FÊTE DU PREMIER SPAHIS À MARRAKECH EN OCTOBRE 1912 : UNE PHOTO DE L'ORIGINE DES SPAHIS MAROCAINS
IRÈNE TROUPOSKIADES, NOUS A SOUDAINEMENT QUITTÉ
Triste nouvelle reçue par l'intermédiaire de Daniel LERAIS: " Nous avons à nouveau perdu une amie d'enfance chère à de nombreux marrakchis de ma génération.
UNE RENCONTRE DE MARRAKCHIS ORGANISÉE EN AVRIL 2016
UNE ESCAPADE SAVOUREUSE À NOGARO DANS LE GERS (entre Toulouse et Bordeaux)
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Les spahis vainqueurs à Marrakech en septembre 1912, incitent le Maréchal Lyautey à développer cette cavalerie en créant de nouvelles unités avec des cavaliers marocains. Certains escadrons combattirent en Champagne, il y a cent ans. Nous leur rendons hommage en ce mois de novembre 2015 en partageant des images, celles de la première fête des spahis à Marrakech en octobre 1912.
LA PREMIÉRE FÊTE ORGANISÉE À MARRAKECH EN L'HONNEUR DES FUTURS SPAHIS MAROCAINS EN OCTOBRE 1912
LE COMMANDANT E. MARTINIE AU CENTRE DE LA FÊTE
La victoire de Sidi bou Othmane, immédiatement suivie de l'arrivée de la cavalerie légère sur Marrakech les 6 et 7 septembre 1912 avait mis en valeur les régiments de spahis algeriens et tunisiens. N'y avait-il pas meilleure occasion pour leur organiser une fête, puis de les mettre en valeur auprès du ministre de la Guerre et de ses représentants ?
Déjà le colonel Mangin avait choisi un spahi pour tenir son drapeau personnel et un Chasseur alpin pour tenir les drapeaux pris à l'ennemi.
Le colonel Mangin et ses officiers en pays Mesfioua. De gauche à droite, le commandant Daugan, le grand capitaine Bidon, le Colonel Mangin,... et avec le calot le capitaine Cornet.
Photo Pierre Grébert
Déjà les spahis du 4e Spahis s'étaient distingués en enlevant ses drapeaux à Merebbi Rebbo le khalifat d'El Hiba lors de la bataille de Sidi Bou Othmane ainsi que son parasol de commandement. L'un de leurs officiers était le lieutenant Fortoul, beau-fils du Maréchal Lyautey. Après la Grande guerre il continua comme Chef d'Escadrons au 2e RSM à Marrakech. C'est aussi à Marrakech qu'il prit sa retraite où il resta jusqu'à sa mort le 16 décembre 1969.
Le Maréchal Lyautey se déplaçait pour la première fois à Marrakech après la fuite du prétendant El Hiba. Il y vint pour féliciter les troupes victorieuses et pour préparer l'avenir. Il n'y resta pas longtemps, seulement du 1er au 12 octobre 1912; mais c'est là qu'il rencontra ceux qui allaient lui permettre de concevoir sa nouvelle politique et de définir les nouveaux moyens nécessaires au protectorat dans sa nouvelle étendue.
Le 2 octobre, après une revue des troupes, Lyautey avait remis la décoration de Commandeur de la légion d'honneur au colonel Mangin. Tout se traita ensuite très vite. Précédé, dès le 7, par le délégué à la Résidence et le général Franchet d'Esperey, il avait, le 12, quitté Marrakech, avec une simple escorte, après avoir décoré de la Légion d'honneur les grands chefs Si Madani et El Hadj Thami Glaoui et reçu la soumission du Goundafi et des dernières tribus Guich.
Ces grands caïds, ainsi que le M'tougui devaient constituer des mehallas chérifiennes pour repousser El Hiba et ses partisans au sud de Tiznit. Lyautey retrouvait les principaux artisans de la défaite d'El Hiba qu'il avait rencontré à Souk el Arba à la veille du départ de la Colonne Mangin avec les colonels Savy, Simon et Ruef, le commandant La Bruyère et le capitaine de Kervonael. Il avait reçu le 6 octobre à la Bahia les européens de Marrakech qui tous pays confondus ne dépassaient pas la centaine.
Mais il était venu aussi de Rabat avec son équipe: le Délégué à la Résidence, M. de Saint-Aulaire, le général Franchet d'Espérey, commandant les TMO, ainsi que des officiers d'Etat-Major: Delmas, Wildermuth et de Viry accompagnés pour certains de leur épouse et parfois de leurs enfants. La doctoresse Françoise Légey faisait partie du voyage.
Il avait convoqué aussi le Général Brûlard, chargé d'aider à la formation des mehallahs chérifiennes et son adjoint le Colonel de Lamothe
Un officier de Cavalerie, le commandant Martinie, chef d'escadrons au régiment de chasseurs indigènes représentait à la fête des Spahis les différents escadrons de cavalerie présents à Marrakech: il avait avec lui le capitaine Picard du 1er Spahis, le lieutenant Fortoul du 2e Spahis, le capitaine Vallée du 1er Chasseurs d'Afrique.
LA PHOTO DES SPECTATEURS DE LA FÊTE (collection privée, DR, merci à la famille qui a conservé un exemplaire de cette photo)
Photo Spahis, DR- Au milieu de la photo, assis devant la tribune officielle et sur la gauche, le commandant Martinie du 1er Chasseurs d'Afrique. Sous la toile le Général Brûlard et les familles des officiers.(octobre 1912).
Les spectateurs à l'honneur
Assis de gauche à droite: le commandant Martinie, avec sa canne à la main droite, qui commandera la cavalerie de la colonne Mangin sur Mogador, le général Brûlard qui organisera et dirigera la prise de Dar el Kadi et la délivrance d'éléments du 3e Zouaves assiégés. Ces dames d'officiers: Mme X, Madame Georges Wildermuth, Mme la colonelle Charles Mangin, la main gantée de blanc et le bras droit étendu sur le dossier de la chaise voisine, devant elle sa fille Madelon Mangin tournant la tête vers le général; capeline foncée Madame Jouan de Kervenoaël avec devant elle ses quatre enfants aux chapeaux uniformes; Madame la colonelle Delmas; après la chaise vide Anne de Viry; avec la grande capeline blanche Georgette Wild; la main en pare soleil, Mme X.
Dans cette rencontre à Marrakech en l'honneur des spahis se retrouvaient quatre Saint-Cyriens issus de la même promotion "Châlons" n°71: Charles Mangin, Maurice de Lamothe, René Savy et Jean E. Marie de Viry.
Les officiers debouts : au centre, le Colonel Maurice de Lamothe, un proche de Brûlard et de Lyautey, qui deviendra très vite le chef du renseignement et plus plus tard le commandant de la région de Marrakech.
Le colonel de Lamothe , les bras croisés et un peu en avant. Derrière l'un des quatre casques coloniaux en liège et toile, un spahi avec son turban caractéristique. Les experts en tenues militaires pourront nous indiquer les régiments d'appartenance et les grades de ces officiers. Leurs descendants pourront aussi nous aider à retrouver leurs noms. Il semble que derrière le commandant Martinie et le général Brûlard se tient un médecin militaire, probablement le médecin major Chatain.
Une autre partie de l'assistance participe à la fête:
Il semble qu'un officier supérieur en uniforme blanc et képi galonné se soit pris les pieds dans les tendeurs de la tente des spectateurs, son image est floue.
Après cette fête réalisée à une date non précisée, mais nécessairement entre le 2 et le 12 ocrobre, le Maréchal Lyautey s'embarque pour rejoindre la France et Paris où il rencontre le ministre de la Guerre, celui des Affaires étrangères et le Président de la République. En son absence, il confie au Colonel Mangin l'accueil du Sultan Moulay Youssef à Marrakech (13-19 décembre) et son escorte. Il s'agissait de disposer des troupes en différents points de la route du Sultan pour saluer sa venue. Le général Brûlard pendant cette visite du Sultan à Marrakech s'occupera du Sud et de la menace des partisans d'El Hiba au sud de Mogador.
Lyautey obtiendra des moyens non seulement pour le renforcement des troupes, mais également pour construire des voies de communication et mettre en place des services médicaux pour les marocains.
La fête du 1er SPAHIS d'octobre 1912 à Marrakech avait porté ses fruits pour les Spahis quelques mois plus tard. Le temps qu'une loi et qu'un décret soient mis en oeuvre:
Au Journal officiel "Le Président de la République française (Raymond Poincarré). Vu la loi du 31 mars 1913, relative à la constitution des cadres et des effectifs de la cavalerie; Sur le rapport des ministres de la guerre et des finances,
Décrète le 15 mai 1914 :
Art 1er - Il sera procédé aux dates fixées par le ministre de la guerre:
1° À la création de 8 escadrons de spahis savoir: 1 au 1er régiment; 5 au 2e régiment; 1 au 3e régiment; 1 au 4e régiment.
2° À la création d'un état-major de régiment de spahis prenant n°5
3° À la constitution des 2e et 5e régiments de spahis sur le pied de cinq escadrons par régiment.
Le ministre de la guerre par intérim," René Viviani
La fête du 1er Spahi marocain en octobre 1912 sera suivie aussi de moments tragiques, comme la mort du Commandant Picard le 8 juin 1913, dans un passage difficile pour sa cavalerie, puisque le terrain trop accidenté l'avait obligé à mettre pied à terre près du village de Tsiba sous le feu des partisans de Moha ou Saïd.
Lors de la guerre en Champagne quelques mois après le décret, les spahis marocains étaient là, présents à l'appel.
Septembre 1915: Les spahis en Champagne . C'était il y a juste cent ans.
Quant au Commandant Ernest MARTINIE qui lors de la guerre de 1914 était chef d'Escadrons au 9e Régiment de Chasseurs à cheval, il sera déclaré mort pour la France le 16 juin 1916.
C'est bien à Marrakech, à l'occasion de cette fête d'octobre 1912, que l'idée de créer des Spahis formés exclusivement de cavaliers marocains et français fut lancée.
Un Martinie peut en cacher un autre. Christian M. nous envoie un couvre-chef de sa collection: "Il est rigolo qu’un Martinie en ait précédé un autre au Camp Mangin de Marrakech ! Sûr que ça a fait tilt. Surtout avec la même orthographe. cela dit, les Martinie sont plutôt originaires de la Corrèze ce qui semble aussi être le cas du “ Commandant Ernest “. Christian poursuit: "le Spahi ne fait pas trop viril, mais la chéchia est une authentique du 2ème RSM qui m’a été confiée par une amie qui la tenait de son père. ( je possède également gandoura et l’équipement de cuir rouge - baudrier-et ceinturon-cartouchières Malheureusement pas de burnous."
Le 22e SPAHIS FUT CRÉÉ À MARRAKECH AVANT 1925. Le Colonel Gabriel CORRARD DES ESSARTS en pris le commandement. Il venait du 2e Chasseurs et fut promu Colonel en mars 1926. Un blog familial reprend les souvenirs de sa fille Annette alors qu'elle était enfant à Marrakech(1926-1928). Voir blog: ==> Corrard des Essarts Son récit évoque des familles de Marrakech à cette époque: les Devouges, Deverre, Chalain, Faurebeaulieu, Cousinéry, Hussenot, etc. ...
Spahis sonnant de la trompette et défilant un 14 juillet sur leurs coursiers immaculés.
Ne manquez pas l'occasion de retrouver des amis de Marrakech en avril prochain à Nogaro en plein Sud-Ouest. Remplissez le bulletin de sondage, renseignez-vous auprès de Georges Stachewsky tél. 06 74 60 80 07