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MANGIN@MARRAKECH
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21 février 2014

SOUVENIRS DE L'OUKA

GÉRARD MULLER NOUS FAIT LE PLAISIR DE PARTAGER SES SOUVENIRS D'ALTITUDE DANS L'ATLAS

L'Atlas fascinait les marrakchis, notamment quand il se parait de son grand burnous blanc. A l'occasion des vacances scolaires d'hiver et de printemps la puissance d'attraction de la station de l'Oukaïmeden était colossale. 

marrakech-vue du bastion du Djebel Guéliz- 1957 Marrakech et l'Atlas depuis le bastion du Djebel Guéliz (cliché Maurice Calas, communiqué par S.& R.Perrenoud

Gérard MULLER, dont les parents tenaient le magasin GEDA au n°37 de l'avenue Landais, raconte:

Gérard_MULLER_1955

Oukaimeden 1955

Au bas des grands sommets de l’Atlas marocain, la neige n’était pas si rare qu’on pourrait le penser aujourd’hui. Une base militaire avait ouvert la voie sous la forme d’un « bordj », une bien pompeuse appellation pour un refuge bien loin des citadelles militaires. Le bordj fût accessible aux premiers montagnards par des chemins longs, durs et dangereux. Puis le sentier s’élargit pour laisser passer les premiers quatre roues. L’asphalte en était absent. Les avalanches de neige, les chutes de rochers étaient assez fréquentes pour devenir une habitude. Lorsqu’il fallait redescendre à Marrakech, combien de fois Rambaud ou Besson ont demandés aux gamins de prendre leur barda afin de franchir à pied les zones ou la route avait momentanément disparu. J’avais, ces jours-là, coutume de me faire porter pâle. J’avais horreur de ces marches prolongées et c’était, de surcroit, une occasion inespérée de déserter, un jour ou deux, les cours du lycée en attendant dans la montagne que la route fût rouverte.

Cette photo n’est donc pas le témoignage d’une transhumance forcée. Elle est associée dans mon souvenir à un séjour des éclaireurs unionistes dans un chalet de pierre confié à la patrouille des Cigognes dont je ne devais pas être encore le chef (étais-ce Claude Seguin ?).

L’anecdote amusante, c’est que le chalet spartiate n’avait ni chauffage ni éclairage. Nous avions des lampes à acétylène qui en faisaient office. L’une d’elle, mal éteinte, avait consumé le reste de la nuit sans que l’on s’en aperçoive. Au matin nos visages, seules parties non protégées à l’intérieur des sacs de couchage, étaient couverts d’une suie grasse et noire qui nous maquillait durablement en petits ambassadeurs de « Banania ».

J’ai fréquenté depuis les plus beaux chalets des Alpes. Aucun ne pourra jamais rivaliser avec ceux de notre enfance. Rien ne nous était du. Tout se méritait. L’effort, le froid, le manque de confort et la bouffe très moyenne étaient notre lot, garant de moments fabuleux de jeunesse, à la fois simple et riche d’aventure.

 Chacun a ses madeleines. Le vent dans les fils électriques me rappelle encore les nuits de tempêtes sous les toits du SJS. Le CAF est définitivement le lieu de mes premières cigarettes. Au bas du C.C.C. je revois le soleil d’un matin frais dans une chevelure bouclée. Le petit télé-fil restera le lieu d’un drame ou mon frère faillit perdre la vie. Au bas du téléski moyen, il fallait faire montre de virtuosité pour arrondir son dernier « christiania » devant les belles Michèle, Gilou ou bien Brigitte.

De la table d’orientation, Marrakech était si belle que nous savions, d’instinct, en être amoureux toute notre vie.  

Il y avait un club au-dessus de « Chez Juju ». Quel était son nom ? « Les deux Corbacs » ? « Les Choucas » ?  C’est là que j’ai osé, un verre de vin aidant, embrasser une jeune pharmacienne alors que la lumière s’était pudiquement éteinte à minuit un soir de réveillon. C’était si bon que j’avais poursuivi alors que la lumière était revenue. La jeune femme était splendide dans ses trente ans. J’en avais seize ! Son fiancé n’avait pas apprécié. Il était du genre costaud de la race des molosses. Il m’avait pris au col et par le fond de mon pantalon pour me faire traverser la salle en vol plané. Contre le bar ou j’avais terminé mon atterrissage forcé, je me suis retourné. Je claquais des dents mais j’ai brandi mes petits poings. Ça l’a fait rire et le rire désarme. Je m’en suis bien tiré….

Moins bien avec la belle pharmacienne. Dès le lendemain, elle voulait conclure ! Je n’avais pas seulement idée de ce que j’avais à faire et de comment m’y prendre. Je me suis enfui pour ne pas avoir à avouer mon état de jouvenceau ignare. Je le regretterais encore aujourd’hui si je n’aimais pas ce qu’il y a de (romantiquement) inachevé dans ce rêve (subtilement) inassouvi !!!

Crans-Montana - Le samedi 15 février 2014   Gérard Muller

Merci à Gérard pour avoir partagé ses souvenirs de ses quinze ans. Chacun pourra évoquer des épisodes comparables au même âge. Peut être même que certains prendront le temps d'écrire pour partager à leur tour leurs souvenirs marrakchis.

Pour illustrer le récit de Gérard, nous avons retenu une photo du chalet du CCC.

MRK Environs Ouka2740 m et djebel ANGOUR Devant le Djebel Angour(3616m) le chalet à 2740m (cliché Maurice Calas, communiqué par S.&R.Perrenoud) 

Sur la route qui conduit à l'Ouka on trouve toujours un panneau publicitaire coloré... plus de lampes acéthylènes mais la Wi-Fi, comme à Crans Montana.

Chez-Juju_Ouka-Anghour Il est même possible de téléphoner...

11 Devant chez Juju Une carte postale, devant chez Juju vers 1955.

Maurice CALAS se souvient aussi de la table d'orientation du TCF

table-orientation 4  Maurice  a spécialement  resaisi quelques images d'un film en 8mm où figure André BESSON en été à l'Ouka

André-Besson-Ouka André Besson, moniteur d'escalade en été.

André-Besson-Toubkal André Besson, plus haut que le Toubkal

André-Genevieve-Besson André et Genevieve Besson nourrissant un chouca.

genevieve Besson Geneviève Besson à qui nous devons un Chkoun Ana passionnant, (29 fevrier 2012) conseille au chouca de regarder la caméra de Maurice Calas..

la foto-silva

Genevieve en 2014 se promenant dans la forêt Amazonienne se souvient des amis de Marrakech.

Georges GOMEZ ajoute quelques photos des années 50 illustrant ses souvenirs de l'Ouka et y joint ses amitiés aux Marrakch'amis:

Georges_Gomez-Ouka-2894

"Ma prise de contact avec les pistes de l'Ouka s'est soldée par la rupture du croisé antérieur de mon genou gauche."
Serait ce la même blessure en plus  profonde que celle du champion olympique de snowbord Pierre Vaultier ? 

Oukaïmeden1750 La neige semble abondante et pourtant la blessure peut survenir

skis-ouka-751

On distingue les skieurs près du moyen téleski. Mais le grand téleski ne semble pas ouvert.

Ouka_752

Merci à Gérard MULLER, ainsi qu'à nos photographes pour ce voyage dans nos souvenirs. On se rapportera aussi à d'autres souvenirs et photos de l'Ouka en écrivant "oukaïmeden" dans le moteur de recherche, colonne de gauche en dessous des archives et avant les derniers messages. On retrouvera aussi sur ce blog la présentation du roman de Gérard Muller "Séismes" qui commence en 1958 à Marrakech.  Voilà un encouragement pour que chacun raconte ses souvenirs et partage ses photos.
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Commentaires
C
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Un p'tit brin de nostalgie...:<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-samedi-1-mars-2014_536779.html*<br /> <br /> <br /> <br /> Aller directement à 29:24mn !<br /> <br /> <br /> <br /> Plein écran, plein les yeux et découvrez ce qu'est le snobisme !<br /> <br /> <br /> <br /> Je parie un régime de dattes contre un couffin de karmouss nçara que les " nouveaux colonialistes " sont repartis sans savoir ce qu'est un sfeng ou des pépites !<br /> <br /> <br /> <br /> Allez...yallaho !<br /> <br /> <br /> <br /> Zido el gouddam.<br /> <br /> <br /> <br /> ChM
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M
J'ai acheté le bouquin de Gérard Muller et je me suis régalée. Marrakech nous ensorcellera toujours. Il y avait l'Ouka avec neige mais aussi l'Ouka sans neige !!! Nous y allions avec l'ancienne ambulance de l'armée achetée par mon parrain, Jean Caillères, et complètement transformée à l'intérieur. C'était épique. Que de souvenirs.<br /> <br /> Amitiés et bises.<br /> <br /> Monique DUCOU-DEPRET
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C
"GÉRARD MULLER NOUS FAIT LE PLAISIR DE PARTAGER SES SOUVENIRS D'ALTITUDE DANS L'ATLAS"<br /> <br /> <br /> <br /> Ouf !<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai eu peur.<br /> <br /> <br /> <br /> Un instant, j'avais lu " Gérard Miller ", l'intellectuel de broussailles...<br /> <br /> <br /> <br /> Michel, tu n'as pas pitié de mon pauvre cœur...!<br /> <br /> <br /> <br /> Marrakchiamicalement<br /> <br /> <br /> <br /> ChM
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C
Je voudrais signaler -A- au sujet de la photo le djebel Angour à 2740 m (collection Perrenoud ) je relève trois erreurs .-1-cette photo fait partie de la collection de Maurice Calas comme celle de Marrakech vue du bastion avancé du djebel Guéliz (détruit en 1971/72 par l'exploitation de la carrière) -2- l'Angour culmine à 3616 m (carte d'état -major)- 3- c'est le chalet des choucas qui est entre 2600 et 2700 au bord de l'assif Irhen. longé par la piste de Tachdirt qui passe par le tizi N'ou Addi à 2956 m.- B- autre petite erreur les photos tirées du film de Maurice Calas on été filmées en 8 m/m le super huit n'existait pas encore il est venu une dizaine d'année plus tard et il avait une meilleur définition. - C- j'ai fait un montage de films 8 m/m sur l'ouka entre 1953/56, un montage sur une colonie de vacance tournée vers l'alpinisme avec Mr Besson, d'où les photos, et un montage ou se mélanges des clips de stages d'alpinisme du SJS de 1954 et 55 Je peu à l'occasion en tirer des copies sur DVD au format MJPEG 2 lisible sur les PC et les lecteurs de DVD. - D- Merci à Geneviève pour ses précisions sur le Bordj d l'Ouka -E- félicitation à Michel de Mondenard pour les agrandissements parfaits sans pertes de définition des photos du film d' initiation à l'alpinisme de la colonie de vacance du CPJ .-F- Je salut Tous les amoureux de <br /> <br /> l'ouka qui a été pour nous une école d'efforts, de persévérance, et de camaraderie.<br /> <br /> -- Maurice Calas --
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G
Quelle agréable surprise ! La photo avec mon père et le Chouca : je devais avoir environ 7/8 ans... Merci Mr.Gérard Muller et Mr Calas pour ces beaux souvenirs.<br /> <br /> Une petite précision sur le Borj <br /> <br /> c était un établissement exclusivement militaire et à l époque dépendait de l EHM (École de Haute Montagne de Chamonix) et mon pére en tant qu officier de l armée française avait été envoyé à l ouka pour enseigner le ski et la montagne pendant une période de 4 ans environ .Les pilotes et officiers de la base militaire de Marrakech venaient faire des stages .Il y avait également des stages de Tiralleurs Marocains et sénégalais qui avaient pris part à la seconde guerre mondiale .Ensuite mon pére est passé dans le civil et à été embauché au SJS sous les ordres de Mr. Rambaud.<br /> <br /> Table d orientation du TIZERAG<br /> <br /> Mon père avait construit le chalet le plus haut de l Ouka , au milieu d ´immenses blocs de pierre . Durant les après-midi du mois d août nous les 4 enfants Besson ( 10, 9 , 8 et 6 ans ) nous montions seuls à la table d'orientation pour regarder le spectacle : d un côté ,le surplomb très dangereux ( 1000 mètres ou plus je crois ) donnant sur la plaine de Marrakech offrant un coucher de soleil rouge et ocre , éblouissant de lumière .De l autre côté la vue sur l Angour rosé. Sur la droite les azib de pierre noircies par les feux de bois ,grouillants de bergers qui revenaient pour le dîner du soir . Et au creux du plateau vert foncé des centaines de vaches ,moutons et chévres ,troupeaux venus de tous les coins de de l Atlas , en transhumance , manger l herbe miraculeuse issues de la fonte des neiges du dernier printemps.<br /> <br /> Après nous descendions en courant les 500 mètres qui nous séparaient du chalet car la nuit arrivait à toute vitesse , et il est vrai nous avions un peu peur, pour rentrer au chalet épuisés et mort de faim : une bonne soupe savoyarde très chaude nous attendait. Ce sont mes souvenirs d enfant dans le haut Atlas marocain .<br /> <br /> <br /> <br /> A très bientôt <br /> <br /> Geneviève Besson
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