BOU MENDIL, UN PHOTOGRAPHE DE PASSAGE À MARRAKECH
JOYEUX NOËL À CEUX QUI PRATIQUENT CETTE FÊTE. POUR LES CHRÉTIENS ELLE SIGNIFIE QUE DIEU EST UN DIEU D'AMOUR ET NON UN DIEU QUI EXIGE DES OFFRANDES ET DES SACRIFICES. NOËL C'EST DIEU PARMI LES HUMAINS.
ʿĪsā ou Issa ibn Mayriam (en arabe عيسى بن مريم : Jésus, fils de Marie) est le nom coranique de Jésus, considéré par l'islam comme l'un de ses prophètes et comme le Messie. (l'unique Messie)
Certains juifs reconnaissent Jésus comme leur Messie, mais sans pour autant se dire chrétiens, ni rien abandonner de leur identité juive. Ils s'appellent "juifs messianiques" et leurs communautés gagnent en importance aux Etats Unis, mais aussi en Israel et en Europe.. http://juifspourjesus.org/qui-sommes-nous/
Ce n'est quand même pas rien d'avoir le même Messie !
PHOTOS - Récemment l'excellente Maison de la Photographie de Marrakech nous faisait part de deux questions: Qui était Boumendil ? Pourquoi les cartes portent-elles le nom : "Photographe Sidi Bel Abbès" ? Nous avions répondu en indiquant que la ville algérienne était celle de ses débuts en 1901 et aussi la ville de sa famille. Qu'étant photographe itinérant il n'avait trouvé ni utile, ni avantageux de changer de ville, sinon bien plus tard à Taourirt, au Maroc oriental.
Cependant ces interrogations nous ont déterminé à rechercher quelle fut sa formation photographique, quelle était sa famille, ses missions et nous avons fait des découvertes qui nous ont paru assez intéressantes pour les partager ici.
Michel de Mondenard
NATHAN BOUMENDIL, UN DES PREMIERS PHOTOGRAPHES DU XXe SIÈCLE AU MAROC
Le nom de BOUMENDIL (écrit à l'origine en deux mots: BOU MENDIL) est répandu au Maroc et en Algérie aussi bien chez les juifs que chez lesmusulmans, car il signifie dans la montagne berbère, l'homme au foulard.
En fait il s'agit d'un sobriquet devenu par l'usage un nom de famille. Il a des variantes comme Bou mendel ou Bou mandel. Son origine est marocaine même si de nombreuses branches sont passées en Algérie et même à Tunis où une rue importante est nommée "Rue Sidi Bou mendil". C'est un nom plus répandu chez les juifs que chez les musulmans.
Au Maroc en effet, avant le Protectorat, les juifs ont l'obligation de porter sur la tête une coiffure reconnaissable. L'une d'entre elles est un carré de tissus de la forme d'un grand mouchoir dont la pointe tombe sur le cou et qui est noué sous le menton à la manière des espagnoles. Mendil, du vocabulaire arabe nord-africain est emprunté à la langue castillane "mantilla" depuis l'expulsion des juifs d'Espagne en 1492 et du Portugal en 1497. Le mot "mantilla"vient lui-même du latin Mantele, Mantelum (manus tela).
L'exode des juifs et des européens de Marrakech en mars 1907.
Une des premières photographies prise par Nathan Boumendil à la sortie de Marrakech montre des familles s'exilant vers l'une des villes de la côte atlantique ( Safi, Azemmour, Mogador,..). Elle date de la période agitée qui a précédé et suivi la mort à Marrakech du célèbre docteur Émile Mauchamp en mars 1907. À cette époque MOULAY ABD EL AZIZ était sultan du Maroc et quittant Marrakech, il avait désigné MOULAY AL HAFID, son demi-frère pour être son khalifat dans la Ville rouge et dans le Sud. Un correspondant allemand, du nom d'Holtzman, avait fait croire aux plus crédules des marrakchis qu'un roseau dressé sur le dispensaire du docteur Mauchamp était une antenne radio, la preuve que Mauchamp était un espion. Cette médisance fut à l'origine du meurtre du docteur. MOULAY EL HAFID se préparait à renverser le pouvoir de son frère et il avait accueilli à Marrakech ses alliés, parmi eux les hommes bleus de Ma el Aïnine pour former plusieurs Mehallas. Ils voulaient destituer MOULAY ABD EL AZIZ parce que trop tolérant à l'égard des "roumis", qu'ils voulaient chasser du Maroc. MOULAY AL HAFID avait adopté une stratégie compliquée, encourager les tendances anti-européennes pour faire déconsidérer son demi-frère dans l'opinion, sans pour autant décevoir les gouvernements européens dont il voulait obtenir l'aide surtout économique et financière. Comprenant qu'il ne pourrait pas empêcher les hommes en bleu de s'attaquer aux étrangers en résidence à Marrakech, il décida d'exfiltrer de nuit tous les européens, (très peu nombreux à Marrakech), de même que les familles juives. C'est ce que représente (en partie) la photo prise le lendemain par Nathan BOUMENDIL et qu'il a éditée en carte postale.
On remarquera que l'éditeur-photographe domicilie le siège social de sa maison d'édition en Algérie, à Sidi-Bel-Abbès. En remontant le temps on s'aperçoit que Nathan BOU MENDIL est né le 30 juin 1866 à Tiaret aussi en Algérie, à 200km de l'adresse de son entreprise. Il vient d'avoir 40 ans quand il débarque à Marrakech.
La véritable raison de son implantation à Sidi-Bel-Abbès vient de son mariage le 6 février 1901 avec une jeune femme de cette ville Merian AMRÂN. Nathan était revenu à Sidi Bel Abbès pour y voir ses parents et son grand frère Judas BOU MENDIL qui y exerçait un emploi de représentant de commerce. La presse locale avait annoncé le mariage de Nathan et Merian.
Nathan exerçait déjà le métier de photographe à l'époque de son mariage. Après avoir renoncé à une activité de clerc d'huissier, il s'était formé en France à Verdun-sur-le Doubs, non loin du berceau de la photographie de Nicéphore Niepce. C'est au contact du photographe A. CHANDIOUX qui avait créé un deuxième studio dans la ville voisine de Chalons-sur-Saône qu'il s'investit dans ce nouveau métier pour seconder son patron.
Nathan et Merian s'établirent donc rue Jean-Jacques Rousseau à Sidi Bel Abbès où résidaient leurs parents; très vite leur naquit le 6 décembre 1902 une fille qui reçut les prénoms d'Etoile et de Suzanne et un fils Albert, Eliezer BOUMENDIL né le 20 juin 1904. Cependant Meriam allait mourir en juillet 1905, victime d'une épidémie qui toucha beaucoup de jeunes adultes de 25 à 35 ans à Sidi Bel Abbès, elle était couturière. Nathan se retrouva veuf avec deux bébés qu'il put confier provisoirement à leurs grands parents, habitants aussi de Sidi Bel Abbès. C'est là que Nathan avait créé son activité de photographe-éditeur sous l'appelation: Edit. Boumendil Phot. Sidi-Bel-Abbès.
Nathan BOUMENDIL a réalisé une importante collection de clichés au cours de sa carrière de photographe d'abord sous son nom, mais il a travaillé aussi, et cela est peu connu, pour un éditeur de cartes postales (LL) en renonçant a signer ses clichés, notamment lors d'une mission qu'il fit à Marrakech vers 1917. Sa collection principale de cartes postales est composée de plus de 1300 pièces, numérotées dans l'ordre chronologique de leurs éditions. A l'intérieur de cette collection principale on trouve des pièces qui se réfèrent à des thèmes spécifiques. Il ne s'agit pas à proprement parler de séries comme d'autres photographes le pratiquaient, mais plutôt de titres communs à plusieurs clichés, chacun ayant une légende particulière en plus de ce sur-titre commun. C'est par exemple "Légion étrangère", "La France au Maroc oriental", "Événements de la frontière Algéro-Marocaine",...alternés avec des titres de villes: Oudjda, Merrakech, Taourirt,...
L'un des premiers thèmes des photos de Nathan BOUMENDIL s'interesse à LA LÉGION ÉTRANGÈRE qui était en garnison à Sidi Bel Abbès. C'était un moyen pour lui de s'assurer la clientèle de soldats qui trouvaient pratique d'envoyer des nouvelles à leurs familles sans avoir besoin de s'équiper d'un appareil photo.
Sidi-Bel-Abbès, plateau du faubourg Bugeaud, la préparation du défilé avec la Légion étrangère.
Dans son studio de Sidi Bel Abbès il expose aussi les événements qui concernent la ville et notamment les fêtes.
La Ouâda est la fête du Marabout de Sidi-Bel-Abbés, célébrée mi-novembre et organisée par le comité des fêtes de la ville. Elle avait lieu sur le plateau Bugeaud, avec Fantasias, et musique langoureuse jouée par la nouba du régiment.
Jusqu'au décès de sa femme Merian, emportée à 33 ans Nathan BOUMENDIL avait surtout cherché à développer son activité de photographe dans sa ville et les environs proches. La situation politique en Algérie et au Maroc le motivèrent à se déplacer. Nathan BOUMENDIL, laissant ses enfants à leurs grands parents, chargea son matériel de photographe; qui à l'époque était assez encombrant, et partit glaner des images là où les événements en Algérie et au Maroc faisaient l'actualité.
C'est ainsi qu'apprenant par la presse le meurtre du Dr Mauchamp, il entreprit le voyage vers Marrakech en cette fin du mois de mars 1907. Est ce qu'il rata la plus part de ses clichés? Est ce qu'il arriva bien après d'autres photographes comme Grébert ? Est ce qu'il avait perdu son matériel ? Toujours est-il que les photos de Marrakech qu'il a édité en cartes postales se réduisent à trois. Les cartes numérotées 324, 325, 326; Il écrit "MERRAKECH", l'orthographe officielle avant le Protectorat était encore hésitante. Cependant, BOUMENDIL connaissait parfaitement l'arabe et sa version était probablement meilleure que celle qui est devenue officielle.
La carte sur les Aïssaouas porte le numéro 325 - Il s'agit d'une confrérie religieuse très importante à Marrakech. Chaque année la confrérie célébre une fête en mémoire de Sidi Abdelaziz Tebbaâ, l'un des sept saints de la ville. Les non-musulmans ne sont pas les bienvenus. Madame de La Charrière observant leur défilé à distance en 1911 avait été impressionnée par la possession à la limite de la folie de la plupart de ses membres plongés dans les transes: " D'une terrasse, nous attendons le passage des Aïssaouas. La ruelle est bordée d'une haie de marocains qui nous regardent méfiants; un nuage de poussière, les voilà. Ils arrivent en criant, l'écume coule des lèvres, ils dansent, sautent et retombent sur les talons, balançant la tête; ils sont couverts de sang, trainant les peaux des moutons qu'ils viennent d'égorger et de manger crus. En arrière, des femmes en proie à des crises d'épilepsie, demi-nues, les cheveux épars; des enfants écumants les yeux hors de la tête entourent des vieillards portant des drapeaux (...). Toute cette foule bigarrée, brulante, passe dans un éblouissement de poussière dorée par le soleil couchant; des tâches jaunes restent accrochées aux terrasses, une buée mauve enveloppe la ville." Ce cliché de Boumendil en 1907 est à rapprocher d'une carte postale du photographe Félix: Les drapeaux des Aïssaouas en 1913; à six ans d'intervalle, les photos des deux photographes se ressemblent beaucoup. Boumendil prend la procession de face et par ce cliché il illustre la présence d'une certaine forme de fanatisme à Marrakech.
Le troisième cliché (N°326) pris à Marrakech et édité par Nathan Boumedil concerne Le marché à la porte du Mellah. Nous en présentons un exemplaire de la collection Halfaoui.
Ce troisième cliché complète sa description de Marrakech à cette époque: une ville exposée au fanatisme, où le Mellah est protégé par une simple porte et que l'on peut être amené à fuir pour sa sécurité.
Nathan BOUMENDIL témoin des événements qui ont précédé le Protectorat de la France au Maroc
L'assassinat du Docteur Émile Mauchamp à Marrakech en mars, fut suivi le 30 juillet 1907 du massacre de 9 européens travaillant sur le port de Casablanca (4 français, 3 espagnols, 2 italiens). Par ailleurs la pacification de l'Algérie n'était pas terminée; d'autant que des agents allemands soutenaient les rebelles qui passaient la frontière algéro-marocaine pour se réfugier au Maroc et s'y renforcer avec armes et munitions venant d'Allemagne. Le sultan du Maroc et l'armée marocaine ne mettaient pas les moyens appropriés pour s' opposer à ces franchissements de frontière intempestifs. L'armée du sultan réunissait des effectifs trop modestes équipés de moyens insuffisants..
Nathan Boumendil photographie la Mehalla du Sultan en garnison à Oujda se rendant à l'Exercice.
La conférence d'Algésiras organisée par les Etats Unis au premier trimestre 1906, n'avait pas solutionné ce problème des frontières. Le Général Lyautey avait réussi la pacification de Madagascar par la négociation fut nommé début 1907 au département d'Oran pour y apporter une réponse.
C'est dans cette situation que se produisent les meurtres de Marrakech et de Casablanca. La France réplique par l'envoi d'une force d'intervention par mer et par terre pour protéger les européens de Casablanca réfugiés dans certaines ambassades transformées en forts assiégés. Le navire Le Galilée est envoyé et canonne la partie hostile de Casablanca entre le 5 et le 7 aout.
Parallèlement le général Lyautey est chargé de passer la frontière marocaine et d'occuper Oujda. C'était la réponse à l'assasinat du docteur Mauchamp et aux meurtres des neuf travailleurs européens sur le port de Casablanca. Nathan Boumendil prendra des photos de la ville d'Oujda qu'il éditera en cartes postales.
Après l'occupation de la ville, le général Lyautey inspecte à pieds les ruelles fangeuses.(photo parue dans l'Illustration)
Entrée du grand marché et Grande mosquée d'Oujda.
Intérieur de la nouvelle Kessarias à Oujda.
Nathan BOUMENDIL va suivre, comme photographe, la plupart des mouvements de troupes à la frontière algéro-marocaine; si bien que certains lui attribuèrent le titre de "photographe de Lyautey". Il continuera à éditer ses cartes postales dans un premier temps depuis Sidi-Bel-Abbès. Deux titres principaux de cartes postales structurent son oeuvre en rapport avec l'armée: "Événements de la frontière Algéro-Marocaine" qui se tinrent du temps où Lyautey était à Oran et "La France au Maroc oriental" . Sur la fin de son activité, il créra avec son fils une série de cartes postales qui reprendra une sélection de ses photos mais sera éditée par la maison Lévy et Neurdein réunis (LL).
Plusieurs photos d'Oujda juste après son occupation par Lyautey inaugurent la série "La France au Maroc oriental"
Le début de l'occupation d'Oujda (avril 1907) réunit quelques clichés en rapport avec l'armée, ici l'abattoir du camp militaire.
Le titre "La France au Maroc oriental" est dans un premier temps réservé à Oujda. C'est d'Oujda que Nathan Boumendil est parti pour Marrakech en mars et c'est à Oujda qu'il revient en avril. Les barraquements en construction avant son départ vers le sud sont construits dès avril 1907.
Cette suite sur Oujda va être interrompue provisoirement pour laisser la place aux événements de la frontière.
Les cartes postales "ÉVÉNEMENTS DE LA FRONTIÈRE ALGÉRO - MAROCAINE"
La signature de Nathan Boumendil varie selon les photos de cet ensemble. C'est parfois "Boumendil Bel Abbas", parfois "Edit. Boumendil Phot. Sidi-Bel-Abbès", ou parfois "Boumendil Sidi-Bel-Abbès" presque toujours sur le recto, rarement sur le verso. Le cliché 349 "Bazar marocain" à Oujda semble avoir été mis par erreur dans une série qui s'intéresse beaucoup plus aux militaires. Cependant Nathan est revenu à Sidi-Bel Abbès et il se remarie avec une très jeune femme, sa belle soeur, Cety AMRÂM de dix ans plus jeune que la mère de ses enfants. Leur tante devient leur belle-mère. Mais les événements à la frontière vont prendre un autre tour et Nathan va à nouveau suivre les opérations militaires.
LESXOPÉRATIONSXSUR AÏN SFA.
La sécurisation de la frontière, sous le commandement du général Lyautey, se heurtait à l'hostilité de la tribu des Beni Snassen, alimentée en sous-main par Moulay Al Hafid qui voulait profiter de ce soulèvement pour devenir sultan à la place de son demi-frère. L'occupation d'Oujda contribua à la sécurisation de la frontière, mais pas seulement. Le marabout Moktar Boutchiche, très influent, devait être amené à renoncer à encourager les attaques hostiles des gens de Foum-Safrou, Port-Say et Bab-el-Assa. Les troupes de Lyautey opérèrent une manoeuvre enveloppante en traçant autour des Beni-Snassen un circuit infranchissable. Bloqués de tous côtés, mis dans l'impossibilité de se ravitailler en munitions et en denrées de première nécessité, les Beni Snassen comprirent qu'il était préférable de négocier. L'arrêt des hostilités leur permettait d'ouvrir à nouveau le marché de Aïn Berdil et la présence de l'armée de Lyautey leur permettait de vendre leurs produits à bon compte aux militaires sans craindre les pillards venus d'autres tribus. La reddition du marabout fin 1907 entraîna la soumission de la tribu en janvier 1908.
Oujda est occupée et sert de base aux opérations sur la frontière. Plusieurs unités y sont stationnées: cavalerie, infanterie, artillerie, trains des équipages,... Sur la photo la cavalerie du 2e régiment de la Légion (2e Étranger).
Les tirailleurs en corvée d'eau à la source d'Aïn Sfa
Le quartier général au camp d'Aïn Sfa.
Les Mercantis près le camp de Taforalt.
Dépot des armes prises aux Beni Snassen.
Tirailleurs à l'interieur de la Redoute de Martimprey.
Les Beni Snassen au Marché de Martimprey
Le titre ne parle plus d'événements, mais seulement de "Frontière Algéro-Marocaine" c'est que la révolte des Béni Snassen est maintenant calmée.
Le boulevard national à Lalla Maghrnia.
La stèle marque les combats contre les Beni Snassen de 1859 et le 23 décembre 1907, sous le comman-dement du général Lyautey et rappelle les troupes qui y ont participé: 2e Zouaves; 1er, 2e et 4e Tirailleurs; 1er Étranger; 12e et 13e d'Artillerie; 2e Génie; 2e Chasseurs d'Afrique; 1er et 2e Spahis; Goums,..
Priteirita fides exemplum qui Futurus. Le passé, le Présent et l'Avenir
Elle rappelle les noms des deux colonnes qui encerclèrent le massif des Beni Snassen. La Colonne Branlière au Nord et le colonel Félineau au Sud firent leur jonction à l'ouest du Massif en décembre 1907.
Pour le cliché suivant, à nouveau il ne s'agit plus des événements, mais simplement de la frontière car les événements sont réputés terminés.
Les occupations pacifiques peuvent reprendre: Bénichou avec sa charette, chargée de ravitaillement, fait une halte près de la source Tagertila (traversée entre Seldon et Sidi-Aïssa).
La Grande rue à Martimprey-du-Kiss
Cependant autour de Casablanca, notamment dans la Chaouïa, Moulay Al Hafid par ses émissaires encourage au soulèvement contre les "roumis", en l'occurence l'armée française. Le général Drude avait demandé de nouvelles troupes avant de partir à la retraite. Il laisse son commandement au général d'Amade. Nathan BOUMENDIL observe le départ de ces troupes en train depuis Oran vers Casablanca. Ces unités seront engagées dans l'affaire surprise de Dar-Kseïbat (1 et 2 février), ainsi que dans le combat de Zaouïet-el-Mekki, dirigé par le général d'Amade en personne (5-6 février 1908).
Le titre "Événements de la frontière Algéro - Marocaine " n'est pas vraiment adapté puisque l'Escadron du 18e train des équipages part vers Casablanca et Berrechid en janvier 1908 pour s'opposer au soulèvement de la Chaouïa fomenté par Moulay Al Hafid contre son frère le Sultan.
Le 5e Bataillon du 1er Régiment de Tirailleurs Algériens fut également engagé dans la Chaouïa en février 1908. Nathan Boumendil a pris ce cliché au cours du mois de janvier. (La signature du photographe est au verso de la carte).
UNE PARENTHÈSE DANS LA NUMÉROTATION DES CLICHÉS DE NATHAN BOUMENDIL
"LA COLONNE DU HAUT-GUIR"
La colonne du Haut-Guir fut en opération en aout - septembre 1908 aux abords de Bou Denib. Nathan Boumendil créa une numérotation particulière à cette occasion. Ce qui fait qu'il s'agit d'une série à part d'une cinquantaine de clichés.
Cette colonne fut conduite par le colonel ALIX qui dépendait du Général VIGY. Elle obtint tous ses objectifs. La légion ne fut associée à l'opération qu'après que les officiers de renseignements aient analysé qu'il fallait des troupes d'expérience. Nathan Boumendil connaissait surtout le 1er Étranger.
La bataille de Bou Denib fut précédée par une préparation minitieuse du Chef de bataillon Fesch et de son artillerie.
Nathan Boumendil inclut dans ses clichés les "scènes et types" ainsi que l'architecture des portes fortifiées.
Autre fortification, autre porte, le Ksar des Ouled Hali.
Le Ksar de Bou Denib, vue des terrasses dans sa palmeraie.
ENTRE SEPTEMBRE 1908 ET MAI 1912
Nous ne connaissons pas précisément où vit Nathan BOUMENDIL pendant cette période. Il est probable qu'il revient à Sidi-Bel-Abbès où grandissent ses deux enfants et où vit sa jeune femme. Lyautey n'est plus à Oran, il a été muté à Rennes en 1910. Nathan s'est-il installé à Debdou ? A-t-il participé à la création du village voisin de Taourirt en 1911 ? Cette même année le sultan Abd-el-Aziz a été détronné par son demi-frère Moulay Al Hafid. Nous apprenons que le père de Nathan est décédé en 1911 à Sidi-Bel-Abbès; Nathan et Cety ont eu un fils Léon né en 1912. Une photographie d'une jeune femme juive de Debdou, nous incline à penser qu'il a choisi vers 1911 de vivre avec Cety et ses trois enfants au village neuf de Taourirt, proche de Debdou.
LA SÉRIE "LA FRANCE AU MAROC ORIENTAL" commencée à Oujda puis interrompue par les événements frontaliers reprend. Cependant Moulay Al Hafid assiégé à Fez par des tribus hostiles est contraint de demander le Protectorat le 30 mars 1912. La signature de Nathan BOUMENDIL change: il déplace le siège de son entreprise à Taourirt au MAROC. . Bibi, juif marocain, assassiné dans la Casba de M'SOUM le 18 mai 1912 et ramené dans un chouri à MERADA.
Moulay Al Hafid a demandé le 30 mars 1912 le Protectorat de la France, dont les troupes sont venues pour le libérer des tribus qui l'assiégeaient à Fez, se rebellant contre les impôts dont ils les chargeait. Au début du Protectorat Nathan Boumendil prend des photos à Merada. Certaines sont incluses dans sa collection chronologique et portent un numéro; d'autres photos sont "hors série", prises postérieurement aux événements, comme celle de la porte de Mérada.
Nathan Boumendil retrouve le Général Lyautey devenu Résident général du Maroc.
Lors de la nuit du 16 au 17 mai eut lieu le combat de Merada. Boumendil est présent le lendemain pour garder le souvenir de sa rudesse.
Nathan Boumendil suit les opérations sur Aïn Fritissa.
Blessés au combat de Meharidja (9 avril 1912) à l'hôpital tout neuf de Taourirt.
Juillet 1912 - Une vue partielle du camp de Taourirt - Rentrée des troupes des généraux ALIX et GIRARDOT - Derniers éléments de la colonne de Fritissa.
Le camp de M'ÇOUN , à proximité, le café des mercantis.
Le colonel PERAUD avec le Chérif SIDI-HOCHEIN, le Cadi des HAOUARAS et deux officiers du service des renseignements.
LA SUITE DE CLICHÉS SUR GUERCIF
La tour d'observation de Guercif
Vue partielle du camp de Guercif.
GUERCIF - Les ruines de la casba. Les mêmes ruines animées.
Les goumiers après une excursion dans la Casba se reposent au milieu des ruines.
Avec une autre numérotation nous trouvons un cliché qui se rapporte aussi à Guercif, mais à une date bien postérieure.
L'équipe de Football de Guercif.
Redoute de SAFSAFAT: un coin du camp de la compagnie montée.
Réduit de SAFSAFAT - Canon de 80 et Poste optique.
Redoute de SAFSAFAT installations intérieures.
Blockaus de SAFSAFAT avec les officiers du poste au pied du drapeau.
Remise des décorations aux généraux ALIX et GIRARDOT avant le défilé des troupes.
TAOURIRT - La rue centrale. En moins de deux ans le village, où Nathan Boumendil s'est établi, a accueilli de nouvelles constructions.
Le brigadier de gendarmerie PRÉVOT dressant procès verbal au Village de Taourirt.
Batterie de Montagne, prête à défiler à Taourirt.
Nathan Boumendil, depuis le nouveau lieu de domiciliation de son entreprise de photographe-éditeur ne néglige pas de trouver des occasions de revenir à Oujda, même s'il suspend l'utilisation de sa rubrique "La France au Maroc oriental"
Il met en valeur les monuments d'Oujda en ajoutant à ses clichés celui du marabout Sidi Assam; où il photographie des enfants.
Devenu Général, le vainquer de Bou Denib honore les nouveaux décorés et notamment Gouraud qui le dépasse d'une demi-tête.
La petite Casba du Caïd BENI OUKTI des OULED ALI détruite dans la nuit du 19 au 20 septembre 1913 par un Djich des BENI BOU YAHI qui assassina l'homme et la femme qui habitaient la Casba et s'emparèrent d'un troupeau de 300 bêtes.
Décoration de la maison FERRER à Taourirt lors du 14 juillet.
Décoration de la maison Bremond (dit KIKO) le 14 juillet à Taourirt.
Voyage du Général LYAUTEY au Maroc Oriental accompagné des généraux GOURAUD et HENRYS et leur Etat-Major, avant le défilé des troupes.
La plus âgée des filles de Nathan, Étoile-Suzanne BOUMENDIL se marie à Sidi-Bel-Abbés le 7 juin 1922.
Séries supplémentaires: Nathan BOUMENDIL a réalisé aussi des photos dans la série MAROC, plus tardive et une série avec une sélection de ses clichés anciens pas encoré édités en cartes postales.
LA SÉRIE MAROC:
Mauresque dans son intérieur. Edition vers 1925.
DERNIÈRE SÉRIE :
Série éditée par Nathan BOUMENDIL & FILS, mais imprimée par les frères Lévy (LL) vers 1926
Nous ne savons pas quel est le fils ou quels sont les fils de Nathan associé à cette édition. Est ce l'aîné Albert né à Sidi-Bel-Abbès en 1902 ? Est ce le deuxième fils Léon (24 ans en 1926 ), lequel eut deux soeurs plus jeune: Marinette et Odette et un frère Joseph plus jeune encore ? En tout cas ce cliché est exactement le même que celui diffusé avec le même numéro 26 par les éditions LL.
Le photographe inconnu des frères LÉVY et de leur successeur NEURDEIN et LEVY est donc de la famille BOUMENDIL. Il suffit de comparer les deux clichés pour s'en assurer.
En conclusion de cette étude sur le photographe Nathan BOUMENDIL, nous réalisons une découverte. Nous étions partis de Marrakech en mars 1907 avec le meurtre du Docteur Mauchamp, nous voilà de retour à Marrakech en ayant identifié le photographe inconnu qui fut le plus complet sur le patrimoine architectural de la Médina. Voir: Photographe inconnu
Michel de Mondenard
Cet article ne peut être copié sans l'accord écrit de l'auteur et sans la mention de l'édition: Mangin de Marrakech , 22 décembre 2018.
Notes: Il existe de nombreuses photographies de Nathan BOUMENDIL autres que celles des deux thèmes principaux présentés plus haut, notamment sur la Légion étrangère, la Colonne du Haut-Guir, la Colonne de la Moyenne Moulouya, mais aussi sur d'autres villes que Marrakech comme Tétouan, Taza, Meknes, Bou-Denib, Taourirt, etc... Marc Bedjaï et Françoise Pochon-Wesolek ont publié en 2015 : Nathan Boumendil au Maroc, 1912-1929, à Lille : Édition Mélampédie. Comme nous l'avons vu il a commencé son activité à Verdun-sur-le-Doubs bien avant 1912.
Maison de la photographie de Marrakech : Nathan Boumendil