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MANGIN@MARRAKECH
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2 septembre 2014

LES DERNIÈRES CARTES POSTALES DU PHOTOGRAPHE FÉLIX

LE COLLECTIONNEUR HALFAOUI PARTAGE AVEC NOUS SES TROUVAILLES.

A-Dubois-chapelle-provisoire-Guéliz-1918-n20

Beaucoup de photos anciennes de Marrakech se trouvent sur le site Marrakech au début du XXème siècle. Le collectionneur Halfaoui vient d'y publier une centaine de ses nouvelles acquisitions parmi lesquelles se trouvent quelques perles. Nous signalons en particulier une carte postale de la première Chapelle du Guéliz prise par le photographe Dubois en 1918. Cette chapelle provisoire en planches fut inaugurée en septembre 1913 et remplacée dès 1919 par la Chapelle située près de la Gare ferroviaire, rue Regnault (rue El Hassan ben M'Barek). Nous avons  déja parlé sur le blog (en mai 2011) de cette première chapelle (voir les éditions Sancan-Dubois). Il faut aller voir le site d'Halfaoui qui possède aussi un site sur Les Juifs au Maroc au 20e siècle. 

Nous avons trouvé dans le "Petit Marseillais" de l'époque, le récit d'un officier de Tirailleurs Algériens écrivant ses souvenirs de la messe du 21 septembre 1913:

 Une Messe au camp de Marrakech

Camp de Marrakech, 25 septembre 1913

“La messe sera célébrée demain, à 7h30, au Guéliz” (Rapport du commandant du camp du Guéliz.) – J’irai!

Il m’est sans doute arrivé quelquefois en France, de manquer la messe. Mais ici rien n’empêche d’y assister, et puis, une certaine curiosité me pousse à voir ce qu’est une messe au camp.

À 7h30, je me dirige vers l’allée des souks. C’est près de là, m’a-t-on dit, que se trouve l’église. Je cherche vainement, je m’enquiers; enfin, l’on m’indique une baraque en planches que rien, d’ailleurs, ne différencie de ses voisines. C’est là pourtant la chapelle, à côté de laquelle passerait pour une cathédrale la plus pauvre église du plus pauvre hameau de France.

Quelques voliges mal jointes forment une pièce de 9 à 10 mètres de long sur 6 mètres de large; de simples chevrons constituent la charpente, et les fermes, placées tous les trois mètres, sont contreventées par des planchettes provenant de caisses de conserves que l’on a démolies. À mi-hauteur, une lisse horizontale de renforcement partage en deux les parois; les panneaux inférieurs sont, comme le sol, tapissés de nattes en jonc. Sur l’un des grands côtés, une porte; sur l’autre une porte et une fenêtre à volet-trappe, qu’un manche de pelle tient soulevé. Une couverture en tôles ondulées complète la modeste  construction.

Combien nous sommes loin des monuments superbes dressés sur le sol de France!  Néanmoins, on prie aussi bien entre les planches de l’humble baraque qu’entre les murs dorés de certains temples où les richesses sont répandues à profusion.

À l’une des extrémités de la pièce, une table en bois blanc est installée sur une petite estrade. À gauche se dresse un paravant percé d’un petit guichet, avec un rebord pour s’accouder: c’est le confessional. Quelques bancs de bois constituent tout l’ameublement. Pas de tableaux, pas même d’images: c’est la parole nue, plus encore peut être que celle de l’étable où naquit un Dieu. Mais si le décor inférieur est pauvre, combien riche est le tableau qui parait par la croisée entr’ouverte !  On aperçoit au loin le fort du Guéliz; de hauts palmiers silhouettent leurs larges feuilles sur le ciel bleu et d’énormes bouquets de dates, encore vertes, pendent lourdement vers le sol; les marabouts alignés tachent de blanc la terre rouge. Ici, des Sénégalaises vont, ayant sur leur tête d’immenses baquets pleins d’eau; là, sans autre costume qu’un lambeau d’étoffe autour des reins, d’autres préparent le couscous. Une multitude grouillante et criarde de petits négrillons, dont le soleril éclaire la nudité, s’ébat au milieu des tentes, tandis que, tout à leurs devoirs militaries, les tirailleurs sénégalais circulent rapidement portant respectueusement la main à leur chéchia quand ils passent devant l’humble chapelle. 

Le père capucin qui officie régulièrement chaque dimanche – un dimanche au Guéliz, un à Dar Beida – arrive au trot de sa mule. Il porte un petit coffret qu’il dépose sur la table formant reposoir. Dans ce coffret sont contenus les objets nécessaires à la célébration du saint Sacrifice: linge, crucifix, calice, etc…

De la boîte ouverte il fait un autel: le couvercle levé verticalement et supportant un christ doré forme un fond tapissé de rouge sur lequel se détache un triptyque sacré. Un petit livre s’apuie sur un minuscule pupitre: c’est le missel. De chaque côté de l’autel, une bougie brûle dans une lanterne.

Un coup de sonnette et la messe commence.

Pas d’enfant de choeur, pas de chants, pas d'apparat.

Le soleil entre par la porte grande ouverte et passe aussi à travers les planches mal jointes, dessinant sur les nattes du parterre comme un grill dont les barreaux seraient chauffés à blanc. 

Nous sommes là, dans la nef – une trentaine de soldats de tous grades et de toutes armes. Dans le choeur, des civils: un homme et son fils, le chapelet à la main, une demi-douzaine d’enfants, pittoresquement vêtus; trois femmes dont l’une aux grands yeux noirs et à la figure pâle entourée de cheveux noirs, sous son burnous de laine blanche, arrive à cheval de Marrakech; enfin, une Sénégalaise, vêtue d’un long peignoir blanc à pois noirs, les pieds nus et la tête entourée d’un foulard de soie blanche, coquettement noué sur le côté gauche.

La messe s’échève dans le plus profond et le plus sincère recueillement, plus touchante cent fois que les grandes fêtes de nos cathédrales gothiques. Ce silence est plus éloquent, cette simplicité parle plus au coeur que la voix pourtant si impressionnante de l’orgue.

Dans ce décor ruisselant de lumière, ce bon capucin, pauvrement vétu, avec ses sandales, sa bure et son casque, frappe plus notre esprit que les pompeuses cérémonies de la Métropole. Ce n’est point ici l’éclat des cérémonies; ce n’est pas le désir de voir ou d'être vu qui attire à la messe. L’on s’y rend en songeant qu’en France ceux que l’on aime y vont aussi, et que, malgré la distance et la diversité des sanctuaires, ce sont les mêmes prières qui montent vers le même Dieu.

Note: Le prêtre fransicain s"appelait Apollinaire Colombié

 

LES DERNIÈRES CARTES POSTALES DU PHOTOGRAPHES FÉLIX

Le photographe Félix a illustré de ses images plusieurs époques de Marrakech, depuis 1912 jusqu'à la fin des années 30.

Nous avons montré la période de la Grande guerre de 14-18, puis la Compagnie des Mobilisés de Marrakech, puis celle des années 20 et nous avons dévoilé sa magnifique collection en couleur.

Il reste à exposer les  photos du reste de ses collections, d'une part les dernières photographies éditées en cartes postales que nous présentons ici et d'autre part une série particulière, qu'il qualifie lui-même d'Éditions d'Art Félix-Marrakech. Cette série d'environ 80 photos est une sélection de ses clichés préférés, les oeuvres où il se reconnaît plus particulièrement, celles qu'il souhaite laisser en priorité à la postérité. Nous les présenterons aussi à l'occasion d'un prochain article.

Mais commençons par ses dernières photographies éditées en cartes postales.

Nous nous souvenons de la série de cartes postales colorisées qui portait les numéros 190 à 201: "Félix essaye la couleur à la fin des années 20" Nous poursuivons avec lui sa mise en valeur de la Ville rouge au début des années 30.

FÉLIX  reprend le noir et blanc ou plutôt le sépia et explore des angles de vue qu'il n'avait pas encore tenté.

Des Kashah de l'Atlas aux Palais de la Ville rouge

Pour Félix, l'Atlas et ses kasbahs font partie de Marrakech. Les raisons en sont nombreuses; c'est l'eau de l'Atlas qui donne la vie à Marrakech, c'est de l'Atlas que viennent les Glaouas, tribu importante de la ville, c'est encore par les cols de l'Atlas que les caravanes permettaient le commerce entre Marrakech et l'Afrique sub saharienne.

fellx_202 202 - Kasbah dans l'Atlas

Le bassin de la Ménara tant de fois saisi dans la boîte noire est cette fois pris sous un nouvel angle. Félix profite du haut niveau de l'eau, proche du débordement du bassin pour prendre son cliché au raz de la surface et souligner par les sept marches l'énorme réserve prévue pour l'irrigation des oliviers.

fellx_203 203 - La Ménara

Félix nous montre ensuite un lieu où un morceau de rempart qui existait en 1913 a été abattu pour permettre la jonction directe entre la Médina et le Guéliz. Un pan des remparts se trouve visible sur la gauche de la photo.

 

fellx_204

 204 - Entrée de la Médina (Ce cliché a été colorisé, voir n°200)

Félix nous conduit de l'entrée de la Médina à l'intérieur des remparts dans les souks tels qu'ils bouillonaient durant les années 30. 

fellx_205 205 - Dans les Souks 

FÉLIX nous entraîne ensuite vers le Palais de Dar Beida; autant les souks sont animés, autant le Palais est calme.

fellx_206 206 - Cour d'Honneur du Palais de Dar Beida.

Mais le Palais menace de ruine et Félix utilise les cigognes pour faire passer le message.

fellx_207 207 - Cigognes sur les ruines du Palais de La Bedia  

fellx_208

 

 

 

208 - Palais de Dar Beida (Hôpital Maisonnave)

La richesse de la décoration tant des murs que des portes et des plafonds est mise en valeur. Félix, par son angle de vue en biais souligne la profondeur des espaces et met en valeur les reliefs.

 

 

 

fellx_209

209 - Entrée de dar Beida (Hôpital Maison-nave) 

 

Félix va nous montrer  l'intérieur des Palais et l'extérieur des Kasbahs

 

 

 

fellx_210 210- Amizmiz - La Kasbah

Félix sacrifie exceptionnellement au photo-reportage. La venue à Marrakech du Sultan Moulay Youssef lui en donne l'opportunié.

felix_211 211 - Entrée du Sultan Moulay Youssef

C'est l'occasion pour Félix de montrer la porte d'entrée du Palais de sa Majesté

felix_212 212 Une porte du Palais du Sultan

Revenons dans la Médina, d'abord au Mellah avec la place des artisans juifs.

feliX_213 213 - Place des Ferblantiers

 

felix_214

Après le quartier juif, Félix nous conduit vers la grande école islamique de Marrakech

 

 

214 - Medersa ben Youssef

fellx_215

 

Autre lieu de l'islam, le minaret de la célèbre mosquée symbole de Marrakech est à nouveau mis en valeur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

215 - Koutoubia

Quittant la Médina, Félix conduit ses visiteurs au Guéliz où les nouvelles voies sont bordées d'arbres déja trop grands.

 

 

 

 

 

 

 

 

fellx_216

216 - Une Avenue du Guéliz

 

 

 

 

fellx_217 217 - Avenue du Guéliz

Sorti du Guéliz, il reste encore les voies qui traversent la palmeraie. Ces photos datent de 1935-36 car ensuite les arbres furent remplacés par des bigarradiers.

fellx_218 218 - Fontaine

Les routes sont encore des pistes

fellx_219 219 - Piste de Saffi

fellx_220 220 - Paysage

fellx_221 221 - Palmiers

fellx_222

 

 

 

222 - Koutoubia 

Deux femmes en costumes traditionnels. Félix termine par un monument ancien, témoin de l'époque d'une autre dynastie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fellx_223

 

 

 

 

  

 

223 - Tombeaux des Sultans Saadiens  

fellx_224 224 - Tombeaux des Sultans Saadiens (1510-1670).

Félix continuera la photo, mais fera des tirages spéciaux à la demande de ses clients. S'il reste éditeur de cartes postales c'est pour permettre à d'autres photographes de publier. Ce fut le cas par exemple du marrakchi Pigneux qui réalisa une série de photographies de la Mamounia éditées en cartes postales par Félix. Félix restera l'un des plus importants photographes de Marrakech et son oeuvre mérite d'être exposée et mise en valeur.

Michel de Mondenard

 © Cette présentation du photographe FÉLIX de Marrakech est originale, elle ne peut être reproduite, même en partie sans l'autorisation de l'auteur et la mention de Mangin@Marrakech à la date du 2 septembre 2014.

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Commentaires
B
Merci Michel ! Quel émouvant témoignage que ce texte du 25 septembre 1913 .....Croyants ou non-croyants cette analyse architecturale et cette description liturgique contribuent encore à la connaissance et reconnaissance de Marrakech d'antan .<br /> <br /> <br /> <br /> Bazooka joe
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