MARRAKECH A EU AUSSI SON SYNODE
FAISONS NOTRE POSSIBLE POUR QUE L'ANNÉE 2016 SOIT BONNE POUR LE PLUS GRAND NOMBRE
LE SYNODE DE MARRAKECH
En ces temps-ci, on parle beaucoup de Synodes dans les diocèses, mais sait-on que Marrakech a eu aussi son synode? Voir plus loin, récits et photos
"QUE FAISIEZ-VOUS AUX TEMPS CHAUDS ?" MARRAKECH EN 1955-1956 - LE RÉCIT UN BRIN AMER DE L'ANCIEN CHEF DE RÉGION PAR INTÉRIM
André Hardy commanda la région de Marrakech lors des intérims entre le Général d'Hauteville et les autres chefs de la Région qui lui ont succédé, les généraux Massiet du Biest et Lucien Bazillon. Il a consigné certains de ses souvenirs dans un livre "Sidi El Hakem", édité par sa veuve à titre posthume en 2003 et désormais épuisé... Il s'agit de souvenirs écrits à chaud tels qu'il les a vécus et ressentis, "récit honnète et profondément humain d'un homme droit et de devoir." Nous saluons ses enfants que plusieurs ont connu au lycée Mangin et nous reproduisons ici quelques paragraphes de son récit afin d'encourager ceux qui ont aussi des souvenirs de cette époque à venir les partager avec nous sur le blog.
Rappels de dates:
-La France reconnait le principe de l'Indépendance du Maroc,
-10 novembre 1955 :Retour de Mohamed V.
-18 novembre 1955 : Fête du trône de Mohamed V
-? Décembre 1955: Constitution du premier gouvernement Si Bekkaï.
-2 Mars 1956 Reconnaissance officielle du Maroc comme Indépendant par la France (M. Pinay) à Aix les Bains.
- 7 mars 1956 : Proclamation de l'Indépendance par Mohamed V,
- Mars 1956: Le Résident général André-Louis Dubois cesse ses fonctions
QUE FAISIEZ-VOUS À MARRAKECH AUX TEMPS CHAUDS ? JE ......, NE VOUS DÉPLAISE.
Les événements marchaient vite. En juin 1955, M Francis Lacoste, Résident Général quittait le Maroc, remplacé par M. Gilbert Grandval, qui instaura, avant même d’arriver, un régime de terreur parmi les hauts fonctionnaires français, dont il révoqua une dizaine sans les avoir jamais vus.
Que l’on démantèle la technocratie de Rabat, j’en étais depuis longtemps partisan, mais à quoi cela rimait-il au moment où (aucune personne sensée n’en pouvait douter ) on s’apprêtait à rétablir Mohammed ben Youssef et à conduire le Maroc vers une indépendance accélérée ? A quoi cela rimait-il de frapper sans les entendre des hommes parfaitement honorables et individuellement innocents des vices du système auquel ils participaient ? Mr Gilbert Grandval s’est défendu avec indignation et non sans talent, d’être venu au Maroc en destructeur de l’appareil de l’autorité française: on doit rendre hommage cependant à l’efficacité d’un travail qui ne dura que cinquante jours. Il était difficile de mieux faire en moins de temps.
Personnellement je n’ai jamais rencontré Mr Grandval car, parti en congé en France, un peu avant son arrivée, j’en fus rappelé d’urgence quelques jours plus tard pour faire face aux désordres qui, cette fois risquaient d’atteindre mon territoire, Marrakech. Je ne jugeais pas utile de passer par Rabat pour m’y présenter à l’ambassadeur (Grandval) qui, de son côté, n’eut jamais le temps de venir à Marrakech.
Le nouveau chef de la région de Marrakech en 1955 serait le Général Massiet du Biest, ci-contre avec le Glaoui
Comble de malheur pour les Français du Maroc et les marocains restés fidèles à Moulay ben Arafa, le général Duval se tua le 22 aout 1955, dans un accident d’avion. A tort ou à raison beaucoup avaient pensé que lui seul avait assez d’autorité pour s’opposer à l’activité destructrice de l’Ambassadeur. Sa mort fut durement ressentie et ses obsèques furent l’occasion de pénibles manifestations à l’égard du représentant de la France, dont l’impopularité devint telle que Paris le rappela et le remplaça par le Général Boyer de la Tour.
Le nouveau Résident General n’était pas un inconnu au Maroc, il y avait fait dans les A.I. et les Goums l’essentiel de sa carrière, et dans les grades subalternes s’était acquis une grande reputation de bravoure et d‘astuce. Cette nomination qu’accompagnait la cinquième étoile de Général d’Armée était pour lui un couronnement de carrière, certainement très désiré mais qui intervenait un peu tard dans la chaîne des événements. Rabat n’était plus le poste prestigieux de jadis, et ce que le Gouvernement attendait du nouveau Résident, chacun le savait… c’était qu’avec moins de brutalité que Gilbert Grandval, il s’arrange pour libérer le trône chérifien de la présence de Moiulay ben Arafa qui était désormais le seul obstacle au retour triomphal de Mohamed V.
Vue de Paris, la chose paraissait sans doute assez aisée, mais arrivé au Maroc et remis au contact de la population française et des chefs marocains avec lesquels il avait toujours travaillé, le général se trouva plutôt embarassé et désira au moins gagner du temps. Cela ne faisait pas l’affaire du Gouvernement de Paris qui, ne trouvant pas le Résident général assez docile à ses intentions, s’arrangea de le tourner par l’entremise de son principal collaborateur. ( François De Panafieu, Premier Chef Adjoint du cabinet du Résident Général et ex-Consul à Tanger).
Celui-ci bien que diplomate sut allier la fermeté et l’astuce pour obtenir du bénévole souverain, contre des promesses touchant la protection de sa personne et sa situation matérielle, une abdication en bonne et due forme. Moulay ben Arafa poussa la bonne volonté jusqu’à restituer une lettre, un peu gènante à vrai dire, par laquelle le Président de la République l’avait auparavant assuré que la France garantissait son trône.
Le général Boyer de la Tour fut fâché contre son collaborateur mais bien soulagé qu’un autre eut fait pour lui la besogne qui lui répugnait. Cet autre reçut une nouvelle affectation et le Maroc se prépara à recevoir le souverain victorieux dont la place était gardée chaude par un “Conseil du trône”…
L’Ex-Sultan avait été rappelé de Madagascar en France, après avoir reçu des émissaries tant officiels qu’officieux qui le traitèrent avec tout le respect dû à un souverain régnant, refusant de s’installer à Saint-Germain, où le pavillon Henri IV, avait été remis à neuf tout exprès pour lui, venait discuter d’égal à égal avec le Gouvernement de la République.
Son retour triomphal faisait si peu de doute que le Glaoui, lui-même comprit que sa cause était perdue et se résigna à demander l’aman. Sur les coseils qui lui furent donnés à cette occasion, sur les pressions qui, peut être furent exercées sur lui, je préfère me taire et croire qu’il espéra, par ce geste empêcher la destruction de sa famille et le déchirement de sa patrie.
Quand on sait ce qu’était l’orgueil de ce grand seigneur berbère, on imagine ce qu’il put éprouver à solliciter son pardon de Mohammed ben Youssef, en se prosternant devant lui jusqu’à toucher la terre du front. De cette humiliation terrible il ne devait pas se relever. Quelques mois après un cancer se déclara qui, sans doute, n’attendait pour se developer que cet affaiblissement de sa force morale et dont il devait mourir quelques mois plus tard le 23 janvier 1956.
A Saint-Germain en Laye, le Glaoui s'inclinant le front au sol pour demander l'aman.
N’est-il pas étrange de penser que tout cela se passait sous l’oeil approbateur du Gouvernement français, auquel le Pacha trouvait moyen d’être fidèle jusqu’à la limite de sa vie, si néfaste qu’elle pût être à ses yeux ?
En ce qui me concerne, j’avais quitté Marrakech avec ma famille le 30 juin 1955, dans l’intention de prendre en France le congé auquel j’avais dû renoncer l’année précédente: la situauion était calme, la Région avait un chef, (le général Massiet du Biest) j’avais droit normalement à deux mois d’absence plus une semaine de délais de route, et je partis en voiture à travers l’Epagne, mais le 6 aout je reçus un télépramme m’enjoignant de regagner le Maroc sans délai; l’aggravation de la situation au Maroc exigeait le rappel immediat de tous les fonctionnaires d’autorité.
Le temps d’une rapide visite au général d’Hauteville dans sa retraite de Touraine, je pris la route de Toulouse et, le 9, laissant la famille et voiture je montai dans l’avion pour débarquer direectement à Marrakech, à minuit par un chergui bien de saison.
Ci-contre le Général d'Hauteville, Thivend et le Pacha de Marrakech, en 1953 ou début 1954.
Je trouvai Marrakech et sa Région tranquilles en apparence, mais sourdement travaillées par les nouvelles que propageaient la presse la radio, et les émissaries de l’Istiqlal. En ville, la fièvre montait peu à peu, des cortèges se formaient qui, dans un ordre relatif parcouraient les rues en demandant sur l’air des lampions le retour de Ben Youssef.
L’agitation gagna d’abord les Rehamna, voisins directs de la région de Casablanca, d’où partaient les mots d’ordre, et se manifesta par un nombre croissant de lignes téképhoniques coupées, de poteaux sciés. Chaque matin on en faisait le compte et, malgré les dispositions prises, les gardes, l’ingéniosité déployée par les services des PTT, il était impossible de mettre la main sur les coupables.
La sécurité des colons et des isolés tells que les forestiers commença à donner des inquiétudes. Les premières attaques n’avaient guère qu’un caractère d’avertissement sans gravité réelle, mais il fallait prévoir le pire. Alors que le général Duval s’était toujours opposé à toute dispersion des troupes, le général Boyer de la Tour, cédant aux demandes des Européens, fit placer de petites garnisons dans tous les centres isolés du Bled, et ce “quadrillage” militaire, complété par l’armement des isolés, se doubla d’un système de telecommunications dont le Territoire était la tête.
Peu à peu, on s’organisa pour une veille de jour et de nuit et mon Arsa Ben Driss dut héberger une garnison de quelques hommes et un poste de radio qui communiquait avec les sécurités dispersées. Nous savions bien que tout était perdu, puisque la France ne nous soutenait plus. Malgré la répugnance du Gouvernement à replacer Ben Youssef sur le trône, par un reste de pudeur qu’on s’expliquait mal, cet événement paraissait désormais ineluctable.
Et cependant la situation à Marrakech même, où demeurait une importante garnison, paraissait assez tranquille pour qu’à la fin de septembre je puisse m’absenter quelques jours et retourner en France pour en ramener ma famille.. et ma voiture.
Après avoir traversé l’Espagne, je trouvai en débarquant à Ceuta des gens affolés qui me déconseillèrent de prendre la route de Port Lyautey, le côtoiement du Rif étant, d’après eux, devenu dangereux. Je le fis cependant, sans aucun incident, et la vie à Marrakech reprit telle qu’elle était désormais, dans une atmosphere de veille perpétuelle, coupée d’alertes sérieuses, qui m’obligeaient de temps en temps à courir au secouirs d’un poste menacé, avec l’appoint d’une patrouille motorisée, quand cel était nécessaire et possible.
Malgré cela, les enfants poursuivaient leurs études sans que les relations avec leurs camarades marocains soient altérées, et la vie frivole de Marrakech en hiver continuait comme si rien n’était, axé autour du Casino, où se déroulaient de brillantes soirées théatrales.
Le général Massiet du Biest, atteint par la limite d’âge de général de Brigade, dut laisser son poste de Chef de la Région de Marrakech à son successeur. Il n’avait eu à faire face , en somme, à aucun événement grave dans sa Région, et je dus reprendre l’intérim de chef de région pendant un mois encore, en attendant son successeur. (Adieux du général Massiet du Biest aux officiers de la garnison de Marrakech)
Le 2 décembre 1955, aux côtés du général Massiet du Biest, je voyais arriver le troisième chef de la Région, pour qui j’avais organisé l’habituelle présentation des chefs de services et des notables français et marocains. De cette présentation tous revinrent consternés, car le nouveau chef de la Région, le général Lucien Bazillon, ne leur avait guère dissimulé que le Pacha et tous ceux qui le suivaient étaient à ses yeux une bande de factieux et qu’heureusement une aube nouvelle allait se lever sur le Maroc.
A grand peine, j’avais pu le décider à faire à Si Thami, qui se mourait dans son palais , une visite de courtoisie, en lui démontrant que s’en dispenser serait se couler, dès son arrivée, dans l’esprit de tous les habitants de Marrakech.
Il faut dire cependant, à son excuse qu’il n’avait pas mis les pieds au Maroc depuis une vingtaine d’années et ne connaissait la Région que pour avoir été quelques temps adjoint au chef de la circonscription d’Amimiz. Jeune pour son grade, dynamique et finalement sympathique, il eut assez d’intelligence et d’Honnêteté pour modifier, avec un peu d’expérience, sa malencontreuse attitude des premiers jours. L’honneur lui étant échu de clore à Marrakech la liste ouverte par Mangin, il tint son rôle avec courage et dignité dans des circonstances souvent difficiles. (les Marrakchis eurent après lui le Général Chavatte en 1957-58)
Peu s’en fallut d’ailleurs que sa carrière ne soit écourtée dès son installation à Dar Moulay Ali, par un énergumène qui s’était introduit dans l’hotel de la Région par un portillon qu’on avait négligé de fermer, et qui le pourchassa dans les couloirs déserts avec le propre sabre du général Massiet du Biest, trouvé par lui dans un débarras où était entassé son déménagement.
À Rabat, le général Boyer de la Tour se vit remplacé à la Résidence par monsieur André-Louis Dubois, ex-préfet de police qui s’était rendu célèbre pour avoir interdit dans Paris l’usage des klaxons, et qui allait être, Mohammed V régnant, le premier ambassadeur de France dans le Maroc redevenu indépendant.
En attendant cet avatar, il fit comme tous ses prédécesseurs (sauf M. Gilbert Grandval), une entrée solennelle à Marrakech, et la ronde des presentations recommença… Les intéressés commençaient à être blasés, mais ils ne purent considerer sans curiosité ce haut fonctionnaire, pour qui toute l’épopée des quarante dernières années n’était déjà plus qu’un souvenir scolaire et qui semblait croire que le Maroc commençait avec lui. Sous des dehors rafinés et plus que courtois, il était d’ailleurs autoritaire et même dur. La politique que désormais la France avait choisie devait avoir en lui un exécuteur sans faiblesse. (…)
C’est le 3 mars que le Maroc obtint de M. Pinay une indépendance dont personne ne doutait plus depuis le retour triumphal du Roi Mohamed V, en novembre 1955.
Ce retour fut l’occasion d’une liesse générale, qu’encadraient de leur mieux des unites paramilitaires qu’on vit surgir de partout. Du même coup, en attendant la signature de diverses conventions (dont certaines ont attendu par la suite plus de deux ans) le Résident général devenait Haut Commissaire en Mission extraordinaire (ô combnie !) et les Régions devenaient des Délégations en attendant de se muer en Consulats généraux.
Mais dans les mois précédents, avant même que le Sultan, rétabli sur son trône, soit effectivement revenu l’occuper, une profonde réforme administrative avait déjà été opérée qui donnait le pouvoir effectif aux autorités marocaines, mais supposait une large et confiante collaboration avec les autorités françaises encore en place.
Naturellement on procéda à une opération inverse de celle de 1953. Les caïds les plus compromis ( avec le Glaoui et ceux qui destituèrent Mohamed V) se virent révoqués sans discussion, sans autre sanction pour le moment, tandis que Layadi aux Rehamna, Belkouch à Louis Gentil, reprenaient triomphalement leur place.
Les fils du Glaoui ne furent d’abord nullement inquiétés et reçurent à la Stiniya de nombreuses visites de condoléances (…)
À Marrakech même, la vie mondaine battait son plein, ce n’étaient que réceptions, représentations théatrales, premières cinématographiques. Avec l’indépendance acquise la ville était redevenue sûre pour les Français, et si les touristes craintifs ne se risquaient guère en médina, ma femme et moi nous y promenions volontiers et la faisions visiter aux hôtes de passage. De même nous arrivait-il de nous promener dans le bled, non en cortège officiel mais en famille et sans précaution spéciale. Au contraire, j’évitais alors de porter une arme, qui ne m’aurait servi à rien contre une foule. (…)
La population autochtone était complétement pacifique. À Marrakech même, on pouvait évidemment rencontrer quelque déséquilibré, comme celui qui le 2 mars poignarda, sans le tuer heureusemen, le Réverend Père de Prémare, mais en principe les Européens ne risquaient rien. Il en aurait été de même dans le bled sans l’Armée de Libération dont les attaques contre les isolés français ne furent jamais poussées à fond, mais constituèrent un harcélement destiné à maintenir en haleine les autorités tant françaises que marocaines et à assurer sa main-mise sur la montagne, qui constituait pour elle un repaire de choix. Ce n’était pas aux étrangers que l’Armée de Libération faisiat la guerre, c’était à ses propres compatriotes. (…)
La dernière journée que je passais à Marrakech (30 juin 1956) m’a laissé le souvenir d’une ville inquiète., sous un ciel lourd. J’assistai au Lycée Mangin à la distribution des prix. Tard dans la nuit, j’achevai de charger ma voiture. Le premier juillet au matin, nous prenions la route de Rabat avec nos enfants, sans oublier la chatte et le caniche.
Qui se souvient de cette période? qui se souvient de l'ambiance ? qui aurait des souvenirs à partager dans les commentaires ?
LE SYNODE DE MARRAKECH
Dans les diocèses cette année les fidèles ont été consultés et des évolutions ont été souhaitées, toutes n'ont pas été retenues, mais l'Église catholique bouge un peu, pas assez pour certains, beaucoup trop pour d'autres.
Marrakech a connu aussi un Synode en novembre 1956 pour les Églises protestantes du Maroc. Chaque église avait envoyé deux délégués (un pasteur et un membre élu par sa communauté locale).
Les communications, les échanges et les décisions se tinrent dans le temple de l'Hivernage, occupé aujourd'hui par l'École d'architecture. (Photo Bertrand)
Le Synode des chrétiens-protestants du 23-25 novembre 1956 à Marrakech prenant acte de l'Indépendance du pays adopte un nouveau nom. L’Église réformée de France au Maroc (ERFAM) devient à Marrakech et partout au Maroc l’EEAM (Eglise Evangélique au Matoc). Ce n'est plus une Église d'un autre pays, c'est une Église marocaine pour des ressortissants de pays francophones.
Quelques noms: le pasteur Marc Boegner président du conseil national de l'Églises réformée de France; le Pasteur Dautheville-Guibal, le pasteur Jean de Mondenard de Marrakech, Aumonier militaire Bernel d'Agadir, pasteur Jean Bourguet de Casablanca, pasteur Lestringant de Port Lyautey, Pasteur Jean Faure de Rabat, Pasteur Gounelle.
A côté des travaux du synode le pasteur Marc Boegner fit une conférence publique à la Salle vitrée du Hartsi où de nombreux catholiques connaissant son action pour l'oecuménisme sont venus l'écouter.
Le samedi le pasteur Jean de Mondenard a retracé l'histoire de la paroisse de Marrakech en quelques phrases.
Il est de tradition de raviver dans cette Allocution de bienvenue, le passé de l’Église qui accueille.
Il semble que l’Aumônier Paul Gounelle soit venu présider quelques cultes de 1915 à 1918, mais nous manquons d’informations sur ces premières années.
C’est par un décès en 1922 et son inscription sur le registre que nous avons connaissance des premiers membres de la communauté protestante. La personne décédée était le Docteur du Jardin d’Essais, le docteur Guillomin. Le Pasteur Serfass de Casa vint à Marrakech pour son ensevelissement. Il y trouva un petit groupe de protestants de langue française dont le Général de La Bruyère et sa femme, M. Paul Chavanne, M. Beerli et la famille Bruniquel et à cette occasion il fut decidé d’avoir un culte tous les deux mois. (il y avait des cultes de langue anglaise depuis 1890 avec la Southern Morocco Mission de Glasgow).
La première salle de culte fut la Salle des mariages des services municipaux.(aujourd'hui le bureau du maire) Au cours d’une Assemblée générale fut constituée la section de Marrakech.
La superposition de deux photos permet d'imaginer un culte protestant avec de jeunes marrakchis et leur pasteur dans l'ancienne salle des mariages civils de Marrakech
En 1936 M. le Pasteur Jules Roche, aumonier à Fez est muté à Marrakech, les cultes ont lieu en Médina et la préoccupation dominante de cette jeune communauté est de construire un temple sur le terrain qui vient d’être affecté à notre Église. Les travaux furent entrepris en 1943, à cette époque on comptait 70 familles dont 18 familles de cotisants. Le temple, prévu sur les plans comme salle de jeunesse, fut construit en 1944 au fond du terrain. Dans les Procés verbaux de l’Assemblée générale de cette année nous trouvons trace pour la première fois d’un projet de création d’un poste de Pasteur civil pour le Sud.
Le 23 juin 1946 le Pasteur Roche, prenant sa retraite d’aumônier militaire, donne sa démission de Pasteur de Marrakech. Avec lui ce fut la période des débuts difficiles, où l’Église vit avec peu de monde et peu d’argent, mais où quand même des réalisations concrètes lui furent données.
Une nouvelle période dans la vie de la paroisse commença en 1947, non seulement par l’arrivée d’un nouveau Pasteur, mais aussi par la création d’une communauté protestante à Agadir. Les deux paroisses de Marrakech et d’Agadir différentes à bien des égards mais bénéficiant du même ministère pastoral vont vivre en lien l’une avec l’autre pendant sept ans et demie. Cette paroisse a deux têtes, Marrakech et Agadir a été pendant cette période l’une des plus grandes paroisses du Maroc, … par son étendue. En plus, des cultes réguliers se tiennent dans d’autres villes: à Mogador, Safi et Louis Gentil.
A Marrakech, l’Assemblée générale de février 1953 proposait le pourvoi du poste de Pasteur civil de Marrakech, créé au 1er octobre 1952, ainsi que la construction d’un presbytère. Deux mois plus tard, une dame catholique décédait en laissant un testament exécutant les dernières volontés de son mari protestant, lui même décédé en juillet 1935, avant l’arrivée de tout Pasteur ou aumônier militaire en résidence à Marrakech. Ce leg (une grande villaau Guéliz) nous était remis deux mois après la décision de l’Assemblée générale engageant la construction d’un presbytère. Certains appelèrent ce leg, qui survenait à un moment si opportun, la réponse du Seigneur.
Un an plus tard, j’acceptais de répondre à l’appel de la paroisse de Marrakech et quittant l’aumônerie militaire, je me suis trouvé Pasteur civil aux côtés d’un aumônier militaire; je crois que nous pouvons dire l’un et l’autre que cette expérience ne nous a pas déçus. Les paroisses de Marrakech et d’Agadir avaient chacune leur Pasteur et Marrakech fut particulièrement privilégiée, bénéficiant chaque mois pendant une semaine d’un second ministère pour les militaries.
Voilà l’histoire de l’édification de la paroisse de Marakech. Ces deux dernières années se sont déroulées comme dans toutes les autres paroisses du Maroc, comme un temps chargé d’appréhensions, de craintes, de projets de départ.. mais pour beaucoup de paroissiens cette Église est devenue une réélle communauté, une famille.
Quelques agrandissements de la photo des délégués synodaux devant le temple de l'Hivernage
Il ne faisait pas très chaud ce 25 novembre, le cielétait dégagé mais il avait neigé sur l'Atlas. Au milieu au premier plan le pasteur de Marrakech, Jean de Mondenard, puis peutêtre M. Jousselin, l'avant dernier à droite est le pasteur Gounelle et le plus grand le pasteur Jean Faure.
De gauche à droite aorès les pasteurs Gounelle et Faure, le pastteur Daniel Lestringant qui deviendra pasteur de Marrakech en 1958, puis de profille pasteur Marc Boegner, avec la cravatte apparente le pasteur Jean Bourguet, puis madame Jestringant, avec une croix pectorale, l'aumonier militaire Bernel.
En suivant de gauche à droite, des membres de la paroisse de Marrakech et des militaires de la garnison. On reconnait monsieur Ducou à sa grande taille Monique et Alain ne sont pas loin. La dame qui marche à grand pas est madame Christoph.
LES AMERICAINS DE BENGUERIR AVAIENT AUSSI LEUR "PROTESTANT WORSHIP SERVICE" AU TEMPLE DE L'HIVERNAGE. On peut voir un film de promotion de Marrakech en anglais par Pathé en 1948 --> Vidéo
Ci-dessous, la feuille distribuée aux fidèles pour le culte du dimanche 19 juin 1955.
Le pasteur des américains protestants à la base de Ben Guerir était le Chaplain Dallas A. BIRD, sa femme s'appelait Betty et ils avaient quatre beaux enfants blonds. Exceptionnel-lement ce dimanche là, le Chaplain Clason L. ROHRER, conduisait le culte. La lecture du jour était Isaïe 53. La prière de Confession dite à l'unison était une prière du Réformateur Jean Calvin. Par la suite le Révérend Bird fut miuté en Angleterre, puis au Vietnam. Il a pris sa retraite 1978 après avoir été pasteur civil à Friekens.
À l'époque ces services en anglais étaient exceptionnels. Depuis quelques mois, un " protestant worship service" a lieu tous les dimanches à 18 heures à Marrakech. Là même où il a lieu en français le dimanche matin à 10heures. Le site internet Marrakech International Protestant Church précise l'adresse.
Si vous avez d'autres souvenirs des années 1955-1956 à Marrakech, merci de les partager sur le blog afin d'enrichir la mémoire des marrakchis.