LE PHOTOGRAPHE MAILLET À MARRAKECH
LES PREMIERS PHOTOGRAPHES DE MARRAKECH
LE PHOTOGRAPHE MAILLET
© Cet article de Michel de Mondenard est une suite des pages publiées sur le photographe Maillet les 28 décembre 2010 et 23 janvier 2011, il ne peut être reproduit sans l'accord de l'auteur et la mention de Mangin@Marrakech 25 février 2010.
La Koutoubia et Réjouissances publiques en l'honneur du Sultan
Pour introduire cette présentation du travail du photographe Maillet, trois vues emblématiques de son style. Maillet s'intéresse aux monuments, il les dépouille le plus souvent possible de présences humaines car à l'époque la sensibilité des plaques photographiques nécessitait de longs temps d'ouverture du diaphragme. Il lui arrive cependant de photographier des personnages; mais son premier plan est généralement éloigné et il pose son appareil à environ 2 mètres du sol pour surplomber la scène. Merci à Jean-Marc BERGER de nous faire partager sa collection de photographies anciennes. On en trouvera de semblables sur le site "Cartes postales anciennes de Marrakech" dont le lien se trouve ci-contre dans la colonne de droite.
UNE RÉCENTE EXPOSITION (FIN 2009) A MONTRÉ LES PHOTOGRAPHIES COLLECTIONNÉES PAR GUY JOUBERT
" PREMIERS PHOTOGRAPHES AU MAROC 1870 - 1939"
C'est l'équipe de la Maison de la Photographie Robert Doisneau à Gentilly dirigée par la très compétente Annie-Laure Wanaverbecq qui l'a documentée et accrochée.
La collection de Guy JOUBERT sur le Maroc est composée d'oeuvres d'une douzaine de photographes seulement. Les plus anciens ont surtout photographié TANGER et sa région, car TANGER était la seule ville où le Sultan du Maroc laissait une certaine liberté de mouvements aux européens. Les photos ont pour auteurs le français Léon DAVIN, Victor HELL, les écossais James VALENTINE et Georges Washington WILSON, l'espagnol A. CAVILLA et son associé pour une courte période MOLINARI.
Le premier voyage au Maroc des photographes LEVY et Cie eut lieu en 1889 et ils éditèrent un catalogue en 1904.
Le collectionneur Guy JOUBERT s'est aussi intéressé à des photographies de FÉLIX de la période comprise entre 1900 et 1915. Celui-ci avait un atelier à Marrakech dont l'activité a couru bien au delà de 1915. Mais JOUBERT n'a aucune photographie de MAILLET, photographe établi à Casablanca qui a réalisé d'importantes collections de vues sur Marrakech dès 1902. Il n'a pas non plus dans sa collection de photographies de Gabriel VEYRE (1901) ou d'Ernest Désiré MICHEL qui s'établit à Marrakech en 1910. Mais pour ces deux photographes leurs familles ont édité de beaux ouvrages dont nous avons déjà parlé sur ce blog. Pour situer les autres photographes de la collection Guy JOUBERT: Marcel FLANDRIN découvrit le Maroc en 1912, Lucien VOGEL et Jean RHONÉ en 1914, Jean BESANCENOT est encore plus tardif. Dossier de Presse
MAILLET est le grand absent de l'Histoire de la photographie au Maroc, probablement parce qu'il semble que ses épreuves originales sont introuvables. Nous lui devions de mettre en lumière son oeuvre en particulier sur Marrakech en attendant que les historiens de la photographie lui donnent la place qu'il mérite. Nous lui avons déjà consacré une page sur des photographies de Marrakech de 1902 ( voir archives 23 janvier 2010)
Les observateurs remarqueront que MAILLET écrit Marrakesch à l'allemande (avec ...kesch) et non à l'anglaise (...kesh) ni même à la française (...kech). A l'époque le nom n'était pas fixé. Quelques années avant, la Ville rouge était appelée Maroc ( Marruecos en espagnol). On sait ce qu'il en suit: Maroc devint le nom de tout le pays et c'est la prononciation espagnole qui, légèrement altérée, donna son nom à la ville.
QUELQUES VUES DE LA PREMIÈRE ÉPOQUE DE MAILLET À MARRAKECH
Ces vues sont sous titrées "Marrakesch, avant l'occupation française", c'est à dire avant 1907. Cette année là, deux événements sérieux se produisirent. L'assassinat du jeune docteur Mauchamp, directeur d'un dispensaire, fut monté en épingle par le gouvernement français en exercice, pour préparer l'opinion à l'envoi de troupes au Maroc. Fait tout à fait exceptionnel pour l'époque, un ministre se déplaça pour son enterrement à Chalons sur Saône. Le massacre de neuf européens ( espagnols, français, portugais) à Casablanca consécutif à une faute des autorités qui avaient fait passer une voie de chemin de fer dans un cimetière musulman, déclencha une intervention militaire d'autant plus musclée que l'Allemagne importait des armes en cachette. A noter que le docteur Mauchamp préparait un livre sur La sorcellerie au Maroc, il avait pris des photographies pour l'illustrer.
MAC LEAN était un conseiller militaire d'origine britannique du Sultan ABDELAZIZ. Il devint un ami très proche et le Sultan l'éleva au rang de caïd. Cet honneur donné à un chrétien déplut beaucoup parmi les marocains et ce fut l'une des raisons qui contribuèrent à sa perte de p opularité au profit de son frère Moulay EL HAFID, qu'il avait nommé Pacha de Marrakech.
Le souk des fruits secs
Marché aux dattes
La fontaine publique: Maillet choisit un angle de prise de vue qui montre en même temps la majesté de l'architecture et l'état de ruine de certains bâtiments.
Bab Doukkala et son marché
Remparts de la Casbah
Canons Krupp de 75, l'Allemagne avait des visées sur le Maroc, notamment sur ses richesses minières et faisait passer des armes à Moulay El Hafid, le frère du Sultan Abdelaziz.
Jardins d'oliviers et de palmiers
Bassin de l'Aguedal sur lequel le Sultan Abdelaziz se promenait en canot automobile (200 mètres de côté sur 4 mètres de profondeur)
Cage pour les esclaves et les prétendants, les barreaux sont des canons de fusils
LE VOYAGE DU SULTAN À MARRAKESCH
Après la première série de photographies sur "le Maroc avant l'occupation française", dont plusieurs exemplaires figurent ci-dessus, MAILLET suivit le voyage du Sultan à Marrakech. Il produisit une série de vues dont nous présentons quatre exemplaires. Ce voyage semble avoir eu lieu fin 1912, au début du Protectorat qui fut signé comme on le sait le 31 mars 1912.
Le Sultan et sa suite
Le Cortège
Boubeker, le frère du Sultan dans le cortège
LA SÉRIE COLONNE DE MARRAKESCH
Maillet a réalisé également une importante série intitulée "Colonne de Marrakesch" pour montrer la Ville rouge à l'époque de la progression des troupes commandées par Mangin. Il utilise toujours la même technique photographique, privilégiant les monuments, s'intéressant aux ruines et ne photographiant des personnages qu'à distance.
Rue de la Médina et intérieur du Palais converti en hôpital
Entrée de Dar Maghzen
Cour du Mechouar
LE PALAIS DU SULTAN
Intérieur du palais du Sultan
Grande allée du Palais du Sultan
LES JARDINS DE MARRAKESCH
Vue générale des jardins
"Marrakesch et les Djibilettes"
Le Guéliz n'est pas encore construit et ses rues pas encore tracées.
LA PREMIÈRE MESSE, COLONNE DE MARRAKESCH
Première messe, le Père Fabre officiant.
Première messe, l'assistance
Maillet fait du photoreportage quand il montre les Tabors marocains et leur artillerie, ainsi que les conflits entre les combattants algériens représentés par leurs cheiks et le Pacha de Marrakech. Comme toujours ses premiers plans sont éloignés de son objectif.
Artillerie du Tabor marocain
Réclamations des cheiks algériens contre le Pacha de Marrakech
ENVIRONS DE MARRAKECH
© Cette sélection de photographies de Maillet montre seulement trois collections de cet artiste. D'autres concernent Casablanca où il avait ses studios. Jean-Marc Berger nous a fait parvenir d'autres séries du même photographe concernant notamment les souks de la Médina. Nous le remercions pour ces vues qui parlent beaucoup aux coeurs des Marrakchis de toujours. Michel de Mondenard.