori ne s'était pas contenté de faire le porteur de messages, il prit l'initiative de discuter avec les servants des canons postés sur les remparts de la ville. Il fut même embauché pour placer les canons. Et en artilleur astucieux, il subtilisa les percuteurs des canons, de petites pièces indispensables pour tirer les obus et les fit disparaitre. Il semble qu'il fut fait prisonnier avant le 7 septembre car dans son dossier militaire il est écrit:" prisonnier à Marrakech où considéré comme mort, il réussit à se libérer et rejoindre les troupes françaises."

Canons_de-75

Un cliché du photographe Maillet montre deux canons Krupp de campagne de 75mm. Quand le Cdt Simon est arrivé sous les remparts de Marrakech un peu après 7 heures du matin le 7 septembre, ces canons et d'autres sont restés muets.

Une autre carte postale de la collection de Bazooka Joe a été envoyée par un soldat un an après, le 8 septembre 1913. C'est un témoignage sur la commémoration du premier anniversaire et sur la remise de décorations. La correspondance du soldat montre qu'il est de maniere récente au Maroc et qu'il en découvre la culture, elle comporte quelques erreurs de style mais son témoignage est particulièrement intéressant :
"Cher Oncle  Hier a eu lieu la fête du Ramdam. c'est à dire la fin du carème pour les arabes, mais ils n'ont pas le droit de manger, boire, fumer depuis 6h du matin à 6h du soir et cela dure 40 jours et ils sont bien contents d'avoir fini et comme on à célébré l'anniversaire de la prise de Marakech et toutes les troupes de Marakech ont passé la revue par le général Brûlard dans la cour du Sultan. El Glaoui. On était près de 10 000 hommes . Le général a décoré le drapeau des tirailleurs sénégalais de la Légion d'honneur. Puis il a présenté les troupes au Sultan. Il est passé à dix pas de moi . Il y a aussi le maréchal des logis d'artillerie qui a été nommé s.lieutenant. Il est décoré de la Légion d'honneur , le micham du Maroc, et de le médaille colonial . C'est grâce à lui que les Français ont pu entrer si facilement dans la ville et a sauvé la vie peut-être plus d'un miller d'hommes car il s"était habillé en arabe, s'étant embauché au Sultan pour placer les canons, a enlevé tous les percuteurs . Je crois qu'il a mérité la légion d'honneur . " 

Voir ci-dessous la carte postale écrite le 8 septembre 1913. Il est possible de l'agrandir en cliquant dessus. Merci à Bazooka Joe de nous avoir montré qu'un canon sans percuteur est moins dangereux qu'une sarbacane ou une tire-boulettes.

1912Percuteur02  

C'était la première fois ce 7 septembre 1913 qu'un régiment de Tirailleurs Sénégalais recevait un drapeau à son nom, avec en plus la Légion d'Honneur et il fut décidé que tous les régiments de Sénégalais auraient leur drapeau à leur nom. Le maréchal des logis Fiori était devenu Sous-Lieutenant en un temps record. Bazooka Joé se demandait ce que cet artilleur malin était devenu et pensait que probablement il avait disparu sur le front des Vosges en 1914 ou 1915 comme le Commandant Verlet Hanus le 29 aout 1914 au col de Mandray.

Etienne Fiori eut un parcours étonnant: Né en Corse en 1893, Fiori avait commencé sa carrière militaire au Maroc en 1908, et fut décoré de la Légion d’Honneur à l’âge de 20 ans pour avoir dérobé des percuteurs. Il travailla dans la police à Rabat avant de revenir en 1916 en France. Après l’armistice il fut nommé en Sibérie (?), puis il est appelé à Shanghai où il arriva avec le grade de capitaine d’artillerie. En 1919, Etienne Fiori était nommé commandant de la Garde municipale de Shangaï. 

Etienne Fiori, chef des services de police devient membre secret de l’Union Corse, créée en 1908 à Shanghai pour développer le trafic d'opium. L'Union Corse organise les relais de Saigon, Hanoï et Marseille pour exporter non seulement l’opium mais aussi l’héroïne. Le Quai d'Orsay commence à s'alarmer des liens entre le gangster Du Yuesheng et administration municipale. Le consul Paul-Émile. Naggiar est pourtant à l'origine de cette entente pour protéger la concession française. Les intérêts français achetaient même de l'opium à des producteurs chinois pour empecher que d'autres pays ou les nationalistes le fassent en vue d'obtenir leur soutien. Fiori sera fait officier de la Légion d'Honneur en 1926. Il est aussi titulaire de la Croix de guerre, de la médaille interalliée et de la médaille d'Or des Affaires étrangères. En 1932, une série de mesures d'épuration vise à assainir une situation devenue comprometante. Etienne Fiori sera demis de ses fonctions, il n'avait que 39 ans à l'époque. (d'après Flora Blanchon, 2005). Qu'est-il devenu ensuite ? Le gangster Du Yuesheng se serait vengé car cette épuration contrariait ses affaires. Il aurait empoisonné plusieurs personnes du consulat avec le champignon Ningbo. Le consul est mort de même que l'avocat du Pac de Marsoulies couisn éloigné du marrakchi Jean du Pac. Mais Fiori, gravement malade aurait survécu et aurait fini ses jours dans SA propriété de Cagnes-sur-Mer.

BAZOOKA JOÉ NOUS FAIT CADEAU DE PHOTOGRAPHIES PRISES PAR FLANDRIN, LE SPÉCIALISTE DES PHOTOS AÉRIENNES DU MAROC

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1- Le Guéliz: la grande avenue : ce n'est pas l'avenue Mangin. Qui reconnaît sa maison et les immeubles les plus caractéristiques ?

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2 - La place du 7 septembre 1912,... en diagonale l'avenue Mangin. La poste centrale n'est pas encore construite. Tout en haut l'avenue de Casablanca, prolongée à gauche par l'avenue de France. Qui repèrera son immeuble ou sa maison ?

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3 - Au premier plan le Guéliz civil avec l'Avenue Mangin, plus loin la rue du Commandant Verlet Hanus; puis au delà les villas des officiers dans la verdure. Plus à droite les immeubles blancs des casernes dont certains deviendront le LVH; au delà le Camp militaire Mangin.

QUELQUES ANNÉES PLUS TARD, ALORS QUE LE MAROC EST INDÉPENDANT DEPUIS TROIS MOIS, DES SPAHIS EFFECTUENT LEUR SERVICE MILITAIRE À MARRAKECH.

Christian PANNET recherche ses amis du 2e Régiment de Spahis marocains qu'il a connu entre juillet 1956 et novembre 1958, il participait à la transition comme d'autres coopérants français exerçaient dans l'enseignement pour les établissements scolaires marocains.

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Qui le reconnaitra et identifiera ses amis ? Christian est à gauche

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A l'heure où on écrit son courrier, Christian est le seul en tenue sportive. Photo prise à Marrakech ou en stage à Kasba Tadla.

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Christian Pannet recherche ses copains du 2e RSM et notamment André Garcia dit GARY, conducteur de chars EBR. Qui pourrait lui indiquer une piste pour savoir ce qu'il est devenu ? Gary pourrait se trouver au Maroc puisque c'est là qu'il habitait avant 1956. Les photos montrent quelques copains: Beauregard, Debandt, Jacques Godot, Daniel Hury, Maurice Halope, Denis Pumpel, Daniel Barguet, Pierre Dubus. Où se trouvent-ils sur les photos ? Merci d'enrichir les commentaires ci-dessous

Célébrer le 7 septembre, c'est marquer le début d'une histoire entre marocains et européens de Marrakech, en particulier les français venus habiter à leurs côtés en apportant leur culture, leur langue et leurs techniques. Une histoire qui a rencontré ses crises, mais aussi ses réussites, ses amitiés. Une histoire passionnelle qui continue différemment aujourd'hui. Merci à Bazooka Joé pour tous ces souvenirs qu'il réveille en nous par sa collection de cartes postales et de photos.