LE COLLECTIONNEUR-ÉDITEUR ROBERT SANCAN À MARRAKECH 1918-1919 ET LE PHOTOGRAPHE A. DUBOIS
ROBERT SANCAN S'EST INSTALLÉ À MARRAKECH AU GUÉLIZ AVEC SA JEUNE FEMME ALICE EN 1918 À LA FIN DE LA GUERRE. IL ÉTAIT ORIGINAIRE DE CAZÈRES DANS LA RÉGION DE TOULOUSE. GRÂCE À LUI NOUS DISPOSONS DE PHOTOGRAPHIES SUR MARRAKECH À CETTE ÉPOQUE.
Le Cercle des Officiers au Camp du Guéliz. Ce cliché de la première série de Robert Sancan ne montre aucun personnage. Sancan se concentre sur la lumière de Marrakech et y réussit fort bien.
LEUR FILS AÎNÉ, PIERRE SANCAN ÉTAIT NÉ À MAZAMET EN 1916, IL GRANDIT AU MAROC ET DEVIENDRA CÉLÈBRE DANS LE MONDE MUSICAL
POUR UNE RAISON QUE NOUS IGNORONS, ROBERT ET ALICE RESTÈRENT PEU À MARRAKECH OÙ ILS S'ÉTAIENT ÉTABLIS AU GUÉLIZ. ILS DÉMÉNAGÈRENT EN 1919 À MEKNES. IL NE SEMBLE PAS QUE ROBERT SANCAN AIT POURSUIVI DANS LA PHOTOGRAPHIE À MEKNÈS; EN REVANCHE IL A INVESTI DANS LA RESTAURATION ET L'HOTELLERIE.
IL POSSÉDAIT AVENUE MEZERGUES (HASSAN II) LA BRASSERIE DU MARCHÉ ET L'HOTEL DU MARCHÉ QUI SE TROUVAIT AU-DESSUS DE LA BRASSERIE AINSI QU'UN HOTEL - RESTAURANT "LA ROSERAIE" (HÔTEL CHELLAL AUJOURD'HUI) À PEU DE DISTANCE SUR LA ROUTE DE FEZ. IL EUT QUATRE ENFANTS, PIERRE SANCAN CÉLÈBRE PIANISTE ET COMPOSITEUR QUI ÉTUDIA LE PIANO À MEKNES JUSQU'À 16 ANS PUIS GAGNA LE CONSERVATOIRE DE TOULOUSE ET PARIS. IL DEVINT UN PIANISTE ET COMPOSITEUR DE RENOM APRÈS AVOIR OBTENU LE PREMIER GRAND PRIX DE ROME EN 1943. SUZIE SANCAN A ÉTÉ INFIRMIÈRE DANS L'ARMÉE ET FIT L'INDO-CHINE. JACQUES SANCAN FUT UN SPÉCIALISTE DE LA LITTÉRATURE RUSSE, SIMONE SANCAN SERAIT RETIRÉE DANS LE VAUCLUSE.
Pierre Sancan dédia une de ses oeuvres à ses parents Robert et Alice. La couverture d'un des livres de Jacques Sancan.
LA BRÈVE PÉRIODE MARRAKCHIE DE ROBERT SANCAN
ROBERT SANCAN A CONTRIBUÉ À L'HISTOIRE DE MARRAKECH ET À LA PRÉSERVATION DE SON PATRIMOINE EN ÉDITANT DES PHOTOGRAPHIES SUR CARTES POSTALES. CES DOCUMENTS, DONT CERTAINS SONT EXCEPTIONNELS CONSTITUENT DES TÉMOIGNAGES PRÉCIEUX SUR L'HISTOIRE DE LA VILLE. Trois séries différentes de cartes postales furent publiées; une série sans numérotation et deux séries numérotées.
LES PREMIÈRES VUES ÉDITÉES PAR ROBERT SANCAN
La première série n'est pas numérotée, nous en présentons deux clichés. Robert Sancan les a probablement pris lui-même. Nous avons vu le "Cercle des Officiers", que Sancan est le seul éditeur de cartes postales à avoir publié. Nous présentons aussi un cliché du "Bassin de l'Aguedal" plus classique et à comparer avec une photo semblable de Léopold Willemse qui a eu plus de chance car ce jour là il pouvait voir la chaîne de l'Atlas.
Bassin de l'Aguedal. Comme pour le Cercle des Officiers le cliché ne montre aucun personnage. C'est la caractéristique des premières vues publiées par Sancan.
LA PREMIÈRE SÉRIE DE CLICHÉS NUMÉROTÉS
Pour cette première série, Robert Sancan, a choisi d'écrire Marrakech en minuscules, elle se distingue de la série suivante pour laquelle MARRAKECH sera imprimé en lettres capitales. Les quatre clichés dont nous disposons sur le Guéliz sont des documents précieux pour se représenter le Marrakech d'autrefois et plus précisément celui de 1918.
4 - Vue générale des subsistances. Le fort et le camp.
Un autre cliché des camps est présenté au cliché n°7.
6 - Le Grand Hôtel
Cet hôtel est en voie d'être terminé en 1918, on remarquera que les trois portes-fenêtres de gauche ne sont pas encore posées. Ce "Grand hôtel" donnait sur la place du 7 septembre, entre l'Avenue Mangin et l'Avenue Clémenceau (Avenue Mohamed V et Bd El Mansour Eddhabi). Robert Sancan est l'un des rares à publier un cliché sur cet établissement qui changea de nom et appartint au Glaoui, pacha de Marrakech. La partie gauche s'appelle aujourd'hui Grand café de la Poste. La Poste qui se trouve en face aujourd'hui n'a été construite qu'au milieu des années 50; la poste à l'époque, construite en 1916 se trouvait plus loin sur l'Avenue Mangin à l'angle de la rue de Yougoslavie (voir plus bas la photo N°10 publiée par Sancan en 1918)
Une photographie de la construction datant de 1915 ( et qui n'est pas de Sancan) montre que le Grand Hotel n'a pas pu être terminé rapidement et que les finitions ont pris du temps.
© Photo Mangin@MRK
7 - Vue des camps
Robert Sancan a choisi d'offrir une vue du Camp du Guéliz, comme d'autres photographes de Marrakech. Ceux qui achètent et envoient des cartes postales sont en majorité des militaires qui veulent montrer leur nouveau cadre de vie à leurs familles et à leurs amis. Robert Sancan se distingue d'autres photographes en cadrant son cliché avec un bouquet de palmiers au premier plan.
8 - Souk des Vanniers
9 - Pavillon de l'Intendance
Robert Sancan offre un cliché unique du Pavillon de l'Intendance militaire, parce qu'il nous le montre de face avec le fort du Guéliz derrière. Pour cette série les personnages sont pris de loin.
10. Marrakech - Guéliz - La Poste
La photo ci-dessus a été prise en 1917-18, la poste venait d'être construite depuis quelques mois. Le blog a déja publié une présentation de cette poste qui était située à l'angle de la rue de Yougoslavie ( 3 nov. 2010). Dés 1912, une poste provisoire existait au Guéliz. La photo ci-dessous, qui n'est pas de Sancan et dont l'auteur est inconnu fut publiée dans le N°86 de la revue Salam Marrakech à laquelle tout ancien marrakchi devrait être abonné.
En noeud papillon et plastron blanc, le receveur des postes Gibassier. Tout en haut Ludovic Clavières guichetier; assis sur les marches le téléphoniste avec le boîtier cubique de son téléphone sur les genoux et deux clients reliés par des fils téléphoniques, l'un à la gabardine parle dans le combiné et l'autre assis avec sa canne tient l'écouteur supplémentaire.
13 - Vue générale de la Palmeraie et du Guélize (sic). Cliché exceptionnel, il montre l'état des constructions et des plantations en 1918 le long de l'avenue de Casablanca, jusqu'au carrefour avec l'avenue Mangin.
14 - La Palmeraie - Effets d'ombres dans un bassin
La légende aurait pu être aussi "effets de lumière", mais Sancan pense aux personnes qui ne connaissant pas Marrakech et recevant cette carte redouteraient l'ardeur du soleil marrakchi. Ci-dessous à gauche.
16 - Intérieur de l'Hôpital Maisonnave - Une porte artistique. Jusque là la plupart des clichés sont pris d'assez haut par rapport au sujet photographié. Avec la série suivante la tendance va s'inverser et nous aurons des clichés pris avec un appareil très proche du sol. Dans cette série le cliché suivant confirme la tendance à surélever l'objectif.
19 - Cour de l'Hôpital Maisonnave
LA TROISIÈME SÉRIE DE PHOTOS A ÉTÉ PRISE PAR UN AUTRE PHOTOGRAPHE
Les clichés sont signés A.D. et la collection reste éditée par Robert Sancan. Est ce que Dusserre aurait travaillé pour Sancan ? L'hypothèse très convaincante du collectionneur Halfaoui est qu'il s'agit du photographe A. Dubois. Nous sentons une différence dans la prise de vue. Le photographe A.D. dispose d'un matériel qui permet d'obtenir plus de netteté dans les détails. Les photos révèlent la beauté des feuilles argentées des oliviers, l'harmonie des palmes des dattiers et la finesse des sculptures de la fontaine Mouassine.
1 - Passage pittoresque au Mouacin près des Souks.
L'appareil de prise de vue est à moins d'un mètre du sol. A.D. veut donner de l'importance aux personnages.
2 - Une des cours du Palais de la Bahia: 5 - Intérieur de cafetier indigène
Ces deux clichés font partie de la collection Halfaoui depuis septembre 2011. Ils ont été rajoutés pour illustrer l'approche photographique de A. Dubois
4 - Maison marocaine, vue prise du riad.
Au premier plan un couple de marocains et dans le cadre de la porte un européen avec casque colonial et une fillette à boucles blondes. cliquer sur la carte postale pour l'agrandir.
6 . Jardin public (Arsa Bou Achnine)
7 - Groupe de Palmiers près de l'hôpital Dar Beida.
Dar Beida était le siège du Protectorat quand le Général Lyautey était à Marrakech.
8 - Souk des laines ci-dessous
9 - Marchands de poignards dans les souks. A nouveau la position de l'objectif à moins d'un mètre du sol se confirme, tant pour montrer le sol de terre battue que pour donner plus d'importance aux personnages assis.
10 - Fontaine du Mouacin
Robert Sancan serait décédé en 1956 à Meknès, mais ses cendres auraient été transférées dans le Vaucluse où sa femme s'est ensuite retirée. Nous devons les clichés qui ont constitué l'origine de cet article au collectionneur Bazooka Joe qui nous a fait l'amitié de les partager avec les lecteurs du blog... Au vu de cette présentation le collectionneur Halfaoui a proposé de l'enrichir d'autres pièces de sa collection, ce que nous avons bien entendu accepté et nous le remercions pour sa contribution. Le photographe A.D. est bien A. DUBOIS puisqu'il a édité une petite collection qui commence au numéro 11, comme pour prendre la suite des Éditions Sancan interrompues au numéro 10...
LE PHOTOGRAPHE A. DUBOIS
Après avoir travaillé pour Robert Sancan et ajouté sa touche personnelle à la dernière collection, le photographe A. DUBOIS est confronté au départ de son éditeur et de sa petite famille. Il prend la décision de faire imprimer sous son nom seul la suite de la série commencée avec Robert SANCAN. Sa série ne semble pas avoir eu une grande diffusion. Il semble cependant avoir reçu le soutien de la Résidence générale. On sait que LYAUTEY encourageait les artistes et en faisait venir d'Europe. Certains peintres célèbres répondirent favorablement à cette invitation comme Delacroix ou Yves Brayer,.. LYAUTEY organisait des concours et descernait des prix car il voulait que le Maroc et les marocains soient connus et appréciés. Le style de DUBOIS que nous allons voir se préciser devait plaire au Général.
11 - Laboureurs arabes dans l'oliveraie de l'Aguedal
Cette photographie est une oeuvre d'art, le photographe met son objectif à la même hauteur que la tête du boeuf du premier plan. Le photographe rend compte de la vie des marocains, ils travaillent dur avec des moyens rudimentaires et ils ont de beaux oliviers.
12 - Intérieur de la chapelle de Marrakech-Médina
Il s'agit de l'ancienne chapelle de derb Nakous, telle qu'elle fut agencée au début, plus tard quand les prêtres ne tourneront plus le dos aux fidèles, elle sera transformée. Lyautey l'a certainement fréquentée, mais peu. A cette époque sa piété était peu démonstrative. C'est plus tard, revenu en France et à l'âge de la retraite qu'il fut un pratiquant fidèle. Cette carte témoignait de ce qu'une chapelle était ouverte en médina et la carte suivante qu'une chapelle provisoire existait aussi au Guéliz.
13 - Sortie de Messe à la Chapelle provisoire du Guéliz. Cette chapelle était située à mi chemin entre le quartier du Guéliz et le camp militaire.
A sa place aujourd'hui se trouve l'intersection des rues du Draa et du Djebel Sarho.
LYAUTEY voulait rassurer ceux qui hésitaient à apporter leurs compétences au Maroc et montrer que rien n'y manquait.
14 - Dans la cour de l'hôpital Maisonnave
Ce palais aux décors magnifiques, témoin d'un artisanat d'art aux techniques éprouvées, fut transformé en hôpital militaire. Le tourne disque dernier cri pour l'époque et son cornet acoustique montrent que les malades avaient droit à de la musique. Ici aussi l'objectif de l'appareil du photographe semble correspondre à la hauteur de l'oeil d'un enfant de huit ans.
Ci-dessous à gauche 15 - Souk de la Poterie
Cette carte postale illustre le sens artistique des artisans marocains. Lyautey avait fermé les frontières aux produits japonais très bon marché mais de qualité médiocre qui auraient mis en danger beaucoup d'artisans et porté atteinte aux traditions du pays.
Ci-dessus à droite 18 - Vue prise du palais de la Baïa. Cette photographie est également très symbolique de la civilisation marocaine représentée ici par un berbère regardant une ville agréable depuis le balcon ouvragé d'un beau palais. Cliquer sur les cartes postales pour les agrandir.
16 - Vendeuses indigènes dans le pourtour des souks
17 - Quartier des tanneries
Cette carte porte le cachet en haut à gauche "Résidence générale de France au Maroc - Le Résident Général" C'est donc Lyautey lui-même ou un proche collaborateur qui l'a écrite et expédiée. Elle est aussi une illustration de la présence d'une industrie du cuir à Marrakech et de tanneurs capables d'effectuer un travail pénible.
19 - Les forts du Guéliz
Étonnant cliché pour les marrakchis d'aujourd'hui qui savent que cet espace est couvert d'immeubles, de villas et de végétation.
En écho à la vue numéro 13 représentant l'extérieur de la chapelle provisoire, le même photographe a réalisé une vue intérieure qui fait partie de la collection Halfaoui.
20 - Intérieur de la Chapelle provisoire du Guéliz.
Merci donc au photographe DUBOIS et à Robert SANCAN qui a choisi de l'éditer au début. Merci à eux pour ces témoignages d'un passé fondateur du Maroc moderne.
Bienvenue aux nouveaux lecteurs du blog et merci à celles et ceux q
Michel de Mondenard
© Cette présentation des éditions photographiques de Robert Sancan et des clichés de A.D. (A.Dubois) sur Marrakech est originale, elle ne peut être reproduite sans l'autorisation de l'auteur et la mention de Mangin@Marrakech à la date du 17 mai.
BASE 707 : RETROUVAILLES
Jean-Pierre LEFEVRE de la promo 60 F, qui a partagé avec les lecteurs du blog des photos et documents a retrouvé grâce à la parution de ses souvenirs un camarade de promo, Alain VALVO. Il nous envoie des cartes postales achetées par lui en 1960 ou trouvées depuis dans une brocante, nous en reproduisons une de 1950-51.
CLAUDINE XIMA A ENVOYÉ UNE NOUVELLE PARTIE DU RÉCIT DE SON RÉCENT VOYAGE À MARRAKECH AVEC DES PHOTOS DE SON LYCÉE. ELLE SERA PUBLIÉE PROCHAINEMENT SUR LE BLOG. GRÂCE AU BLOG ET À SON SUPERBE ARTICLE SUR LA VISITE DE LA BASE ELLE A RETROUVÉ UN COUSIN PERDU DE VUE.
LYCÉE MANGIN
MICHELLE CHATELIN, élève au Lycée Mangin de la 6e à la 4e de 1956 à 1959 recherche des éléves de 6 éme 5 année 56-57, de 5 éme 5 année 57-58 et de 4 éme 4 année 58-59. Qui aurait les photos de classe de cette époque à communiquer afin de faciliter la recherche des camarades? Michelle était la fille du chef de gare de Marrakech à cette époque.
ÉCOLE DU GUÉLIZ: Françoise FIESCHI, fille de l'institutrice Angèle FIESCHI dont beaucoup ont d'excellents souvenirs et soeur de Jean-Paul Fieschi lance un appel auprès de ceux qui auraient des photos de classe de Jean-Paul à l'école du Guéliz (entre 1954 - 1961).
SUZY ZRIHEN RETROUVE THERESE ZRIHEN GRÂCE AU BLOG
Merci à Christiane ROUSSEL et à Blandine d'avoir rajouté des noms en reconnaissant des visages sur des photos de classe du LVH.
Merci aussi à ceux qui partagent leurs souvenirs pour le plus grand plaisir de tous.