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MANGIN@MARRAKECH
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5 avril 2013

MA BICYCLETTE À MARRAKECH

MARS 1911: UN CYCLISTE PROVOQUE UNE ÉMEUTE PLACE JEMAA EL FNA

Certains racontent qu'un cycliste fit en 1880 le trajet de Tanger à Marrakech, mais nous n'avons pas de photographie de cet exploit et nous ignorons le nom du cycliste. Il est fort probable qu'il se soit arrêté avant les remparts de la Ville rouge et qu'il ait considéré que Marrakech commençait à l'entrée de la Palmeraie car s'il avait franchi Bab Doukkala il aurait suscité plus d'une réaction, comme ce sera le cas 30 ans plus tard...

Quelques rares photographies existent de Marrakech en 1880 à l'époque du Sultan Moulay Hassan 1er. C'est l'occasion de montrer Marrakech tel que vous ne le verrez jamais plus.

LA PLACE DES FERBLANTIERS ET UNE RUE EN 1880

Place_ferblantiers_1880 MRK_RUE1880

Le Sultan Moulay Abdel Aziz fut l'un des premiers marocains à monter sur une bicyclette en 1901, mais il se gardait bien d'apparaître sur ce genre de destrier devant son peuple. Il s'entraînait à l'intérieur de son palais devant un public restreint trié sur le volet. C'est le photographe Gabriel Veyre qui nous a conservé l'image du Sultan en plein entraînement.

Le photographe fut embauché par le Sultan Moulay Abd El Aziz qui voulait apprendre à photographier son harem et à développer ses propres clichés. Gabriel Veyre lui apprit la photographie et bien d'autres techniques modernes. Il lui installa par exemple la première ligne téléphonique de Marrakech. Un livre remarquable sur Le Maroc de Gabriel Veyre 1901-1936 a été édité. Dans ce livre se trouve une photo du premier Sultan du Maroc sur une bicyclette et bien d'autres photos qui renseignent sur le patrimoine culturel du Maroc

veyre_Velo_AbdelAziz  Sa Majesté Moulay Abd el Aziz roule en tête.

On remarquera deux barques à fond plat servant de support au plancher surélevé. Les gouvernails de ces barques sont parfaitement reconnaissables. Ces barques avaient été construites pour des promenades sur le grand bassin de l'Aguedal.

Moulay Al Hafid prend le pouvoir à la suite de son demi-frère Moulay Abdel Aziz, mais ne s'adonnait pas au sport cycliste.

UN RÉCIT CENTENAIRE DE MADAME REYNOLDE LADREIT DE LA CHARRIÈRE

Mme Reynolde Ladreit de Lacharrière était à Marrakech en mars 1911. Nous reproduisons ici un extrait de ses notes de voyage de seulement trois jours du mois de mars 2011.
19 mars 1911 - Il est arrivé des nouvelles de Fez: des troupes de renfort partent pour Casablanca.
Vers cinq heures, comme nous traversions la place Djema el Fna, un Européen à bicyclette débouchait suivi par des gamins: tout à coup la foule se met à courir derrière lui, puis les cris de rage se font entendre, les indigènes autour de moi, ceux qui écoutaient les conteurs, se précipitent comme des fous; la place blanche de monde oscille, l'individu disparaît, les pierres se mettent à voler et les hurlements féroces continuent; je suis saisie devant cet extraordinaire changement de la populace paisible tout à l'heure et je ne songe pas à m'en aller. Nous avons tout à fait l'impression de ce qu'a dû être l'assassinat du docteur Mauchamp. J'ai peur que la victime n'en réchappe pas. C'est vraiment ridicule de sa part de se promener ainsi: les indigènes n'ont jamais vu une bicyclette. Pour eux, tout ce qu'ils ne comprennent pas est une invention du diable. Mon mokhazni s'est sauvé en m'abandonnant. Allel que nous avons rencontré dans les souks a voulu à toute force nous accompagner et reste près de moi; au loin les clameurs continuent.
20 mars: Je pars avec le mokhazni, Ben Djilali l'interprête et El Kébir un serviteur, au Dar el Maghzen à gauche des trois grandes places vides aux murs crénelés l'Agdal; nous sortons de la ville par Bab el Kasba, et longeons Seridj el Bogar, très grand bassin, surélevé d'une dizaine de marches. Il paraît que l'eau est très profonde. Derrière nous, Marrakech, ses maisons, ses murailles et la Koutoubia se détachent en silhouettes sur le ciel. Le mokhazni est furieux, Ben Djilali me fait remarquer qu'il a laissé son capuchon pour cacher sa chechia en pointe, insigne de sa fonction, il ne veut pas être vu avec des chrétiens; c'est pour cela qu'il ne voulait pas me conduire au Dar el Maghzen, car cette partie de la médina n'est pas sous la dépendance du Pacha... Nous rentrons par la pluie battante, les rues pleines de boue sont transformées en torrents.Ladreit_Riad_Zitoun


Il paraît que trois marocains auraient poussé le bicycliste d'hier dans un fondak pour le soustraire à la foule, il s'est sauvé par les terrasses. Des femmes affolées en le voyant surgir poussaient des cris de détresse. La bicyclette fut anéantie par les indigènes qui finirent par se battre entre eux, trois furent tués. Le consul (M. Maigret) l'ayant fait comparaître, l'a fortement attrapé et le fera expulser en cas de récidive, car il peut exciter par ses imprudences les indigènes contre les européens. Les mokhaznis du pacha ont hier fortement bousculé la foule hostile, un d'eux fut poignardé, d'autres sont en prison et les cafés de la place seront fermés pendant trois jours; décidément Hadj Tami a de la poigne.
21 mars: Le ciel est aujourd'hui sans nuage, nous montons sur la terrasse de notre logis, la vue est très belle, l'Atlas avec ses sommets neigeux se découpe nettement et semble tout proche. Nous rejoignons le Consul et Mme Maigret pour assister au mariage du fils Corcos. Les rues du Mellah sont transformées en marécages, la boue noire et gluante gicle au passage des bêtes.
( suivent plusieurs pages sur la description de la réception à l'occasion du mariage. La journée est presque terminée quand Madame Ladreit de La Charrière prend congé de ses hôtes - la carte postale illustre comment les rues pouvaient être transformées en marécage à l'époque)
Nous partons pour la Kaïssaria, sorte de galerie couverte bordée d'échoppes au centre de la Médina. Un Dellal, crieur public, récite la prière, tandis que d'autres tenant leurs mains ouvertes devant eux répondent en invoquant Sidi-bel-Abbès, patron de la ville, puis portent leur main à la bouche et à la poitrine. La vente aux enchères commence alors. Les crieurs passent dans la foule qui s'écarte, les bras couverts de caftans, les mains pleines de bijoux ou de koumia, en répétant la dernière enchère. Dans un coin, des tapis crasseux entassés. Nous sommes mèlés à la foule, les regards ne sont pas hostiles, curieux seulement, et quelques habitués même nous saluent.
22 mars:  Réception chez Moulaï Rechid (oncle du Sultan Moulay Al Hafid)

A Mogador le "Seul cycliste du Sud du Maroc" sur Cycle Bradbury n'avait pas déclanché d'émeute, mais le contexte était différent de celui de Marrakech. Mogador était un port habitué aux nouveautés apportées par les européens.

premier_cycliste_mogador_Bradbury 

Pourtant plus tard l'engouement pour les deux roues ne se démentira pas à Marrakech...

velo_medina cycle 

...notemment en médina.

LA BICYCLETTE DE LA LIBERTÉ

Pour les jeunes européens de Marrakech disposer d'une bicyclette donnait une liberté considérable. Marrakech est une ville relativement plate, la bicyclette se pretait aisément à toutes sortes d'itinéraires.

Pour aller à l'école ou au lycée, pour sortir avec d'autres jeunes, pour se rendre à un rendez-vous, pour faire des emplettes, pour se promener dans la palmeraie,.. la bicyclette élargissait considérablement notre rayon d'action en dehors de la surveillance parentale.

veyre_0001 veyre_velo 

Michel (photos de 1949 et de 1953) raconte: "A l'âge de huit-neuf ans je ne possédais pas ma propre bicyclette, mais j'avais le droit d'utiliser celle de ma mère, un vieux vélo de femme Peugeot, apporté de France où il avait servi sur les routes, parfois minées du Midi occupé. C'était un vélo unique à Marrakech car les jantes de ses roues étaient en bois; un beau bois vernissé, probablement du hêtre. Pendant les premiers temps ce fut un destrier magique, puis avec la chaleur de Marrakech les jantes retrécirent et il arriva de plus en plus souvent que les pneus déjantent. Cela m'a contrarié souvent quand j'étais obligé de m'arrêter et de voir les copains poursuivre leur course. Jusqu'au jour où j'eus l'idée de rouler dans les séguias de temps en temps, quand j'en trouvais. Le remède fut efficace, le bois gonfla et mes roues ne déjantaient plus. Mais je n'eus de cesse d'améliorer mes performances scolaires afin de pouvoir disposer en récompense de mon propre vélo tout neuf."

Si vous avez des photos avec votre vélo, merci de les partager en vous signalant au blog par le lien "contactez l'auteur" en haut et à gauche de cette page..

Cette page est ouverte aux souvenirs des promeneurs cyclistes de Marrakech. Merci à ceux qui partageront des récits de souvenirs à commencer oar Christian M...

velo_Christian_ilot_vauban Christian et son vélo, en compagnie de son "grand frère" DIA MAKA (23e RIC) au Camp Mangin, îlot Vauban

"Ce vélo m’avait été offert par un oncle qui, lui, était un adepte de la petite reine quoique garagiste auto… Il m’a donc suivi ( le vélo ) lorsque nous sommes partis au Maroc ( un vieux rêve réalisé de mon père qui s’était juré y revenir un jour ).

Premières utilisations à Agadir où plusieurs fois par jour je «  faisais «  Le camp Haïda ( Founti ) / Talborj/ la ville / la plage / les environs et retour histoire de me fabriquer des mollets. Puis, direction Marrakech.

Et le fameux vélo a suivi. Bien entendu, la principale utilisation fut la liaison «  Ilôt Vauban / Collège Technique quatre fois par jour…en utilisant la piste cyclable ( une de chaque côté du boulevard de la 4è Molo-Molo.)  Avec arrêt obligatoire à chaque levée ou amenée des couleurs – la plupart du temps celles du Quartier des Artilleurs devenu le Lycée Victor Hugo que je n’ai pas connu.

D’où perfectionnement dans la fabrication des mollets grâce aussi aux courses avec Bernard H. et Paul P. ( qui, lui, ne se souvient de rien ou feint ne pas se souvenir …mais, passons ) et avec les Marocains de passage qui n’étaient pas les derniers à s’y frotter !

Au Collège, le vélo était confié à la surveillance vigilante du gardien qui se démenait comme un beau diable pour assurer un semblant d’ordre ! ( aujourd’hui, les motos et les mobylettes ont remplacé les vélos ). Il y parvenait. Pas un vélo, à ma connaissance, n’a jamais été volé !  Même pas les plaques qu’il fallait aller chercher chaque année aux Municipaux…

Les réparations se faisaient à la maison. Mais je n’ai jamais été foutu de dévoiler une roue. Alors, direction le P’tit Souk où le mécano spécialisé faisait ça très bien. Ce qui me permettait de me taper quelques sfings en attendant que ça se passe.

Les retours de piscine ( troupe et sous-off’ ), eux, nécessitaient un arrêt obligatoire chez le marchand de brochettes face à l’ Etat-Major et chez l’épicier vendeur de gazouzes bien fraîches au litre !  On roulait moins vite…

Parfois, un vertigo et direction le barrage Cavagnac pour aller prendre un bain…en cherchant bien l’abri d’un camion militaire comme coupe-vent. A défaut une mobylette quand pas de Solex.  Ce vélo servait même à aller chercher des œufs et des bibis ( dindons ) à la Targa…

Puis nous sommes partis à Rabat ( les FAR ) où toujours le vélo faisait fidèlement son office. Ça parait pas, mais Rabat, c’est pas plat non  plus…   en plus nous habitions avenue de Casablanca ( Kébibat ) et tous les dimanches j’allais chez l’oncle ( un autre ) qui habitait bien au dessus du Méchoir…( c’était l’oncle Goumier qui parlait l’arabe et le berbère avec l’accent de Toulouse et qui m’a appris le pluriel de «  lalla «  )

Top_blog_8avril

Et direction la France… : Alger.  Sans le vélo qui a fait le bonheur d’un Marocain ami après avoir fait le mien…et mes mollets que je continue d’entretenir à vélo…mais d’appartement ( la flemme de sortir celui qui est à la cave.)."

Merci à Christian pour ces souvenirs partagés. Il ajoute: "Michel Z. était aussi un mordu du vélo. Sauf que lui, il était inscrit dans un club ( lequel ? ), faisait des courses et nous a fait baver comme des fous quand il a reçu son premier Bertin."

Qui nous parlera des réparateurs de vélos comme Bouzbouz ? Qui nous racontera les secrets de la Palmeraie à bicyclette ? bicyclette à mollets ou bicyclette à moteur ?

En ce 8 avril, VOTRE BLOG a été à nouveau sélectionné par Canalblog pour cette page parmi les cinq "TOP BLOGS". N'oubliez pas de voir aussi les excellents commentaires ci-dessous de Jean-Louis, Nana, Christian, Monique,.. et ...

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Commentaires
L
Sbal kheir à toutes et à tous. Je suis un vieux marrakchi, qui a bien connu la base 707, mais c'était pendant la guerre. A tout hasard, je vous signale qu'il existe une association des anciens de MRK. je vous en donne les coordonnées si cela vous intéresse: Salam Marrakech robert.mrk@orange.fr Bslama !!!
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A
Avec retard mais en toute amitié "Joyeux anniversaire" Michel,<br /> <br /> Pour Francine -Sic "Je rejoins "Nana" ??, je me dévoile : Anne Massart dite Nana<br /> <br /> Pensées amicales aux Marrakchi(e)s.
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P
Je suis en retard! Je découvre une date importante................ Bon anniversaire MICHEL. Plein de joie, de douceur, de bonheur pour toi cher animateur de ce blog..<br /> <br /> Merci de toujours nous faire rêver.<br /> <br /> Je t'embrasse. Patricia du 69
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B
bon anniversaire, Michel...je reviens de Marrakech et aussi d'ailleurs.....vélos et mobylettes ne manquent pas;..j'enverrai des photos aux deux blogs des deux Michel..;<br /> <br /> amitié
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J
MABROUK sidi Michel ! Nous restons fidèles à ton blog et à son animateur , Meilleurs voeux pour l'année que tu débutes, nous t'accompagnerons toutb au long ! Inch Allah,<br /> <br /> Jean Louis
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