ANCIENS HABITANTS DU GUÉLIZ ET SÉJOUR AU RIAD BELOISEAU
LES SOUVENIRS DES UNS ENTRAINENT CEUX DES AUTRES, ET LE BLOG VOUS PROPOSE DEUX RÉCITS POUR RÉVEILLER LES MÉMOIRES. L'UN DE RENÉ MERLE, L'AUTRE DE ROGER BEAU. JOCELYNE ET FRANCIS ONT UN MERVEILLEUX RIAD: DOMINIQUE Y EST VENU, L'A VU, IL EST CONVAINCU !
Jean-Marc à qui le blog doit beaucoup de remerciements pour son iconothèque exceptionnelle et ses souvenirs, nous présente une photo d'avant 1948 au départ d'une compétition vélocipédique à Marrakech. Qui l'aidera à reconnaitre un troisième visage. Il en connait déja deux.
"Avant 1948. A gauche, René BERGER (Ex Maréchal des Logis, Négociant en Vins, et Défricheur de Targa ); au centre et le plus petit en taille, le frère du propriétaire du Garage Babaya, sur l' Avenue Mangin. C'était l'associé de mon grand père paternel (Vins et Liqueurs) et un Oiknine pour son nom de famille."
Qui nous parlera de ces courses d'amateurs dans les commentaires et qui reconnaitra d'autres visages ?
Jany a reconnu son papa, M. Melou tout à fait à droite et Albert Filloucat, le grand assis sur sa selle, (voir son commentaire).
Ces inconnus qui ont fait Marrakech : la famille MERLE
Mon grand-père paternel Tony MERLE est né à Montchal (Loire) le 19 novembre 1876, troisième d'une fratrie de six. Fils de tisseur, "un canut", il a exercé ce même métier difficile à LYON. Le 6 avril 1907, il épouse Amélie LEVISTE, tulliste. Ils appartiennent au vrai milieu ouvrier de l'époque.
En 1920 il rejoint à Marrakech un de ses plus jeunes frères, Marius, qui travaille comme "taxi longue distance" sur les pistes caillouteuses et poussiéreuses de la grande banlieue marrakchie. Puis il ouvre, rue des Oudayas, une alimentation générale "LE CHALET", une bâtisse en bois qui semble sortie d'un western.
Qui en 1925 avait de la famille à Marrakech ?
La capitale du Sud se développe et voit s'installer de nombreux pionniers issus de l'armée ou civils répondants à l'appel du Maréchal LYAUTEY, père du Maroc moderne.
En 1935 il acquiert une épicerie avenue Landais, dans un ensemble en dur, situé entre les Pompes Funèbres dirigées par Monsieur BERNIQUE et l'hôtel Franco-Belge. Les plus proches voisins sont les frères VALLIER, cavistes et MOULOUD, transporteur assurant la liaison MARRAKECH-ZAGORA. Plus tard il devient aussi propriétaire d'une stalle au marché-central du Guéliz ancré dans la mémoire des anciens et démoli depuis peu.
Ma grand-mère, Amélie MERLE est un petit bout de femme très énergique comme beaucoup de femmes de cette époque. Elle seconde son mari dans des conditions difficiles. Ces femmes méritent un hommage : leur rôle a très souvent été capital. Lyonnaise d'origine c'est une cuisinière hors pair. Aujourd'hui encore ma mémoire olfactive n'arrive pas à occulter l'odeur de ses incomparables quenelles.
De leur union est né, à Lyon, un fils unique, Claude. Il vit une jeunesse marrakchie ponctuée d'études primaires classiques et d'activités sportives : basket (ASM) et cyclisme (VCM).
Visages à reconnaitre de marrakchis de la classe 27.
Claude débute une carrière bancaire au Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie (1925 - 1941) puis à la BNCI "A" (1942 - 1950). Il finit directeur de l'agence de Marrakech. Entre temps il effectue son service militaire au fameux 2° RTM qu'il quitte avec le grade de lieutenant de réserve. Il poursuit son cursus bancaire à CASABLANCA et RABAT jusqu'en 1959. Il prend sa retraite à MARSEILLE comme contrôleur à la Banque Populaire Provençale et Corse.
Le 6 juillet 1935, à Marrakech, il unit sa destinée à Augusta TRESARRIEU-BESINCQ, nièce de Monsieur Auguste ARRIBE, l'un des pionniers de la capitale du Sud (1).
Ils sont déja à côté pour la première fois en novembre 1932 sur le photo du mariage Marcel Beau - Yvonne Faure.
Elle a quitté ses Pyrénées à la demande de son oncle devenu veuf, pour élever ses deux filles Renée et Suzanne, l'aînée, épousera Yvan DESCHAZEAUX, colon très connu à la Targa.
Ses nièces élevées, elle gère une mercerie rue des Banques en Médina. Claude et Augusta ont eu deux enfants : René (moi) et Jean-Claude.
Tony MERLE a quitté Marrakech en mars 1958, après trente huit années de présence continue sans jamais être retourné en métropole.
Amélie MERLE repose au cimetière européen, près de l'olivier de l'ASAM
(1) voir SALAM MARRAKECH n° 29 octobre /novembre/décembre 1990
Femmes et hommes qui ont marqué la ville de Marrakech.
Les familles PRIMAT, DUMONTEIL et MALLEVAL
Nous sommes au milieu des années 40. La paix a été paraphée hier et Monsieur ABERT, le directeur de l'école primaire de la médina nous a octroyé une journée de vacances. Nous quittons l'école en hurlant de joie, non vraiment à cause de cette guerre à présent achevée, et dont, jeunes écoliers, nous avions une conscience floue, mais plutôt pour saluer dans l'allégresse cette journée de congé imprévue, mais toujours appréciée.
Pour nous, les étapes furent claires :
- avant novembre 1942 (le 8 de ce mois là les Américains avaient débarqué sur les plages marocaines). C'était l'époque durant laquelle nos maîtres, tenus par des "conseils" sans doute très directifs, nous faisaient reprendre en cœur dans la cour de récréation Maréchal, nous voilà lors de la montée quotidienne du drapeau ;
- les journées suivant immédiatement ce fameux 8 novembre. Ce fut l'époque durant laquelle nous découvrîmes le chewing-gum et retrouvâmes le goût du chocolat ;
- la période postérieure. Pour nous, elle fut essentiellement marquée, par l'apprentissage de nouveaux chants : La Marseillaiseet La Victoire en chantant.
Mais quelles étaient nos centres d'intérêt essentiels en ces temps là ? Les jeunes d'aujourd'hui les appelleraient "les bandes dessinées", pour nous c'était "les illustrés". Ils avaient pour titre Coq Hardi, Pic-Nic, Tarzan, les Pieds Nickelés et d'autres encore dont je ne me souviens plus.
Et où les Mustapha, Guy, Coco, René ou Roger, entre autres, avaient-ils la chance de trouver ces journaux illustrés ? À la librairie-papeterie sise face au terminus des autobus de cette époque, et tenue par France PRIMAT. Il est vrai qu'à chaque début d'année scolaire nous nous y rendions avec nos parents pour l'acquisition des fournitures demandées par nos institutrices ou instituteurs respectifs.
Puis les visites, à la quête de nos illustrés, se poursuivaient tout au long de l'année. Cette dernière motivation aurait été notre réplique si quelqu'un nous avait questionnés, toutefois la vraie réponse, celle que nous jugions inavouable, était que nous éprouvions un véritable plaisir à aller consulter Mademoiselle PRIMAT, à admirer son sourire, à apprécier sa gentillesse. Nous étions sous le charme…Nous avions dix ans.
Lorsque, plus tard, nous avons abandonné les bancs de l'école pour intégrer le lycée Mangin, nous avons perdu l'habitude de rechercher chez France PRIMAT les livres et les cahiers nécessaires à la poursuite de nos études. Afin de satisfaire nos demandes, elle-même nous avait gentiment dirigés vers la librairie THIRIAT du Guéliz.
Plus tard, au tout début du mois de juillet 1954, rue de Reims à Casablanca, j'ai rencontré France et Edmond MALLEVAL, son époux. Nous avons évoqué quelques souvenirs. Ils m'apprirent qu'ils partaient en vacances pour la France, alors que moi-même me préparais à rejoindre Marrakech après une année scolaire à Casa. J'ignorais ce jour-là que j'étais vraisemblablement le dernier marrakchi à avoir rencontré France PRIMAT vivante. En effet, quelques jours plus tard j'apprenais que le couple avait eu un terrible accident le 12 juillet à Labarthe de Neste. France avait été prématurément arrachée aux siens de manière irrémédiable. Toutes celles et tous ceux avec qui j'ai eu l'occasion d'évoquer son souvenir ont partagé un moment d'émotion. La gentillesse de France, sa beauté, son charme avaient marqué nos esprits. La nouvelle était terrible. Je n'ai jamais eu l'occasion ni le courage d'en parler avec son époux.
Edmond MALLEVAL était un ami de ma famille. Il était, dans mes jeunes années, professeur à l'école industrielle d'Arset El Maach –on disait alors l'indus- école technique située à quelques pas de mon école primaire de la médina. C'était un homme d'un naturel tranquille et qui imposait le respect. Il était considéré comme un maître sévère mais juste. Ses anciens disciples admettaient ses exigences. Aucun d'eux n'a jamais émis le moindre regret de l'avoir eu comme précepteur. Tous reconnaissaient qu'avec monsieur MALLEVAL, le travail primait. Le chahut n'avait pas la moindre chance de naître. Pour eux, son enseignement avait été le gage de leur réussite.
France était la fille de Léon PRIMAT, un pédagogue bien connu des milieux enseignants de Marrakech. Il fut fondateur de l'école de la Casbah et délégué au Maroc de la MAAIF (Mutuelle Assurance Automobile des Instituteurs de France). Il avait créé une auberge de la jeunesse au bord de l'oued Reraï, route d'Asni, puis publié un condensé d'histoire et de géographie du Maroc que l'on pouvait trouver à la librairie THIRIAT. Pour réaliser cette œuvre, il mettait à contribution son épouse Marguerite, qu'il chargeait de l'élaboration des stencils. S'il a poursuivi ses activités enseignantes au Tchad, nul doute que son nom reste gravé dans la mémoire des anciens habitants de Marrakech…
France avait une sœur cadette que nous autre, les écoliers de la fin des années quarante, avions l'occasion de rencontrer parfois à la librairie : Hélène PRIMAT devenue, par les liens du mariage Hélène DUMONTEIL, au tout début des années cinquante.
Et comme si cette famille n'avait pas assez marqué de son empreinte notre capitale du sud, il me faut donner quelques précisions concernant encore un personnage de notre cité.
Monsieur DUMONTEIL avait exercé ses fonctions au sein des Affaires Indigènes. Stationné à Bou D'nib.
Il y avait pour mission d'assurer la sécurité des Berbères et des caravanes de Touaregs menacés par des rezzous de brigands venus du Rif, de Mauritanie ou du Niger. Plus tard, il devint directeur du Comptoir Métallurgique de la rue Bab Agnaou, en face du cinéma Mabrouka. Quel vieux marrakchi n'a jamais été quérir quelques conseils auprès de lui !
Voici quelques lignes extraites de ma mémoire, et enrichies grâce à la précieuse collaboration de Madame DUMONTEIL et de sa fille France que je remercie pour leur appui à l'émergence de mes souvenirs.
Salam Marrakech par cet article de Roger Beau en 2009 a pu honorer la mémoire de cette famille qui contribua à l'expansion de la ville de nos racines et à l'émancipation des jeunes de nos générations.
Cet article est diffusé ici avec l'aimable autorisation de ses auteurs et de Salam Marrakech, la revue à laquelle tous ceux qui se disent ancien marrakchi devraient être abonnés. Le blog accueillera volontiers des photos pour illustrer ces deux récits de souvenirs, même si elles ne sont pas tout à fait de l'époque. Il accueillera aussi d'autres récits de la même époque ou plus récents.
Merci à nos contributeurs Jean-Marc, René et Roger qui nous font plaisir en partageant avec nous leurs souvenirs.
DE CHANTALOUETTE À BELOISEAU,
UN ÉCRIN POUR SAVOURER VOS PRÉCIEUX SOUVENIRS:
Vous vous souvenez .. entre Philippe, Lalla Claudine et le Jean-Paul de Francine,... il y avait Francis et Josselyne. Josselyne qui avait participé à un reportage sur Chantalouette.
DOMINIQUE SCHOOFS A VOULU SE RENDRE COMPTE, IL EST REVENU CONQUIS DU RIAD BELOISEAU OÙ IL A SÉJOURNÉ PLUSIEURS JOURS.
DOMINIQUE VOULAIT MONTRER À SA FILLE LA VILLE DE SON ENFANCE QU'IL N'AVAIT PAS REVUE DEPUIS 45 ANS. (voir Dominique jeune)
Bel Oiseau: un riad de rêve !
Même si vous arrivez de nuit, c'est bien là l'entrée !
Après l'entrée, une vue d'ensemble du Riad Beloiseau
Un des sept bâtiments comprernant deux appartements
Vue intérieure d'un appartement
Autre vue extérieure des bâtiments principaux
Vue intérieure d'une partie du bâtiment
Autre partie intérieure du bâtiment principal
Francis et Josselyne Vanoverschelde,...
..les heureux propriétaires du riad.